Voyage au Centre de la Terre | Page 3

Jules Verne
du r��gne min��ral s'y trouvaient ��tiquet��s avec l'ordre le plus parfait, suivant les trois grandes divisions des min��raux inflammables, m��talliques et litho?des.
Comme je les connaissais, ces bibelots de la science min��ralogique! Que de fois, au lieu de muser avec des gar?ons de mon age, je m'��tais plu �� ��pousseter ces graphites, ces anthracites, ces houilles, ces lignites, ces tourbes! Et les bitumes, les r��sines, les sels organiques qu'il fallait pr��server du moindre atome de poussi��re! Et ces m��taux, depuis le fer jusqu'�� l'or, dont la valeur relative disparaissait devant l'��galit�� absolue des sp��cimens scientifiques! Et toutes ces pierres qui eussent suffi �� reconstruire la maison de K?nig-strasse, m��me avec une belle chambre de plus, dont je me serais si bien arrang��!
Mais, en entrant dans le cabinet, je ne songeais gu��re �� ces merveilles. Mon oncle seul occupait ma pens��e. Il ��tait enfoui dans son large fauteuil garni de velours d'Utrecht, et tenait entre les mains un livre qu'il consid��rait avec la plus profonde admiration.
?Quel livre! quel livre!? s'��criait-il.
Cette exclamation me rappela que le professeur Lidenbrock ��tait aussi bibliomane �� ses moments perdus; mais un bouquin n'avait de prix �� ses yeux qu'�� la condition d'��tre introuvable, ou tout au moins illisible.
?Eh bien! me dit-il, tu ne vois donc pas? Mais c'est un tr��sor inestimable que j'ai rencontr�� ce matin en furetant dans la boutique du juif Hevelius.
--Magnifique!? r��pondis-je avec un enthousiasme de commande.
En effet, �� quoi bon ce fracas pour un vieil in-quarto dont le dos et les plats semblaient faits d'un veau grossier, un bouquin jaunatre auquel pendait un signet d��color��?
Cependant les interjections admiratives du professeur ne discontinuaient pas.
?Vois, disait-il, en se faisant �� lui-m��me demandes et r��ponses; est-ce assez beau? Oui, c'est admirable! Et quelle reliure! Ce livre s'ouvre-t-il facilement? Oui, car il reste ouvert �� n'importe quelle page! Mais se ferme-t-il bien? Oui, car la couverture et les feuilles forment un tout bien uni, sans se s��parer ni bailler en aucun endroit. Et ce dos qui n'offre pas une seule brisure apr��s sept cents ans d'existence! Ah! voil�� une reliure dont Bozerian, Closs ou Purgold eussent ��t�� fiers!?
En parlant ainsi, mon oncle ouvrait et fermait successivement le vieux bouquin, Je ne pouvais faire moins que de l'interroger sur son contenu, bien que cela ne m'int��ressat aucunement.
?Et quel est donc le titre de ce merveilleux volume? demandai-je avec un empressement trop enthousiaste pour n'��tre pas feint.
--Cet ouvrage! r��pondit mon oncle en s'animant, c'est l'Heims-Kringla de Snorre Turleson, le fameux auteur islandais du douzi��me si��cle; c'est la Chronique des princes norv��giens qui r��gn��rent en Islande.
--Vraiment! m'��criai-je de mon mieux, et, sans doute, c'est une traduction en langue allemande?
--Bon! riposta vivement le professeur, une traduction! Et qu'en ferais-je de ta traduction! Qui se soucie de ta traduction! Ceci est l'ouvrage original en langue islandaise, ce magnifique idiome, riche et simple �� la fois, qui autorise les combinaisons grammaticales les plus vari��es et de nombreuses modifications de mots!
--Comme l'allemand, insinuai-je avec assez de bonheur.
--Oui, r��pondit mon oncle en haussant les ��paules; mais avec cette diff��rence que la langue islandaise admet les trois genres comme le grec et d��cline les noms propres comme le latin!
--Ah! fis-je un peu ��branl�� dans mon indiff��rence, et les caract��res de ce livre sont-ils beaux?
--Des caract��res! qui te parle de caract��res, malheureux Axel! Il s'agit bien de caract��res! Ah! tu prends cela pour un imprim��! Mais, ignorant, c'est un manuscrit, et un manuscrit runique!...
--Runique?
--Oui! Vas-tu me demander maintenant de t'expliquer ce mot?
--Je m'en garderai bien,? r��pliquai-je avec l'accent d'un homme bless�� dans son amour-propre.
Mais mon oncle continua de plus belle, et m'instruisit, malgr�� moi, de choses que je ne tenais gu��re �� savoir.
?Les runes, reprit-il, ��taient des caract��res d'��criture usit��s autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent invent��s par Odin lui-m��me! Mais regarde donc, admire donc, impie, ces types qui sont sortis de l'imagination d'un dieu!?
Ma foi, faute de r��plique, j'allais me prosterner, genre de r��ponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l'avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint d��tourner le cours de la conversation.
Ce fut l'apparition d'un parchemin crasseux qui glissa du bouquin et tomba �� terre.
Mon oncle se pr��cipita sur ce brimborion avec une avidit�� facile �� comprendra. Un vieux document, enferm�� peut-��tre depuis un temps imm��morial dans un vieux livre, ne pouvait manquer d'avoir un haut prix �� ses yeux.
?Qu'est-ce que cela?? s'��cria-t-il.
Et, en m��me temps, il d��ployait soigneusement sur sa table un morceau de parchemin long de cinq pouces, large de trois, et sur lequel s'allongeaient, en lignes transversales, des caract��res de grimoire.
En voici le fac-simil�� exact. Je tiens �� faire conna?tre ces signes bizarres, car ils amen��rent le professeur Lidenbrock et son neveu �� entreprendre la plus ��trange exp��dition du dix-neuvi��me si��cle:
EF . E6 B3 DA DA BC C5 BC E6 C5
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 84
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.