Abrégé de lHistoire Générale des Voyages | Page 8

Jean François de la Harpe
l'habitude de parler eu public et d'être écouté avec plaisir par de grandes assemblées, lui faisait trouver doux aussi de parler dans de petites sociétés, où d'autres qui n'avaient point cette assurance, se trouvaient gênés auprès de lui. Saint-Lambert disait que dans huit jours de conversation presque continuelle à la campagne, il n'était échappé à Laharpe ni une erreur de go?t, ni un propos qui annon?at le moindre désir de plaire à personne. Saint-Lambert aurait d? excepter les femmes, pour lesquelles Laharpe trouvait toujours des propos galans et aimables. Le grand nombre d'ouvrages qui nous restent de lui doit étonner ceux qui savent combien la vie d'un homme de lettres fêté dans les cercles de Paris, comme l'était Laharpe, est remplie de dissipations.
DEPPING.
FIN DE LA NOTICE.

PRéCIS DE
L'HISTOIRE DES VOYAGES ET DéCOUVERTES,
DEPUIS L'ANTIQUITé JUSQU'à NOS JOURS.
Quand les peuples sont encore dans un état complétement sauvage, ils s'embarrassent peu du reste de la terre. Pourvu qu'ils trouvent leur nourriture et un abri contre l'intempérie des saisons, ils n'ont point de souci; ou si, dans leurs loisirs, il leur vient quelques pensées, ce n'est pas l'idée de l'immensité du monde. Les Esquimaux, que le capitaine anglais Ross rencontra dans son expédition pour la découverte d'un passage au nord-ouest de l'Amérique, se croyaient les seuls habitans de la terre, et ils n'imaginaient pas que le pays au midi de leurs plaines de neige f?t habitable, précisément comme, dans le midi, on a cru long-temps que le nord ne pouvait être habité. Mais quand la civilisation a fait quelques progrès, quand l'industrie a procuré quelque aisance à un peuple, et quand il commence à communiquer avec d'autres pays, il place, comme les Chinois, sa patrie au milieu du monde, et ne regarde le reste que comme des accessoires de la contrée qu'il habite, et pour laquelle son amour-propre croit que tout a été créé. Bient?t l'imagination élabore, de la manière la plus singulière, le peu de vérités qu'il sait sur les contrées étrangères; et s'il a de la superstition, ce qui ne manque guère à l'ignorance, il amalgame le ciel, la terre et l'enfer. Quelles idées bizarres les premiers Grecs n'avaient-ils pas du monde, et sous quelles formes fantasques l'imagination des Scandinaves ne se figurait-elle pas le séjour des hommes et des immortels? Pour remplir et peupler les terres mal connues, les nations qui ont un commencement de civilisation exagèrent toutes les formes, et entassent ou confondent toutes les matières qu'elles connaissent. Leurs contes ne parlent que de géans et de pygmées, de montagnes d'or et de diamans, de paradis terrestres, d'animaux monstrueux, enfin de tout ce qu'elles n'ont pas chez elles-mêmes. Il serait plus simple de supposer chez d'autres peuples des êtres analogues à ceux qui existent sous leurs yeux; mais ce ne serait pas des merveilles; l'imagination veut être frappée; il lui faut des objets extraordinaires, et les grandes distances servent infiniment à seconder les désirs de l'imagination. Il est malheureux que ces jeux de la fantaisie aient plus d'une fois enfanté des querelles et des guerres; l'avidité est excitée par le récit de toutes les prétendues richesses que possèdent d'autres contrées; on cherche à se les procurer par la voie du trafic ou du commerce; mais quelquefois on juge plus commode ou plus court de les enlever, ou de s'emparer des pays qui les possèdent. On ne trouve pas toujours ce que l'on cherchait, mais on prend ce que l'on trouve, et quelquefois on découvre des objets plus utiles que ceux dont la crédulité avait fait un tableau si séduisant. La force, l'injustice et la ruse, triomphent malheureusement dans ces conflits; mais par contre-coup, la raison s'éclaire, les idées se rectifient et s'agrandissent, et la géographie s'enrichit. Il vient un temps enfin, où les peuples ont assez de lumières pour rivaliser de zèle à compléter nos connaissances, par des voies plus dignes de l'humanité. Les savans n'épargnent alors ni fatigues, ni sacrifices, pour pénétrer dans les régions inconnues, et y observer la nature et les ouvrages de l'homme; et comme la vraie science n'a pas de préjugés, leurs observations contribuent à donner peu à peu une idée exacte du monde, et une idée moins incomplète du système admirable qui régit l'univers.
Voilà, en peu de mots, l'histoire de la géographie. Quelques détails vont développer cet aper?u des découvertes faites dans les diverses parties du globe. C'est en égypte, et dans la partie occidentale de l'Asie, que l'histoire nous présente les premiers grands états, et les premiers peuples florissans. Ces peuples cultivaient les sciences et les arts; par conséquent ils avaient quelque connaissance des autres pays. Ils faisaient des guerres, et conquéraient leurs voisins; leurs notions furent donc et plus étendues et moins inexactes. Quelques sages voyagèrent pour s'instruire, et rapportèrent de leurs excursions des connaissances nouvelles. Malheureusement ces sages appartenaient pour la plupart
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