en question est devenu assez rare, surtout en bon état; nous avons pensé que quelques amateurs feraient bon accueil à une quatrième édition de cet _Eloge_; ils ne regretteront pas sans doute d'y trouver une sorte d'anthologie de ce que divers po?tes ont dit à propos du sein; nous avons d? nous borner à choisir, car si nous avions voulu tout reproduire, nous aurions grandement dépassé les bornes que nous avons d? nous prescrire; mais nous espérons que nos recherches, dans des volumes assez peu connus parfois, nous auront amenés à mettre la main sur des morceaux gracieux qu'on lira avec plaisir.
éPITRE DéDICATOIRE.
SONNET.
_L'auteur du traité des Tetons?Chante si haut sur la matière?Qu'il donneroit musique entière,?S'il descendoit de quelques tons._
_Mais comme sa muse est altière,?Il n'ira pas chez ses Martons,?Chanter leurs tourelontontons,?De là jusqu'à la jarretière._
_Si cependant du haut en bas,?Il alloit pousser ses ébats;?On entendroit belle harmonie!_
_Vénus, peinte par tous ses traits,?Feroit éclater mille attraits?Dans une telle anatomie._
Par C. L. d'Ar.
_Nota._ Nous avons supprimé l'épitre dédicatoire de Ducommun, sur l'édition d'Amsterdam, 1720, parce qu'elle n'a rien de neuf, ni de piquant; nous la rempla?ons par une petite pièce de vers assez rare et qui vient ici fort à propos, puisqu'elle s'adresse aux dames.
LES POMMES.
Le ciel, pour enchanter les hommes,?Vous a fait présent de six pommes:?Sur votre visage il a mis?Deux petites pommes d'apis?D'un bel incarnat empourprées,?Et que nature a colorées:?Les soucoupes et les cristaux?Ne portent pas de fruits si beaux.?Plus bas une fra?che tablette,?En supporte deux de rainette;?Et l'on trouve encore plus bas?Deux autres qu'on ne nomme pas.?Elles sont de plus grosse espèce,?Et n'ont pas moins de gentillesse:?Ce sont deux pommes de rambour,?Qu'on cueille au jardin de l'amour.?Voilà trois paires de jumelles?Qui font tourner bien des cervelles.?ève perdit le genre humain,?N'ayant qu'une pomme à la main;?Mais notre appétissante mère,?En laissait voir deux sur son sein.?Et l'attrait des fruits de Cythère,?Dont l'aspect le mettait en train,?Fit succomber notre bon père.?Satan, dont l'esprit est malin,?Entrait aussi dans le mystère.?Pressés, comme Adam, de manger,?Nous pétillons d'impatience?Auprès du jardin potager?Dont vous portez la ressemblance.?Vive la pomme et les pommiers!?Leur aspect seul nous ravigotte:?On doit baiser les deux premiers,?Avec les seconds on pelotte:?Triomphe! amour! aux deux derniers.?Heureux qui les met en compotte!
[Illustration]
éLOGE DU SEIN DES FEMMES.
CHAPITRE PREMIER.
DES TéTONS, DE LEUR POUVOIR ET DE LEURS CHARMES.
J'avais d'abord le dessein de faire un traité de la supériorité du teint blanc sur le brun, et ces deux chansons de Cl. Marot m'en avaient fourni l'idée:
DE LA BRUNE.
Pourtant si je suis brunette,?Amy, n'en prenez esmoy:?Autant suis ferme et jeunette,?Qu'une plus blanche que moy?Le blanc effacer je voy.
Couleur noire est toujours une,?J'ayme mieux donc estre brune?Avecques ma fermeté,?Que blanche comme la lune?Tenant de legereté.
POUR LA BLANCHE.
Pourtant si le blanc s'efface,?Il n'est pas à despriser:?Comme luy le noir se passe,?Il a beau temporiser.
Je ne veux point mespriser,?Ne mesdire en ma revanche:?Mais l'ayme mieux estre blanche?Vingt ou trente ans ensuivant?En beauté nayve et franche,?Que noire tout mon vivant.
Mais à quoi bon raisonner simplement sur les couleurs, lorsqu'il y a tant d'autres beautés plus solides chez les femmes! ce serait mal employer son temps, et abuser de la bonté de mes lectrices. Ce n'est donc, ni de vos pieds mignons, ni de vos belles mains potelées, ni de vos yeux brillants, ni de votre joli petit nez, ni des autres parties de votre charmant ensemble, que je veux vous entretenir aujourd'hui. N'appréhendez pas que je puisse vous faire rougir. Je suis de l'avis de Marot, lorsqu'il dit:
Arrière! mots qui sonnent salement,?Parlons aussi des membres seulement?Que l'on peut voir, sans honte, descouverts;?Et des honteux ne souillons point nos vers.?Car, quel besoin est de mettre en lumière?Ce qu'est nature à cacher coustumière?...
Ainsi, pour ne pas vous tenir plus longtemps dans l'incertitude, c'est l'éloge des tétons que je vais faire. Le sujet est beau, il est grand, il a exercé les génies les plus élevés. Le cavalier Marin appelle les tétons des belles, deux tours vivantes d'albatre, d'où l'amour blesse les amants: il les compare à deux écueils, contre lesquels notre liberté vient faire agréablement naufrage: il les appelle deux mondes de beautés, éclairés par deux beaux soleils, c'est-à-dire les yeux. Un poète fran?ais, qui n'est guères moins ingénieux que le cavalier Marin, moins magnifique dans ses peintures, mais plus juste et plus gai, les appelle dans une de ses chansons, deux pommes, et il ajoute:
Heureux qui peut monter sans bruit?Sur l'arbre qui porte ce fruit!
Cyrano de Bergerac trouve mauvais que les écrivains modernes, qui veulent peindre une beauté parfaite, emploient l'or, l'ivoire, l'azur, le corail, les roses et les lis: il n'a pas plus raison de les tourner en ridicule, parce qu'ils clouent les étoiles dans les yeux des belles, et qu'ils dressent des montagnes de neige à la place de leur sein: en effet, ces expressions pompeuses sont dignes de ces grands objets, et
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