philosophes, ��lev��e par un p��re peu croyant, aux jours de la R��volution, ne fr��quentait gu��re l'��glise, bien qu'elle aimat les pr��tres par une sorte d'instinct religieux de femme.
Elle avait totalement oubli�� l'abb�� Picot, son cur��, et rougit en le voyant. Elle s'excusa de n'avoir point pr��venu sa d��marche. Mais le bonhomme n'en semblait point froiss��; il regarda Jeanne, la complimenta sur sa bonne mine, s'assit, mit son tricorne sur ses genoux et s'��pongea le front. Il ��tait fort gros, fort rouge, et suait �� flots. Il tirait de sa poche, �� tout instant, un ��norme mouchoir �� carreaux imbib�� de transpiration, et se le passait sur le visage et le cou; mais, �� peine le linge humide ��tait-il rentr�� dans les profondeurs de sa robe que de nouvelles gouttes poussaient sur sa peau, et, tombant sur la soutane rebondie au ventre, fixaient en petites taches rondes la poussi��re volante des chemins.
Il ��tait gai, vrai pr��tre campagnard, tol��rant, bavard et brave homme. Il raconta des histoires, parla des gens du pays, ne sembla pas s'��tre aper?u que ses deux paroissiennes n'��taient pas encore venues aux offices, la baronne accordant son indolence avec sa foi confuse, et Jeanne trop heureuse d'��tre d��livr��e du couvent o�� elle avait ��t�� repue de c��r��monies pieuses.
Le baron parut. Sa religion panth��iste le laissait indiff��rent aux dogmes. Il fut aimable pour l'abb�� qu'il connaissait de loin, et le retint �� d?ner.
Le pr��tre sut plaire, grace �� cette astuce inconsciente que le maniement des ames donne aux hommes les plus m��diocres appel��s par le hasard des ��v��nements, �� exercer un pouvoir sur leurs semblables.
La baronne le choya, attir��e peut-��tre par une de ces affinit��s qui rapprochent les natures semblables, la figure sanguine et l'haleine courte du gros homme plaisant �� son ob��sit�� soufflante.
Vers le dessert il eut une verve de cur�� en goguette, ce laisser- aller familier des fins de repas joyeuses.
Et, tout �� coup, il s'��cria comme si une id��e heureuse lui e?t travers�� l'esprit:
-- Mais j'ai un nouveau paroissien qu'il faut que je vous pr��sente, M. le vicomte de Lamare!
La baronne, qui connaissait sur le bout du doigt tout l'armorial de la province, demanda:
-- Est-il de la famille de Lamare de l'Eure?
Le pr��tre s'inclina:
-- Oui, madame, c'est le fils du vicomte Jean de Lamare, mort l'an dernier.
Alors, Mme Ad��la?de, qui aimait par-dessus tout la noblesse, posa une foule de questions, et apprit que, les dettes du p��re pay��es, le jeune homme, ayant vendu son chateau de famille, s'��tait organis�� un petit pied-��-terre dans une des trois fermes qu'il poss��dait dans la commune d'��touvent. Ces biens repr��sentaient en tout cinq �� six mille livres de rente; mais le vicomte ��tait d'humeur ��conome et sage, et comptait vivre simplement, pendant deux ou trois ans, dans ce modeste pavillon, afin d'amasser de quoi faire bonne figure dans le monde, pour se marier avec avantage sans contracter de dettes ou hypoth��quer ses fermes.
Le cur�� ajouta:
-- C'est un bien charmant gar?on; et si rang��, si paisible. Mais il ne s'amuse gu��re dans le pays.
Le baron dit:
-- Amenez-le chez nous, monsieur l'abb��, cela pourra le distraire de temps en temps.
Et on parla d'autre chose.
Quand on passa dans le salon, apr��s avoir pris le caf��, le pr��tre demanda la permission de faire un tour dans le jardin, ayant l'habitude d'un peu d'exercice apr��s ses repas. Le baron l'accompagna. Ils se promenaient lentement tout le long de la fa?ade blanche du chateau pour revenir ensuite sur leurs pas. Leurs ombres, l'une maigre, l'autre ronde et coiff��e d'un champignon, allaient et venaient tant?t devant eux, tant?t derri��re eux, selon qu'ils marchaient vers la lune ou qu'ils lui tournaient le dos. Le cur�� machonnait une sorte de cigarette qu'il avait tir��e de sa poche. Il en expliqua l'utilit�� avec le franc- parler des hommes de campagne:
-- C'est pour favoriser les renvois, parce que j'ai les digestions un peu lourdes.
Puis, soudain, regardant le ciel o�� voyageait l'astre clair, il pronon?a:
-- On ne se lasse jamais de ce spectacle-l��.
Et il rentra prendre cong�� des dames.
-- III --
Le dimanche suivant, la baronne et Jeanne all��rent �� la messe, pouss��es par un d��licat sentiment de d��f��rence pour leur cur��.
Elles l'attendirent apr��s l'office, afin de l'inviter �� d��jeuner pour le jeudi. Il sortit de la sacristie avec un grand jeune homme ��l��gant qui lui donnait le bras famili��rement. D��s qu'il aper?ut les deux femmes, il fit un geste de joyeuse surprise et s'��cria:
-- Comme ?a tombe! Permettez-moi, madame la baronne et mademoiselle Jeanne, de vous pr��senter votre voisin, M. le vicomte de Lamare.
Le vicomte s'inclina, dit son d��sir, ancien d��j��, de faire la connaissance de ces dames, et se mit �� causer avec aisance, en homme comme il faut, ayant v��cu. Il poss��dait une de ces figures heureuses dont r��vent les femmes et qui sont d��sagr��ables �� tous les hommes. Ses
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.