le sein des femmes a des charmes encore au-dessus de ceux de leurs yeux. C'est ce que Cotin nous démontre par des vers sur une belle gorge:
Dans l'entretien délicieux?De la charmante Iris dont je suis idolatre,
Va, pose, Amour, sur ses beaux yeux,?Le voile qu'elle a mis sur sa gorge d'albatre.
Quand le printems a banni la froidure,?On ne voit point de si beaux lis?Aux jardins les plus embellis?Par les soins curieux qu'apporte la nature.
Depuis que de mon coeur je fis l'heureuse perte,
J'ai visité bien des climats,?En dépit des chaleurs, en dépit des frimats:?Et si je n'ai point fait de telle découverte.
Pour voir un objet sans pareil,?Il ne faut point courir sur tant de mers profondes,
Ni voir l'un et l'autre soleil,?Il faut voir ces deux petits mondes.
Pour rendre de mon sort tout l'univers jaloux,?Il suffit qu'à mes yeux leur blancheur on étale;?L'Aurore n'offrit rien à l'amoureux Céphale,
De si charmant et de si doux.
Ah! si, sans leur déplaire, on osait les toucher,?Et si deux belles mains n'y mettaient point d'obstacle,
Serait-ce point, par un miracle,?Amollir un coeur de rocher?
Dans l'entretien délicieux?De la divine Iris, dont je suis idolatre:?Amour, en ma faveur, viens mettre sur ses yeux?Le voile qu'elle a mis sur sa gorge d'albatre.
Une belle gorge avait tant d'empire sur le coeur de Boursault, que pour en voir une, à travers la mousseline, il devenait amoureux jusques à la folie. C'est ce que prouvera ce beau fragment d'une lettre qu'il écrivait à son ami Charpentier:
?Je vous ai fait promettre qu'après d?ner nous irions ensemble chez la belle brune, avec qui nous jouames hier au logis de Mme Deshoulières: je vous dispense de me tenir parole, à moins que vous ne me donniez caution bourgeoise pour la s?reté de ma personne. Ce n'est pas que je doive rien appréhender pour ma liberté. Délivré de la tyrannie d'une blonde qui m'a fait soupirer quinze ou seize mois pour rien, j'ai fait serment de ne tomber de ma vie en de pareilles fautes; mais dans les tems de ma première servitude, il m'est échappé tant de sermens, j'en ai tenu si peu, que je n'ose plus me mettre au hasard de jurer de rien. Je trouvai hier votre brune si bien faite, ses yeux me parurent si brillans, sa bouche si petite, sa gorge, que je ne vis que par les yeux de la foi, est, je crois, si belle, que si vous n'eussiez arraché ma vue de dessus ses charmes, quand vous me f?tes souvenir qu'il était tems de nous en aller, je sentais déjà ce que je sentis la première fois que je commen?ai d'aimer. Mon coeur, que j'ai fait le gardien de ma franchise, m'a joué tant de tours, que, si tant?t je vous accompagne à la visite que vous avez dessein de rendre, je gage que j'en reviens aussi chargé d'amour, que si on le donnait _pro Deo_.?
Le même auteur, faisant à sa ma?tresse le portrait d'une belle, marque bien expressivement la victoire assurée que remporte une belle gorge sur une ame masculine.
?En vérité, Babet, dit-il, si tu ne reviens bient?t de Bagnolet, tu cours risque de ne pas me trouver constant à ton retour. On me mena hier au bal, où je trouvai une jeune personne qui n'a pas moins de belles qualités que toi. Elle a les cheveux d'un blond cendré, tout-à-fait beau, mais qui n'approche pourtant pas de la couleur des tiens. Elle a le front grand et élevé, mais le tien l'est encore davantage. Ses sourcils qui ne paraissent presque point, parce qu'ils sont blonds, se montrent toutefois assez, pour faire remarquer que leur symétrie est la plus régulière du monde. Ses yeux, qui sont aussi noirs que les tiens sont bleus, sont si bien fendus, qu'ils ne jettent jamais un regard, sans faire une conquête. Ils ont autant de vivacité que les tiens ont de douceur, et ils semblent faits pour prendre de l'amour, comme les tiens pour en donner. On voit sur ses joues une nuance de blanc et d'incarnat si éclatante, qu'il semble qu'elle tienne des mains de l'art un présent qui ne vient que de celles de la nature, qui a pris tant de peine après elle, que, sans toi, qui es son chef-d'oeuvre, elle serait le plus beau de tous ses ouvrages. Son nez, qui n'est ni trop grand ni trop petit, est justement comme il le faut, pour avoir beaucoup de ressemblance avec le tien: sa bouche, qui n'est pas si petite que la tienne, est plus petite qu'aucune autre que j'aie jamais vue. Elle a les lèvres si fra?ches et si vermeilles, que, depuis ton absence, je n'ai rien envisagé de plus charmant. Ses dents sont si blanches et si bien rangées, que je lui faisais cent contes risibles, pour avoir le plaisir de les voir souvent. Le trou qu'elle a au
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