Une Pupille Genante

Roger Dombre

Une Pupille Genante

The Project Gutenberg eBook, Une Pupille Genante, by Roger Dombre
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Title: Une Pupille Genante
Author: Roger Dombre

Release Date: June 26, 2006 [eBook #18692]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Roger DOMBRE ( pseud. of Mme Andrée SISSON née LIGEROT, 1859- 1914), Une pupille gênante (1890), ici dans l’édition de 1926

Produit par Daniel FROMONT

Collection Familia
Roger DOMBRE
Une Pupille gênante
PARIS
GAUTIER ET LANGUEREAU, EDITEURS
55, quai des Grands-Augustins, et 18, rue Jacob
1926
Tous droits de traduction d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

UNE PUPILLE GENANTE

PREMIERE PARTIE
I
Jacques Simiès ouvrit un ?il, puis l’autre, bailla, s’étira et demanda à son valet de chambre, Lazare, qui venait écarter les persiennes:
— Lazare, quelle heure est-il?
— Monsieur, il est dix heures.
— Quel temps fait-il?
— Ni beau ni laid, Monsieur, et le baromètre est au variable.
— Bien, comme cela tu ne te compromets pas. Y a-t-il des lettres?
— Pas beaucoup: voici le courrier d’ailleurs, Monsieur peut voir.
Et Lazare déposa sur la table de nuit quelques journaux et quelques enveloppes médiocrement garnies.
— Tant que cela? fit indolemment le viveur en s’étirant de plus belle. Bah! à tout à l’heure les affaires sérieuses. Lazare, j’ai faim.
— Je vais apporter à Monsieur son chocolat.
— Très cuit surtout. Cette brute de Césarine m’envoie toujours de l’eau chaude.
— Je vais y veiller, Monsieur.
Et, après avoir laissé entrer lentement dans la chambre un jour atténué par les rideaux de guipure, Lazare sortit.
Simiès referma les yeux avec un indicible sentiment de bien- être, et dans son cerveau encore engourdi flotta la vision de la veille.
Ah! la bonne soirée qu’il avait passée au café de Paris! Dieu! qu’on avait ri! Ce diable de Pinsonneau en avait-il raconté des farces de sa vie de garnison! et avait-on assez raillé le clergé, les prêtres et les m?meries des cléricaux! et l’excellent Mo?t qu’on y avait sablé, sans compter le Moselle pétillant et le Tockay exquis!
Par exemple les cigares laissaient un peu à désirer, mais Simiès était rendu difficile par ceux que lui envoyait son ami de la Nouvelle-Orléans.
Décidément ce souper et les rires qui l’avaient accompagné l’avaient creusé; et ce diable de Lazare qui n’apportait pas son déjeuner, quel lambin, quelle brute! c’était à lui casser une canne sur le dos!
En attendant, Simiès allait lire son courrier; il se souleva sur son lit pour se mettre sur son séant non sans esquisser une grimace de douleur.
— Ces s... rhumatismes! gémit-il.
C’est que celui qu’on appelait jadis le beau Simiès avait soixante ans, et bien heureux encore était-il d’en être quitte à si bon marché avec les infirmités de cet age.
Il attira à lui son binocle qu’il ajusta sur son nez et prit dans la masse une carte bleutée sur laquelle courait une écriture élégante.
— Bon! dit-il avec ennui, une demande d’argent; je connais ?a, mais cette fois encore je ferai la sourde oreille, car j’ai pour principe qu’il ne faut pas prêter aux autres, surtout à ceux qui, selon toute probabilité, ne peuvent rendre ce qu’ils ont emprunté. Qu’est-ce encore? Ah! Cathellin qui m’invite à d?ner: ma foi, ce ne sera pas dr?le, des jeunes mariés! Quelle idée aussi lui a pris d’épouser cette veuve?... Quant aux journaux, voyons... voici le Figaro, l’Intransigeant... Tiens, le Quotidien qui manque à l’appel? Ces gredins l’auront gardé à la cuisine pour le déguster avant moi, je vais leur laver la tête d’importance... Par le diable, qu’est-ce que cette ép?tre sur papier d’affaires, qui s’est glissée sous les gazettes?... Bien! ma?tre Briant, le notaire de Léo!... qu’est-ce qu’il peut avoir à m’apprendre?... Pourvu que cet imbécile de Léo n’ait pas commis encore quelque bévue! il n’a jamais réussi en rien. Et moi qui ai des capitaux dans sa plantation des Antilles; pas lourds, heureusement; la perte ne serait pas grande. Diable! quatre pages de thème; il est épistolier, le notaire! voyons ce qu’il me veut.
Simiès se mit à lire attentivement: le soleil, palot et terne, joua cependant un instant sous les rideaux aux teintes douces, arrachant une étincelle d’argent aux aciers des chenets, au bronze doré des candélabres, aux socles des coupes; baisant au passage le visage rieur d’un faune de marbre.
Simiès l’épicurien lisait toujours; autour de lui tout respirait non seulement le bien-être, mais le luxe absolu épanoui là sans lourdeur, avec go?t, avec art, selon le caprice du possesseur égo?ste et raffiné.
Lorsque Lazare reparut, portant en équilibre sur sa main le plateau où fumait le chocolat vanillé et onctueux accompagné de r?ties toutes chaudes, il faillit reculer à la vue de son ma?tre: soulevé sur sa couche moelleuse, celui-ci, furieux, montrait le poing au ciel de
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