les yeux lev��s vers les fils t��l��graphiques qui rayaient l��azur, juste au-dessus de la basse-cour; mais ses pauvres ailes atrophi��es refus��rent de le monter si haut.
Un jour, la cuisini��re, impatient��e de cette ��tisie incoercible, empoigna Ferdinand, lui lia les pattes en murmurant: ? Bah! �� la casserole, avec une bonne plat��e de petits pois! �� ?
La place me manque pour peindre ma consternation.
Ferdinand n��avait plus qu��une seule aurore �� voir luire.
Dans la nuit je me levai pour porter �� mon ami le supr��me adieu, et voici le spectacle qui s��offrit �� mes yeux:
Ferdinand, les pattes encore li��es, s����tait tra?n�� jusqu��au seuil de la cuisine. D��un mouvement ��nergique de friction alternative, il aiguisait son bec sur la marche de granit. Puis, d��un coup sec, il coupa la ficelle qui l��entravait et se retrouva debout sur ses pattes un peu engourdies.
Tout �� fait rassur��, je regagnai doucement ma chambre et m��endormis profond��ment.
Au matin, vous ne pouvez pas vous faire une id��e des cris remplissant la maison. La cuisini��re, dans un langage malveillant, trivial et tumultueux, annon?ait �� tous, la fuite de Ferdinand.
-- Madame! Madame! Ferdinand qui a fichu le camp!
Cinq minutes apr��s, une nouvelle d��couverte la jeta hors d��elle- m��me:
-- Madame! Madame! Imaginez-vous qu��avant de partir, ce cochon-l�� a boulott�� tous les petits pois qu��on devait lui mettre avec!
Je reconnaissais bien, �� ce trait, mon vieux Ferdinand.
Qu��a-t-il pu devenir, par la suite?
Peut-��tre a-t-il appliqu�� au mal les merveilleuses facult��s dont la nature, alma parens, s����tait plu �� le gratifier.
Qu��importe? Le souvenir de Ferdinand me restera toujours comme celui d��un rude lapin.
Et �� vous aussi, j��esp��re!
MOEURS DE CE TEMPS-CI
�� la fois tr��s travailleur et tr��s boh��me, il partage son temps entre l��atelier et la brasserie, entre son vaste atelier du boulevard Clichy et les gais cabarets de Montmartre.
Aussi sa mondanit�� est-elle rest��e des plus embryonnaires.
Derni��rement, il a eu un portrait �� faire, le portrait d��une dame, d��une bien grande dame, une haute baronne de la finance doubl��e d��une Parisienne exquise.
Et il s��en est admirablement tir��.
Elle est venue sur la toile comme elle est dans la vie, c��est-��- dire charmante et savoureuse avec ce je ne sais quoi d����perdu.
Au prochain Salon, apr��s avoir consult�� un d��cevant livret, chacun murmurera, un peu troubl��: ? Je voudrais bien savoir quelle est cette baronne. ?
Et elle a ��t�� si contente de son portrait qu��elle a donn�� en l��honneur de son peintre un d?ner, un grand d?ner.
Au commencement du repas, il a bien ��t�� un peu g��n�� dans sa redingote inaccoutum��e, mais il s��est remis peu �� peu.
Au dessert, s��il avait eu sa pipe, sa bonne pipe, il aurait ��t�� tout fait heureux.
On a servi le caf�� dans la serre, une merveille de serre o�� l��industrie le l��Orient semble avoir donn�� rendez-vous �� la nature des Tropiques.
Il est tout �� fait �� son aise maintenant, et il lache les brides �� ses plus joyeux paradoxes que les convives ��coutent gravement, avec un rien d��ahurissement.
Puis tout en causant, pendant que la baronne remplit son verre d��un infiniment vieux cognac, il saisit les soucoupes de ses voisins et les dispose en pile devant lui.
Et comme la baronne contemple ce man��ge, non sans ��tonnement, il lui dit, tr��s gracieux:
-- Laissez, baronne, c��est ma tourn��e.
EN BORDEE
Le jeune et brillant mar��chal des logis d��artillerie Raoul de Montcocasse est radieux. On vient de le charger d��une mission qui, tout en flattant son amour-propre de sous-officier, lui assure pour le lendemain une de ces bonnes journ��es qui comptent dans l��existence d��un canonnier.
Il s��agit d��aller �� Saint-Cloud avec trois hommes prendre possession d��une pi��ce d��artillerie et de la ramener au fort de Vincennes.
Rassurez-vous, lecteurs pitoyables, cette histoire se passe en temps de paix et, durant toute cette page, notre ami Raoul ne courra pas de s��rieux dangers.
D��s l��aube, tout le monde ��tait pr��t, et la petite cavalcade se mettait en route. Un temps superbe!
-- Jolie journ��e! fit Raoul en caressant l��encolure de son cheval.
En disant jolie journ��e, Raoul ne croyait pas si bien dire, car pour une jolie journ��e, ce fut une jolie journ��e.
On arriva �� Saint-Cloud sans encombre, mais avec un app��tit! Un app��tit d��artilleur qui r��ve que ses obus sont en mortadelle!
Tr��s en fonds ce jour-l��, Raoul offrit �� ses hommes un plantureux d��jeuner �� la Caboche verte. Tout en fumant un bon cigare, on prit un bon caf�� et un bon pousse-caf��, suivi lui-m��me de quelques autres bons pousse-caf��, et on ��tait tr��s rouge quand on songea �� se faire livrer la pi��ce en question.
-- Ne nous mettons pas en retard, remarqua Raoul.
Je crois avoir observ�� plus haut qu��il faisait une jolie journ��e; or une jolie journ��e ne va pas sans un peu de chaleur, et la chaleur est bien connue pour donner soif �� la troupe en g��n��ral, et particuli��rement �� l��artillerie, qui est une arme d����lite.
Heureusement, la Providence, qui veille ��
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