observèrent le Ciel assidûment, remarquèrent tous les phénomènes, et les transmirent à la
postérité. Ils divisèrent, comme nous, le cours du Soleil en 365 parties. Ils connurent,
mais confusément, la précision des Équinoxes et des Solstices. Ce qui mérite peut-être le
plus d'attention, c'est que de temps immémorial ils partagent le mois en semaines de sept
jours.
On montre encore les instruments dont se servit un de leurs fameux Astronomes mille ans
avant notre Ère, dans une Ville qui n'est que du troisième ordre.
Nankin, l'ancienne Capitale, conserve un Globe de bronze, que trois hommes ne peuvent
embrasser, porté sur un cube de cuivre qui s'ouvre, et dans lequel on fait entrer un homme
pour tourner ce Globe, sur lequel sont tracés les méridiens et les parallèles.
Pékin a un Observatoire rempli d'Astrolabes et de Sphères armillaires; instruments
à-la-vérité inférieurs aux nôtres pour l'exactitude, mais témoignages célèbres de la
supériorité des Chinois sur les autres Peuples d'Asie.
La Boussole qu'ils connaissaient, ne servait pas à son véritable usage de guider la route
des Vaisseaux. Ils ne naviguaient que près des côtes; possesseurs d'une terre qui fournit
tout, ils n'avaient pas besoin d'aller, comme nous, au bout du Monde. La Boussole, ainsi
que la Poudre à tirer, était pour eux une simple curiosité, et ils n'en étaient pas plus à
plaindre.
Il est étrange que leur Astronomie et leurs autres Sciences soient en même temps si
anciennes chez eux et si bornées: ce qui est moins étonnant, c'est la crédulité avec
laquelle ces Peuples ont toujours joint leurs erreurs de l'Astrologie judiciaire aux vraies
Connaissances célestes.
Cette superstition a été celle de tous les hommes, et il n'y a pas longtemps que nous en
sommes guéris, tant l'erreur semble faite pour le Genre humain.
Si on cherche pourquoi tant d'Arts et de Sciences cultivées sans interruption depuis si
longtemps à la Chine, ont cependant fait si peu de progrès, il y en a peut-être deux raisons;
l'une est le respect prodigieux que ces Peuples ont pour ce qui leur a été transmis par
leurs Pères, et qui rend parfait à leurs yeux tout ce qui est ancien, l'autre est la nature de
leur Langue, premier principe de toutes les connaissances.
L'Art de faire connaître ses idées par l'écriture, qui devrait n'être qu'une méthode
très-simple, est chez eux ce qu'ils ont de plus difficile. Chaque mot a des caractères
différents: un Savant à la Chine est celui qui connaît le plus de ces caractères,
quelques-uns sont arrivés à la vieillesse avant de savoir bien écrire.
Ce qu'ils ont le plus connu, le plus cultivé, le plus perfectionné, c'est la Morale et les Lois.
Le respect des enfants pour les Pères est le fondement du Gouvernement Chinois.
L'autorité paternelle n'y est jamais affaiblie. Un fils ne peut plaider contre son Père
qu'avec le consentement de tous les parents, des amis, et des Magistrats. Les Mandarins
lettrés y sont regardés comme les Pères des Villes et des Provinces, et le Roi comme le
Père de l'Empire. Cette idée enracinée dans les coeurs, forme une famille de cet État
immense.
Tous les vices y existent comme ailleurs, mais plus réprimés par le frein des Lois.
Les cérémonies continuelles qui y gênent la société, et dont l'amitié seule se défait dans
l'intérieur des maisons, ont établi dans toutes les Nations une retenue et une honnêteté qui
donne à la fois aux moeurs de la gravité et de la douceur. Ces qualités s'étendent jusqu'au
dernier du peuple. Des Missionnaires racontent que souvent dans des Marchés publics, au
milieu de ces embarras et de ces confusions qui excitent dans nos Contrées des clameurs
si barbares et des emportements si fréquents et si odieux, ils ont vu les Paysans se mettre
à genoux les uns devant les autres selon la coutume du Pays, se demander pardon de
l'embarras dont chacun s'accusait, s'aider l'un l'autre, et débarrasser tout avec tranquillité.
Dans les autres Pays les Lois punissent les Crimes; à la Chine elles font plus, elles
récompensent la Vertu. Le bruit d'une action généreuse et rare se répand-il dans une
Province, le Mandarin est obligé d'en avertir l'Empereur, et l'Empereur envoie une
marque d'honneur à celui qui l'a si bien mérité. Cette Morale, cette obéissance aux Lois,
jointe à l'adoration d'un Être suprême, forment la Religion de la Chine, celle des
Empereurs et des Lettrés. L'Empereur est de temps immémorial le premier Pontife, c'est
lui qui sacrifie au Tien, au Souverain du Ciel et de la Terre. Il doit être le premier
Philosophe, le premier Prédicateur de l'Empire; ses Édits sont presque toujours des
instructions qui animent à la vertu.
Congfutsée que nous appelons Confucius, qui vivait il y a 2300 ans, un peu avant
Pythagore, rétablit cette Religion, laquelle consiste à être juste. Il l'enseigna et la pratiqua
dans la grandeur,
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