moi des glas rouill��s, profonds, lugubres! et que ce Minuit-l�� sonne plus de douze coups!
Maintenant, j'ai une manie, adopt��e depuis des ann��es comme voile de mes travaux pr��f��r��s.
Elle me permet d'aller dans les soci��t��s, d'y confabuler avec les hommes, les femmes et les petits enfants et d'en ��tre bien accueilli. J'ose �� peine la nommer, tant je redoute une raillerie d��plac��e: je veux parler de la manie de Faire des mariages. La brochette de mes d��corations ne provient pas d'une autre source.
Voici pourquoi j'ai adopt�� cette manie: c'est extr��mement simple.
Et, d'abord, disons mon faible pour Voltaire, ce cr��ateur de Microm��gas (page immortelle), o�� bon nombre de mes innombrables d��couvertes sont, pour ainsi dire, pressenties. Toutefois, mon admiration pour ce pr��cieux ��crivain n'est pas servile; chacun doit chercher, en effet, �� se d��velopper par lui-m��me, au m��pris profond de ses ma?tres et de tous ceux qui, l'ayant ��lev��, ont cherch�� �� lui inculquer leurs id��es propres.--Ce que j'estime dans Voltaire, c'est cette habilet�� vant��e dans Pozzo di Borgo et dans Machiavelli,--mes ma?tres bien-aim��s,--qui consiste �� fouler aux pieds tout respect de son semblable sous les dehors d'un d��vouement humble jusqu'�� l'obs��quiosit��. Parfaites apparences dont le terme supr��me serait de rendre r��ellement service! Je recommande, en passant, cette mani��re d'entendre la charit��. C'est la seule digne d'��tre appel��e s��rieuse: elle sert �� cacher ses occupations r��elles.--Or, je ne me soucie pas qu'on sache que je m'adonne, corps et ame, aux Infusoires moi! Les visites, les questions, les consultations et les compliments m'emp��cheraient d'apporter la concentration d��sirable dans mes vertigineux travaux.--D'autre part, comme il faut bien que je parle, quand il m'arrive d'��tre en quelque soci��t��, je m'empresse de parler �� chacun de ce qui doit le pr��occuper le plus--afin d'��viter toute question sur la nature de mes investigations scientifiques:--et n'est-ce pas, presque toujours, le mariage de soi ou des siens qui pr��occupe le plus les risibles enfants de la Femme? ?a tombe sous le sens! Et voil�� comment, sans grands frais d'imagination, je me suis gliss�� dans l'intimit�� de beaucoup de gens! et comment j'ai fait,--miraculeusement aid�� par le Hasard,--quantit�� de mariages.
Les unions qui se sont accomplies sous mes auspices ont ��t�� favoris��es du Ciel,--bien que, maintes fois, dans ma pr��cipitation, j'aie mari��, comme on dit, au pied lev��, les uns pour les autres;--enfin, tout s'est bien pass��:--toujours.--Sauf une seule fois!--Et c'est sur le couple ��tonnant que j'ai riv�� en cette union, que mon but est d'appeler l'attention de tous.
Dois-je m��me affirmer, qu'�� tout prendre, il ne fut pas heureux, cet hymen, dont la crise d��finitive,--crise innommable!...--a donn�� lieu �� ma d��couverte la plus capitale? Je serais un ingrat vis-��-vis du Destin si j'avais l'impudence de le penser une seconde! La Science, la v��ritable Science, est inaccessible �� la piti��: o�� en serions-nous sans cela? Aussi,--bien que cette affaire ait ��t�� pour moi la source d'une ample damnation,--d'une frayeur sans nom qui a boulevers�� ma cervelle au point que je sais �� peine ce que j'��cris,--que j'en suis venu, moi, le docteur Bonhomet, professeur de diagn?se, �� douter de ma propre existence--et m��me de choses beaucoup plus certaines encore �� mes yeux,--je maintiens mes opinions sur Voltaire!... Je ne me repens pas!... Je me lave indiff��remment les mains d'avoir parachev�� cette catastrophe ��pouvantable!--Et je me pique d'��tre encore l'une des plus belles ames ��chapp��es des mains du Tr��s-Haut. Tous les hommes vraiment modernes, tous les esprits qui se sentent ?dans le mouvement? me comprendront.
Je vais me borner au rapide expos�� des faits, tels qu'ils se sont pr��sent��s et class��s d'eux-m��mes. Commentera l'histoire qui voudra, je ne la surchargerai d'aucunes th��ories scientifiques: ainsi son impression g��n��rale d��pendra des proportions intellectuelles fournies par le Lecteur.
CHAPITRE II
SIR HENRY CLIFTON
La ville, estomp��e par la brume et les molles lueurs de la nuit, me repr��sentait la terre, avec ses chagrins et ses tombeaux,--situ��s loin derri��re, mais non totalement oubli��s!?
THOMAS DE QUINCEY (Confessions).
Vers la fin du mois de juillet 1866, �� l'issue d'un d?ner de gala que nous avait offert le capitaine du brick de commerce anglais le Wonderful, faisant voile pour les c?tes de Bretagne, je liai conversation, en prenant le caf��, avec mon voisin de table, le lieutenant Henry Clifton; c'��tait un homme d'une trentaine d'ann��es, d'une figure ombr��e du hale des hommes de mer. L'expression de ses traits r��guliers m'��tait sympathique et sa r��serve habituelle le rendait sociable pour moi.
Ce soir-l��, dis-je, nous liames conversation, car les quelques rapports de causerie, d'officier de marine �� simple passager, avaient ��t�� fort succincts, entre nous, depuis le commencement de la travers��e. Nous venions des c?tes d'Irlande et, plong�� dans l'��tude de mes chers infusoires, j'��tais rest��, la plupart du temps, �� fond de cale, exp��rimentant les vieilles saumures.
Nous ��changeames quelques paroles touchant notre arriv��e �� Saint-Malo, fix��e au lendemain; puis,--les fum��es du vin et des lumi��res nous
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