votre sein.?D'une telle métamorphose?Quel est, direz-vous, le dessein??Le voici: par vos mains cueillie,?Mon destin seroit des plus doux;?Je n'aurois qu'un seul jour de vie,?Mais je ne vivrois que pour vous.
Un po?te anacréontique du dix-neuvième siècle, non moins grand admirateur de cette belle portion des charmes du sexe qui fait tourner la tête au n?tre, exprime ainsi le même souhait, d'être changé en rose[2]:
AIR: _Je vais quitter ce que j'adore._
Vive, de la métempsycose?Le système consolateur,?Par lui mon esprit se repose?Sur un avenir enchanteur.?Que mon être se décompose,?L'espoir m'offre un riant tableau:?L'Amour, sous les traits d'une rose,?Me promet un être nouveau.
AIR: _Une fille est un oiseau._
Oh! comme je jouirais?De cette métamorphose!?Sur le sein d'une autre Rose?Comme je m'étalerais!?Centuplant pour plaire à Rose,?De mes doux parfums la dose,?Avec plaisir je m'expose,?A mourir sur ses attraits:?Mourir!... oui; mais je suppose?Que je puis d'une autre chose?Prendre encor la forme après. (_bis_.)
[Note 2: Voy. _Le Bouquet de roses, ou le Chansonnier des Graces_, première année, Favre, Palais-égalité.]
Le plaisant et érotique Le Pays, dans la lettre suivante adressée à sa Caliste, souhaite aussi de mourir sur son sein:
?Quand je sortis hier de chez vous, j'en sortis avec une bonne résolution de m'aller tuer, afin d'avoir l'honneur de vous plaire une fois en ma vie, et de vous défaire pour jamais d'une personne incommode; mais jusques ici je n'ai pas exécuté mon dessein, à cause de l'embarras où je me suis trouvé à choisir un genre de mort. J'eus d'abord envie d'imiter feu Céladon, d'amoureuse mémoire, et de m'aller précipiter dans la rivière; mais j'eus peur que l'eau ne me rejetat sur les bords, aussi bien que lui, et que je ne fusse recueilli par quelques nymphes pitoyables qui, malgré moi, me sauvassent la vie. Il me prit aussi fantaisie de m'aller pendre à votre porte, à l'imitation du pendart Iphis; mais je m'imaginai que ce seroit vous déshonorer que de faire un gibet de votre porte; outre que c'est un genre de mort pour lequel j'ai eu de l'aversion dès le temps que j'étois petit enfant. Je pensai aussi à m'empoisonner, mais je crus que du poison ne seroit pas capable de m'?ter la vie, non plus qu'à Mithridate, à cause de la grande habitude que j'en ai faite. N'étant pas mort depuis si longtemps que je me nourris de crainte, de chagrin, d'inquiétude et de désespoir, qui sont les poisons du monde les plus violents, apparemment je ne pourrois pas mourir pour prendre de l'arsenic ou de l'antimoine. Je n'oubliai pas aussi qu'un poignard mis dans le sein étoit un bon expédient pour mourir: mais je crus que je ne devois pas choisir ce genre de mort qu'avoit choisi une femme qui mourut de regret d'avoir fait une chose que je meurs de regret de ne pouvoir faire. Mon désespoir est trop différent de celui de Lucrèce, pour ne pas mourir d'une mort différente. Enfin, Caliste, j'ai passé la nuit à chercher sans pouvoir trouver la mort dont je devois mourir. Au reste, ne croyez pas que ce soit la mort qui m'étonne, ce n'est que la manière de mourir qui m'inquiète: car, pour vous dire le vrai, après avoir vécu avec tant de chagrin, je voudrois bien mourir d'une mort qui me donnat un peu de plaisir. Je viens de penser à une qui seroit très-bien mon affaire: ce seroit, Caliste, de mourir entre vos bras, _pamé sur votre sein_. Je sens bien en mon coeur que je n'ai pas d'horreur pour cette mort comme pour se noyer, s'empoisonner, se pendre ou se poignarder. Obligez-moi donc en me laissant mourir de cette sorte; car, puisqu'enfin vous voulez que je meure, que vous importe que ce soit de douleur ou de plaisir??
Je serais tenté de croire qu'il y a, dans le charme attaché à une belle gorge, un talisman, de la magie et de l'enchantement; ce qui pourtant détruit cette idée, c'est le sonnet suivant, adressé à des belles qui demandaient un secret, un sortilége et des paroles magiques pour se faire aimer:
Pourquoi me demander la ruse criminelle?Par quoi l'art des démons met les coeurs dans les fers? Vous, de qui la magie est blanche et naturelle,?Et fait qu'à vos appas tant de voeux sont offerts.?Par vos charmes vainqueurs l'esprit le plus rebelle?Rend graces à l'amour des maux qu'il a soufferts,?La flamme de vos yeux est trop pure et trop belle?Pour unir sa puissance à celle des enfers?Ce beau sein qui fait na?tre et vos lis et vos roses?Forme un enchantement de tant de belles choses,?Que leur force invincible a droit de tout charmer?Mais pour vous mieux servir de leur pouvoir extrême,?Ajoutez seulement ces trois mots: _je vous aime_;?Qui pourrait s'empêcher alors de vous aimer?
LES DEUX SAINTS.
AIR: _La Fête des bonnes gens._
Qu'en ce jour tout résonne,?Des chants dictés par nos coeurs.?Dérobons à l'automne?Ce qui lui reste
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.