Vittoria Accoramboni | Page 9

Stendhal
et ils entr?rent tous.
Le prince Louis, arriv? devant le tr?s illustre capitaine, se plaignait d'un tel affront, all?guant qu'il n'avait re?u un traitement pareil d'aucun prince souverain. Le tr?s illustre capitaine lui ayant demand? s'il savait quelque chose touchant la mort de la signora Vittoria, et ce qui ?tait arriv? la nuit pr?c?dente, il r?pondit que oui, et qu'il avait ordonn? qu'on en rend?t compte �� la justice. On voulut mettre sa r?ponse par ?crit; il r?pondit que les hommes de son rang n'?taient pas tenus �� cette formalit?, et que, semblablement, ils ne devaient pas ?tre interrog?s.
Le prince Louis demanda la permission d'exp?dier un courrier �� Florence avec une lettre pour le prince Virginio Orsini, auquel il rendait compte du proc?s et du crime survenu. Il montra une lettre feinte qui n'?tait pas la v?ritable, et obtint ce qu'il demandait.
Mais l'homme exp?di? fut arr?t? hors de la ville et soigneusement fouill?; on trouva la lettre que le prince Louis avait montr?e, et une seconde lettre cach?e dans les bottes du courrier; elle ?tait de la teneur suivante:
AU SEIGNEUR VIRGINIO ORSINI
"Tr?s illustre seigneur
"Nous avons mis �� ex?cution ce qui avait ?t? convenu entre nous, et de telle fa?on, que nous avons pris pour dupe le tr?s illustre Tondini (apparemment le nom du chef de la corte qui avait interrog? le prince), si bien que l'on me tient ici pour le plus galant homme du monde. J'ai fait la chose en personne, ainsi ne manquez pas d'envoyer sur-le-champ les gens que vous savez."
Cette lettre fit impression sur les magistrats, ils se h?t?rent de l'envoyer �� Venise; par leur ordre les portes de la ville furent ferm?es, et les murailles garnies de soldats le jour et la nuit. On publia un avis portant des peines s?v?res pour qui, ayant connaissance des assassins, ne communiquerait pas ce qu'il savait �� la justice. Ceux des assassins qui porteraient t?moignage contre un des leurs ne seraient point inqui?t?s, et m?me on leur compterait une somme d'argent. Mais sur les sept heures de nuit', la veille de No��l (le 24 d?cembre vers minuit), Alo?se Bragadin* arriva de Venise avec d'amples pouvoirs de la part du s?nat, et l'ordre de faire arr?ter vifs ou morts, et quoi qu'il en p�Ct co�Cter, ledit prince et tous les siens. * Bragadinez.
Ledit seigneur avogador Bragadin, les seigneurs capitaine et podestat se r?unirent dans la forteresse.
Il fut ordonn?, sous peine de la potence (della forca), �� toute milice �� pied et �� cheval, de se rendre bien pourvue d'armes autour de la maison dudit prince Louis, voisine de la forteresse, et contigu�� �� l'?glise de Saint-Augustin sur l'Arena.
Le jour arriv? (qui ?tait celui de No��l), un ?dit fut publi? dans la ville, qui exhortait les fils de Saint-Marc �� courir en armes �� la maison du seigneur Louis; ceux qui n'avaient pas d'armes ?taient appel?s �� la forteresse, o�� on leur en remettrait autant qu'ils voudraient; cet ?dit promettait une r?compense de deux mille ducats �� qui remettrait �� la corte, vif ou mort, ledit seigneur Louis, et cinq cents ducats pour la personne de chacun de ses gens. De plus, il y avait ordre �� qui ne serait pas pourvu d'armes d? ne point approcher de la maison du prince, afin de ne pas porter obstacle �� qui se battrait dans le cas o�� il jugerait �� propos de faire quelque sortie.
En m?me temps, on pla?a des fusils de rempart, des mortiers et de la grosse artillerie sur les vieilles murailles, vis-��-vis la maison occup?e par le prince; on en mit autant sur les murailles neuves, desquelles on voyait le derri?re de ladite maison. De ce c��t?, on avait plac? la cavalerie de fa?on �� ce qu'elle p�Ct se mouvoir librement, si l'on avait besoin d'elle. Sur les bords de la rivi?re, on ?tait occup? �� disposer des bancs, des armoires, des chars et autres meubles propres �� faire office de parapets. On pensait, par ce moyen, mettre obstacle aux mouvements des assi?g?s, s'ils entreprenaient de marcher contre le peuple en ordre serr?. Ces parapets devaient aussi servir �� prot?ger les artilleurs et les soldats contre les arquebusades des assi?g?s.
Enfin on pla?a des barques sur la rivi?re, en face et sur les c��t?s de la maison du prince, lesquelles ?taient charg?es d'hommes arm?s de mousquets et d'autres armes propres �� inqui?ter l'ennemi, s'il tentait une sortie: en m?me temps on fit des barricades dans toutes les rues.
Pendant ces pr?paratifs arriva une lettre, r?dig?e en termes fort convenables, par laquelle le prince se plaignait d'?tre jug? coupable et de se voir trait? en ennemi. et m?me en rebelle, avant que l'on e�Ct examin? l'affaire. Cette lettre avait ?t? compos?e par Liveroto.
Le 27 d?cembre, trois gentilshommes, des principaux de la ville, furent envoy?s par les magistrats au seigneur Louis, qui avait avec
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