Traduction nouvelle, Tome II, by
Aristophane
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Title: Traduction nouvelle, Tome II Les Oiseaux; Lysistrata; Les
Thesmophoriazouses ou les femmes aux Fêtes de Dèmètèr; Les
Grenouilles; Les Ekklèsiazouses ou l'Assemblée des Femmes; Ploutos
Author: Aristophane
Commentator: Sully Prudhomme
Translator: Eugène Talbot
Release Date: February 25, 2007 [EBook #20664]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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TRADUCTION NOUVELLE, TOME II ***
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ARISTOPHANE
EUGÈNE TALBOT
TRADUCTION NOUVELLE
PRÉFACE DE SULLY PRUDHOMME
TOME SECOND
PARIS
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR 23-31, PASSAGE CHOISEUL,
23-31
M DCCC XCVII
LES OISEAUX
(L'AN 415 AVANT J.-C.)
Deux citoyens, Pisthétéros (Fidèle ami) et Evelpide (Bon espoir),
dégoûtés de la vie que l'on mène à Athènes, se déterminent à bâtir une
ville aérienne, Néphélocokkygia (Nuéecoucouville). Tous les hommes
veulent y venir habiter, mais le poète, enlevant le sceptre aux dieux qui
ne savent plus maintenir l'ordre sur la terre, chasse impitoyablement de
la cité nouvelle les prêtres, les devins, les philosophes, les poètes, les
législateurs, les avocats. On crée des divinités à l'image des oiseaux, à
qui appartient désormais l'empire du monde, et les anciens dieux,
bloqués dans l'Olympe, où n'arrive plus l'odeur des offrandes, sont
forcés d'entrer en composition avec Pisthétéros.
PERSONNAGES DU DRAME
EVELPIDÈS. PISTHÉTÆROS. LE ROITELET, serviteur de la huppe.
LA HUPPE. CHOEUR D'OISEAUX. LE PHOENIKOPTÈRE.
HÉRAUTS. UN PRÊTRE. UN POÈTE. UN DISEUR D'ORACLES.
LE ROSSIGNOL. PROKNÈ. MÉTÔN, géomètre. UN INSPECTEUR.
UN VENDEUR DE DÉCRETS. MESSAGERS. IRIS. UN
PARRICIDE. KINÉSIAS, poète dithyrambique. UN SYKOPHANTE.
PROMÈTHEUS. POSÉIDÔN. UN TRIBALLE. HÈRAKLÈS. UN
ESCLAVE DE PISTHÉTÆROS. XANTHIAS. } esclaves,
MANODOROS ou MANÈS } personnages muets.
La scène se passe dans un endroit sauvage, rocailleux, au fond d'une
forêt.
LES OISEAUX
EVELPIDÈS, au geai.
Est-ce tout droit que tu me dis d'aller, du côté où l'on voit cet arbre?
PISTHÉTÆROS, tenant une corneille.
La peste te crève! La voilà qui me croasse de revenir en arrière!
EVELPIDÈS.
Pourquoi, malheureux, sautillons-nous de haut en bas? Nous nous tuons
à chercher ainsi notre route de côté et d'autre.
PISTHÉTÆROS.
Je me suis fié, pour mon malheur, à cette corneille, qui m'a fait
parcourir deux mille stades de chemin.
EVELPIDÈS.
Et moi je me suis fié, pour mon infortune, à ce geai, qui m'a rongé les
ongles des doigts.
PISTHÉTÆROS.
En quel endroit de la terre sommes-nous? je n'en sais rien.
EVELPIDÈS.
D'ici, retrouverais-tu ta patrie, toi?
PISTHÉTÆROS.
Non, de par Zeus! pas plus qu'Exèkestidès.
EVELPIDÈS.
Malheur!
PISTHÉTÆROS.
Allons, mon ami, suis cette route.
EVELPIDÈS.
Certes, il nous a joué un vilain tour, cet oiseleur du marché à la volaille,
ce fou de Philokratès, en me disant que ces deux guides seuls, parmi les
oiseaux, nous diraient où est Tèreus, la huppe, changé en oiseau. Il
nous a vendu une obole ce geai, fils de Tharrélidès, et trois oboles cette
corneille qui, l'un et l'autre, ne savent rien que mordre. Eh bien!
qu'as-tu, maintenant, à ouvrir le bec? Est-ce que tu vas encore nous
mener de façon à tomber des rochers? Ici, il n'y a pas de route.
PISTHÉTÆROS.
Et ici, de par Zeus! pas le moindre sentier.
EVELPIDÈS.
La corneille ne dit donc rien au sujet de la route? Pas de croassements?
PISTHÉTÆROS.
Pas plus maintenant que tout à l'heure.
EVELPIDÈS.
Enfin, que dit-elle de la route?
PISTHÉTÆROS.
Que veux-tu qu'elle dise, sinon qu'en les rongeant, elle me mangera les
doigts?
EVELPIDÈS.
N'est-il pas étrange, assurément, que, avec notre désir d'aller aux
corbeaux et nos préparatifs achevés, nous ne puissions ensuite trouver
la route? En effet, ô vous, hommes qui assistez à cet entretien, nous
sommes malades du mal contraire à celui de Sakas. N'étant pas citoyen,
il veut l'être à toute force, et nous qui sommes d'une tribu et d'une
famille honorables, citoyens comme nos concitoyens, sans en être
chassés par personne, nous prenons des deux pieds notre vol loin de
notre patrie, non point par haine pour cette ville qui n'est pas seulement
grande et heureusement douée par la nature, mais ouverte à tous pour y
dépenser leur avoir. En effet, les cigales ne chantent qu'un ou deux
mois sur les jeunes figuiers, tandis que les Athéniens chantent toute
leur vie l'air des procès. Voilà pourquoi nous avons entrepris ce voyage,
et comment, pourvus d'une corbeille, d'une cruche et de myrte, nous
errons tous deux à
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