toute particulière, et que je renvoie à plus tard.
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Quels traits me reste-t-il donc encore à marquer pour achever ce rapide crayon de l'histoire terre-neuvienne?
Depuis cette époque troublée de guerres, rien n'a été plus paisible que l'établissement et le développement des colons anglais. En 1855, Terre-Neuve devint colonie indépendante. Il n'y eut plus de garnison dans l'?le, et à Saint-Jean (Saint-John's), la capitale, les seuls agents à la disposition du pouvoir exécutif sont cinquante ?policemen? tant à pied qu'à cheval.
Tel est l'état actuel du pays dans lequel je vous ai conduit et dont je m'efforce de vous bien faire les honneurs.
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Quant à la résistance que les Indiens ont pu opposer à l'invasion de leur ?le, on n'en a jamais entendu parler.
Tout ce qui reste aujourd'hui des premiers ma?tres de Terre-Neuve se réduit à une dizaine de familles d'aborigènes de la tribu des Micmacs. Elles se sont groupées et forment un village sur un certain point de la c?te nord.
Du reste, fort inoffensifs et de caractère paisible, ils pêchent pendant l'été et poursuivent en hiver les animaux à fourrures qui habitent le long des rivières et l'intérieur des forêts si peu connues de l'?le.
N'est-il pas étonnant que la ?race née du sol? ait si rapidement disparu dans un pays presque inexploré et sur lequel on en est encore réduit à se faire une opinion basée sur l'hypothèse?
Car, ainsi que je vous l'ai dit, les c?tes seules sont parfaitement connues, et tous les établissements des Européens ont été fondés sur le bord de la mer. Du reste, quoi de moins surprenant? Quelle est l'?attraction? qui a amené et fixé ici ceux qui constituent désormais le peuple de Terre-Neuve? La pêche, uniquement la pêche. C'est au phoque et à la morue que ce pays doit sa colonisation. Sans la présence de ces mines de richesses à exploiter pour l'industrie, ce serait encore un désert que cette pauvre ?le au sol déshérité.
Toutes les villes, tous les villages ont la même origine, sinon les mêmes fondateurs. Des marins sont venus, fran?ais d'abord et plus tard anglais, qui ont cherché sur les c?tes une baie, un havre offrant à la fois un abri s?r à leurs navires et du bois pour la construction de leurs cabanes et des échafauds nécessaires au séchage de la morue. Les c?tes devinrent mieux connues; on sut quels endroits le poisson avait coutume de fréquenter le plus. Il se fit alors sur ces divers points des agglomérations de pêcheurs. Quelques-uns hivernèrent et se mirent à faire le commerce pour leur propre compte. Mais ils consommaient, et le pays ne produisant rien, l'importation dut faire croisière avec l'exportation entre Terre-Neuve et l'Europe. à c?té des établissements de pêche s'en élevèrent d'autres plus considérables, des habitations, des magasins: le fondement d'une nouvelle nation était jeté.
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à l'heure qu'il est, la population de toute l'?le s'élève à environ cent quatre-vingt mille habitants, la plupart Irlandais et écossais d'origine. Sur ce nombre, trente mille sont agglomérés à Saint-Jean. On en compte de six à sept mille au Havre de Grace et à Twilingate, qui sont, après la capitale, les deux centres commerciaux les plus importants.
Je me bornerai à vous parler de Saint-Jean. Aussi bien est-ce la ville la plus intéressante, et puis, c'est la seule que je connaisse.
CHAPITRE III
Durant la possession fran?aise, c'est Plaisance (Placentia), sur la c?te sud de l'?le, qui était la capitale de Terre-Neuve. Et c'est sans doute à sa situation privilégiée que Saint-Jean doit d'avoir détr?né son ancêtre. En effet, la ville s'élève sur la c?te sud-est, dans la presqu'?le d'Avalon, au point le plus rapproché de l'Europe.
Je vous en ai déjà décrit l'aspect, et vous savez aussi qu'elle a un port naturel profond et abrité de tous les vents, le point le plus étroit du goulet (the Narrows) ne mesurant pas plus de six cents pieds en largeur. Le havre s'étend en longueur sur un mille et un quart et presque sur un demi-mille en largeur. Au centre, la sonde descend jusqu'à quatre-vingt-dix pieds. Tout autour des collines de cent quatre-vingts à deux cents mètres d'altitude lui permettent de dormir sans inquiétude, tandis que l'ouragan se décha?ne au large. Les navires de tout tonnage peuvent à toute heure venir s'amarrer le long de ses quais hospitaliers.
Débarquons donc, si vous y êtes disposé, et montons faire un tour en ville.
Ces débris de murailles et de fortifications que vous apercevez à l'entrée du port sont de construction fran?aise. Ce sont en effet nos compatriotes qui ont commencé cette ville aujourd'hui tout à fait anglaise, ou, pour mieux dire, terre-neuvienne. Et s'il ne reste point de traces plus nombreuses de leur possession, la cause en est le fameux incendie qui, il y a environ quarante ans, dévora Saint-Jean tout entier.
Ce terrible événement ne s'est point effacé de la mémoire
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