dans l'abaissement, tantôt premier Ministre du Roi tributaire de
l'Empereur, tantôt exilé, fugitif et pauvre. Il eut de son vivant 5000 disciples, et après sa
mort ses disciples furent les Empereurs, les Colao, c'est-à-dire les Mandarins, les Lettrés,
et tout ce qui n'est pas peuple.
Sa famille subsiste encore, et dans un Pays où il n'y a d'autre Noblesse que celle des
services actuels, elle est distinguée des autres familles en mémoire de son Fondateur:
pour lui, il a tous les honneurs, non pas les honneurs divins qu'on ne doit à aucun homme,
mais ceux que mérite un homme, qui a donné de la Divinité les idées les plus saines que
puisse former l'esprit humain sans Révélation.
Quelque temps avant lui, Lao-Kum avait introduit une Secte, qui croit aux Esprits malins,
aux Enchantements, aux Prestiges. Une Secte semblable à celle d'Épicure fut reçue et
combattue à la Chine 500 ans avant JÉSUS-CHRIST: mais dans le premier Siècle de
notre Ère, ce Pays fut inondé de la superstition des Bonzes. Ils apportèrent des Indes
l'idole de Fo ou de Foé, adoré sous différents noms par les Japonais et les Tartares,
prétendu Dieu descendu sur la Terre, à qui on rend le culte le plus ridicule, et par
conséquent le plus fait pour le Vulgaire. Cette Religion née dans les Indes près de mille
ans avant JÉSUS-CHRIST, a infecté l'Asie orientale; c'est ce Dieu que prêchent les
Bonzes à la Chine, les Talapoins à Siam, les Lamas en Tartarie. C'est en son nom qu'ils
promettent une vie éternelle, et que des milliers de Bonzes consacrent leurs jours à des
exercices de pénitence, qui effrayent la nature. Quelques-uns passent leur vie nus et
enchaînés; d'autres portent un carcan de fer, qui plie leurs corps en deux et tient leur front
toujours baissé à terre. Leur fanatisme se subdivise à l'infini. Ils passent pour chasser des
Démons, pour opérer des miracles; ils vendent aux peuples la rémission des péchés. Cette
Secte séduit quelquefois des Mandarins, et par une fatalité qui montre que la même
superstition est de tous les Pays, quelques Mandarins se sont fait tondre en Bonzes par
piété.
Ce sont eux qui dans la Tartarie ont à leur tête le Dailama, Idole vivante qu'on adore, et
c'est là peut-être le triomphe de la Superstition humaine.
Ce Dailama, successeur et vicaire du Dieu Fo, passe pour immortel. Les Prêtres
nourrissent toujours un jeune Lama désigné successeur secret du Souverain Pontife, qui
prend sa place dès que celui-ci, qu'on croit immortel, est mort. Les Princes Tartares ne lui
parlent qu'à genoux. Il décide souverainement tous les points de Foi sur lesquels les
Lamas sont divisés. Enfin il s'est depuis quelque temps fait Souverain du Tibet à
l'occident de la Chine. L'Empereur reçoit ses Ambassadeurs, et lui en envoie avec des
présents considérables.
Ces Sectes sont tolérées à la Chine pour l'usage du Vulgaire, comme des aliments
grossiers faits pour le nourrir; tandis que les Magistrats et les Lettrés séparés en tout du
peuple, se nourrissent d'une substance plus pure. Confucius gémissait pourtant de cette
foule d'erreurs: Pourquoi, dit-il dans un de ses Livres, y a-t-il plus de crimes chez la
populace ignorante que parmi les Lettrés? C'est que le peuple est gouverné par les
Bonzes.
Beaucoup de Lettrés sont à-la-vérité tombés dans le Matérialisme, mais leur Morale n'en
a point été altérée. Ils pensent que la vertu est si nécessaire aux hommes, et si aimable par
elle-même, qu'on n'a pas même besoin de la connaissance d'un Dieu pour la suivre.
On prétend que vers le VIIIe Siècle, du temps de Charlemagne, la Religion Chrétienne
était connue à la Chine. On assure que nos Missionnaires ont trouvé dans la Province de
Kinski une inscription en caractères Syriaques et Chinois. Ce monument qu'on voit tout
au long dans Kirker, atteste qu'un Évêque nommé Olopuen, partit de Judée l'an de Notre
Seigneur 636 pour annoncer l'Évangile; qu'aussitôt qu'il fut arrivé au faubourg de la Ville
Impériale, l'Empereur envoya un Colao au devant de lui, et lui fit bâtir une Église
Chrétienne, etc. La date de l'inscription est de l'année 782.
Ce monument est peut-être une de ces fraudes pieuses, qu'on s'est toujours trop aisément
permises. Ce nom d'Olopuen, qui est Espagnol, rend déjà le monument bien suspect. Cet
empressement d'un Empereur de la Chine à envoyer à cet Olopuen un Grand de sa Cour,
est plus suspect encore dans un Pays où il était défendu sous peine de mort aux Étrangers
de passer les frontières. La date de l'inscription ne porte-t-elle pas encore le caractère du
mensonge? Les Prêtres et les Évêques de Jérusalem ne comptaient point leurs années au
VIIe Siècle, comme on les compte dans ce monument. L'Ère Vulgaire de Denys le Petit
n'est point reçue chez les Nations Orientales, et on ne commença même à
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