du docteur qui se contenta de murmurer:
-- C��est tr��s faisable.
Le soir m��me, on d?na �� White Oak Park, une propri��t�� que le docteur poss��dait aux environs de Pigtown.
Pendant le repas, une ��trange torpeur, invincible, s��empara des deux amants.
Aid�� de Joe, un n��gre athl��tique, qu��il avait �� son service depuis la guerre de S��cession, Snowdrop d��shabilla les coupables, les coucha sur le m��me lit et compl��ta leur anesth��sie grace �� un certain carbure d��hydrog��ne de son invention.
Il pr��para ses instruments de chirurgie aussi tranquillement que s��il se f?t agi de couper un cor �� un Chinois.
Puis avec une dext��rit�� vraiment remarquable, il enleva, en les d��sarticulant, le bras droit et la jambe droite de sa femme.
�� George, par la m��me op��ration, il enleva le bras gauche et la jambe gauche.
Sur toute la longueur du flanc droit de Bertha, sur toute la longueur du flanc gauche de George, il pr��leva une bande de peau large d��environ trois pouces.
Alors, rapprochant les deux corps de fa?on que les deux plaies vives co?ncidassent, il les maintint coll��s l��un �� l��autre, tr��s fort, au moyen d��une longue bande de toile qui faisait cent fois le tour des jeunes gens.
Pendant toute l��op��ration, Bertha ni George n��avaient fait un mouvement.
Apr��s s����tre assur�� qu��ils ��taient dans de bonnes conditions, le docteur leur introduisit dans l��estomac, grace �� la sonde oesophagienne, du bon bouillon et du bordeaux vieux.
Sous l��action du narcotique habilement administr��, ils rest��rent ainsi quinze jours sans reprendre connaissance.
Le seizi��me jour, le docteur constata que tout allait bien.
Les plaies des ��paules et des cuisses ��taient cicatris��es.
Quant aux deux flancs, ils n��en formaient plus qu��un.
Alors Snowdrop eut un ��clair de triomphe dans les yeux et suspendit les narcotiques.
R��veill��s en m��me temps, Georges et Bertha se crurent le jouet de quelque hideux cauchemar.
Mais ce fut bien autrement terrible quand ils virent que ce n����tait pas un r��ve.
Le docteur ne pouvait s��emp��cher de sourire �� ce spectacle.
Quant �� Joe, il se tenait les c?tes.
Bertha surtout poussait des hurlements d��hy��ne folle.
-- De quoi vous plaignez-vous, ma ch��re amie? interrompit doucement Snowdrop. Je n��ai fait qu��accomplir votre voeu le plus cher: ��tre toujours avec toi; ne jamais nous quitter; de nos deux ��tres ne faire qu��un ��tre��
Et, souriant finement, le docteur ajouta:
-- C��est ce que les Fran?ais appellent un collage.
LES PETITS COCHONS
Une cruelle d��sillusion m��attendait �� Andouilly.
Cette petite ville si joyeuse, si coquette, si claire, o�� j��avais pass�� les six meilleurs mois de mon existence, me fit tout de suite, d��s que j��arrivai, l��effet de la triste bourgade dont parle le po��te Capus.
On aurait dit qu��un immense linceul d��affliction enveloppait tous les ��tres et toutes les choses.
Pourtant il faisait beau et rien, ce jour-l��, dans mon humeur, ne me pr��disposait �� voir le monde si morne.
-- Bah! me dis-je, c��est un petit nuage qui flotte au ciel de mon cerveau et qui va passer.
J��entrai au Caf�� du March��, qui ��tait, dans le temps, mon caf�� de pr��dilection. Pas un seul des anciens habitu��s ne s��y trouvait, bien qu��il ne f?t pas loin de midi.
Le gar?on n����tait plus l��ancien gar?on. Quant au patron, c����tait un nouveau patron, et la patronne aussi, comme de juste.
J��interrogeai:
-- Ce n��est donc plus M. Fourquemin qui est ici?
-- Oh! non, monsieur, depuis trois mois. M. Fourquemin est �� l��asile du Bon Sauveur, et Mme Fourquemin a pris un petit magasin de mercerie �� Dozul��, qui est le pays de ses parents.
-- M. Fourquemin est fou?
-- Pas fou furieux, mais tellement maniaque qu��on a ��t�� oblig�� de l��enfermer.
-- Quelle manie a-t-il?
-- Oh! une bien dr?le de manie, monsieur. Imaginez-vous qu��il ne peut pas voir un morceau de pain sans en arracher la mie pour en confectionner des petits cochons.
-- Qu��est-ce que vous me racontez-l��?
-- La pure v��rit��, monsieur, et ce qu��il y a de plus curieux, c��est que cette ��trange maladie a s��vi dans le pays comme une ��pid��mie. Rien qu���� l��asile du Bon Sauveur, il y a une trentaine de gens d��Andouilly qui passent la journ��e �� confectionner des petits cochons avec de la mie de pain, et des petits cochons si petits, monsieur, qu��il faut une loupe pour les apercevoir. Il y a un nom pour d��signer cette maladie-l��. On l��appelle�� on l��appelle�� Comment diable le m��decin de Paris a-t-il dit, monsieur Romain?
M. Romain, qui d��gustait son ap��ritif �� une table voisine de la mienne, r��pondit avec une obligeance m��l��e de pose:
-- La delphacomanie, monsieur; du mot grec delphax, delphacos, qui veut dire petit cochon.
-- Du reste, reprit le limonadier, si vous voulez avoir des d��tails, vous n��avez qu���� vous adresser �� l��H?tel de France et de Normandie. C��est l�� que le mal a commenc��.
Pr��cis��ment l��H?tel de France et de Normandie est mon h?tel, et je me proposais d��y d��jeuner.
Quand j��arrivai �� la table d��h?te, tout le monde ��tait install��, et, parmi les convives, pas une t��te de
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