Une Confédération Orientale comme solution de la Question dOrient (1905) | Page 9

Un Latin
vers le nord,
puisque les territoires convoités par les uns et par les autres ont une population qui n'est
en majorité ni slave ni hellénique. Dans tous les cas, les Bulgares ne sauraient invoquer le
droit historique, puisque ce peuple, en partie composé d'éléments touraniens et finnois
slavifiés, est le dernier venu de tous dans la péninsule balkanique, où il trouva, au sixième
siècle, l'élément roumain, dont il subit l'influence civilisatrice et avec lequel il vécut en
bonne intelligence.
Du septième au douzième siècle, l'histoire des Bulgares se confond avec celle des
Roumains du sud; sous la dynastie des Assanides, l'Empire roumano-bulgare fait plus
d'une fois trembler sur leur trône les maîtres de Byzance, qu'il s'agisse de l'Empire grec
ou de l'éphémère Empire latin.
De 1185 à 1260, cet État roumano-bulgare arrive au point culminant de sa puissance sous
l'impulsion de deux frères, Roumains d'origine, dont nous aurons à reparler; il gravit peu
à peu les terrasses du Pinde, et Jean Assan II, en 1230, voit sa domination s'étendre du
Danube jusqu'à Larissa.
Les Bulgares invoquent ces conquêtes comme base de leurs prétentions sur la Macédoine;
mais en faisant même abstraction du droit historique, que nous leur refusons, l'occupation
de ces vastes territoires par la petite principauté déchaînerait de perpétuelles hostilités
entre les races.
La disparition des Assanides entraîna la dislocation de leur empire. Les Bulgares
tombèrent, en 1390, sous le joug des Ottomans et supportèrent avec une remarquable
résignation, pendant des siècles, une domination arbitraire et rapace.
Ce peuple de paysans, uniquement adonné à l'agriculture, se plia au silence de la
servitude jusqu'au moment où un ferment de liberté éveilla chez lui des sentiments de
révolte et des aspirations vers un meilleur état social.
D'autre part, le courant panslaviste se manifestait dans le grand empire du Nord dès 1780.
Un ouvrage historique sur les Slovéno-Bulgares, publié par Païsie, un moine bulgare du
mont Athos, faisait grand bruit en Russie; Venelin, Aprilov et leurs disciples imprimaient
au slavisme une énergique impulsion. Mais, comme tous les autres peuples chrétiens
soumis aux Turcs, les Bulgares subirent surtout l'influence de la révolution grecque de

1821, cette fille posthume de la Révolution française, et qui la première déchira le pacte
de la Sainte-Alliance. Préparée depuis vingt-cinq ans dans les principautés roumaines,
l'indépendance hellénique, dont d'autres que des Grecs furent les facteurs dominants, fit
naître chez tous les raïas l'espoir de la liberté.
Pourtant les Bulgares furent les plus lents à prendre conscience de leur nationalité, et ce
n'est pas avant 1840 qu'ils reçurent des encouragements de l'Occident, quand les écrits de
Cyprien Robert les firent enfin connaître à l'Europe.
L'émancipation ecclésiastique étant, en Orient, le prologue de l'émancipation
politique,--par le fait que le Synode oecuménique est dans la main des Turcs, quand il
n'agit pas sournoisement comme agent du panhellénisme,--les Bulgares, soutenus par la
diplomatie russe, réclamèrent, dès 1857, leur Église autonome. Ils ne réussirent point tout
d'abord à l'obtenir, en raison du veto opposé par le patriarcat de Constantinople, sur la
base moins de privilèges formels que lui aurait reconnus le conquérant de Byzance, que
d'une tradition séculaire abusive. Irrités par cette résistance, les nationalistes, malgré les
efforts des autorités ottomanes pour enrayer le courant, redoublèrent d'ardeur, usant de la
presse, des brochures et de toutes les autres formes de la propagande.
Enfin, menaçant d'une révolution si l'on n'accédait à leur voeu, et malgré la résistance
désespérée du Synode oecuménique, les Bulgares finirent par obtenir une juridiction
spirituelle particulière, sous le nom d'exarchat. Le firman de 1870, constitutif de cet
exarchat, fut à la fois la base de l'Église bulgare et le point de départ du développement
politique de ce peuple. Le patriarcat recourut au moyen suprême, l'excommunication, et
déclara schismatique l'exarchat bulgare, ce qui d'ailleurs n'entrava en rien l'existence de
celui-ci.
Cependant, après cette concession de principe de la part des autorités turques, le haut
clergé grec intrigua de telle façon que la reconnaissance par bérat fut refusée par la Porte
aux évêchés bulgares. D'autre part, l'administration ottomane persévérait dans ses
procédés vexatoires; aussi les comités panslavistes de Moscou, qui encourageaient la
rébellion, trouvèrent-ils un terrain favorable. C'est alors, après quelques soulèvements
réprimés par des massacres barbares, que le peuple bulgare implora l'aide de la Russie et
s'adressa à l'Europe, en réclamant son autonomie et un gouvernement national garanti par
les puissances.
La guerre de 1877 sortit de là. On sait comment le succès des armes russes et roumaines
amena l'indépendance de la Bulgarie.
La nouvelle principauté devait avoir un prince élu par le peuple et confirmé par la Porte
avec le consentement des puissances. Une assemblée nationale fut chargée de rédiger la
constitution sous la surveillance d'un gouvernement provisoire russe, contrôlé par les
représentants de l'Europe.
Depuis, grâce aux efforts patriotiques de ses hommes d'État, la Bulgarie sut s'affranchir
des influences étrangères

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