Tendresses impériales | Page 9

Napoleon Bonaparte
V (19 février 1797).

La paix avec Rome vient d'être signée. Bologne, Ferrare, la Romagne
sont cédées à la République. Le Pape nous donne 30 millions dans peu
de temps et des objets d'art.
Je pars demain matin pour Ancône, et, de là, pour Rimini, Ravenne et
Bologne. Si ta santé ta le permet, viens à Rimini ou Ravenne; mais
ménage-toi, je t'en conjure.
Pas un mot de ta main, bon Dieu! qu'ai-je donc fait? Ne penser qu'à toi,
n'aimer que Joséphine, ne vivre que pour ma femme, ne jouir que du
bonheur de mon amie, cela doit-il me mériter de sa part un traitement si
rigoureux? Mon amie, je t'en conjure, pense souvent à moi et écris-moi
tous les jours. Tu es malade ou tu ne m'aimes pas! Crois-tu donc que
mon coeur soit de marbre? Et mes peines t'intéressent-elles si peu? Tu
me connaîtrais bien mal! Je ne le puis croire. Toi, à qui la nature a
donné l'esprit, la douceur et la beauté, toi qui seule pouvais régner dans
mon coeur, toi qui sais trop, sans doute, l'empire absolu que tu as sur
moi!
Écris-moi, pense à moi et aime-moi.
Pour la vie tout à toi,
BONAPARTE.

LETTRES DE BONAPARTE, PREMIER CONSUL

LETTRE XX
À Joséphine, à Paris.
Le 26 florial an VIII (10 mai 1800)
Je pars dans l'instant pour aller coucher à Saint-Maurice. Je n'ai point
reçu de lettres de toi, cela n'est pas bien; je t'ai écrit tous les courriers.

Eugène doit arriver après-demain. Je suis un peu enrhumé, mais cela ne
sera rien.
Mille choses tendres à toi, ma bonne petite Joséphine, et à tout ce qui
t'appartient.
BONAPARTE.

LETTRE XXI
À Joséphine, à Plombières.
Paris, le 27.....an X (1801).
Il fait si mauvais temps ici que je suis resté à Paris. Malmaison, sans toi,
est trop triste. La fête a été belle, elle m'a un peu fatigué. Le vésicatoire
que l'on m'a mis au bras me fait toujours souffrir beaucoup.
J'ai reçu pour toi, de Londres, des plantes que j'ai envoyées à ton
jardinier. S'il fait aussi mauvais à Plombières qu'ici, tu souffriras
beaucoup des eaux.
Mille choses aimables à maman et à Hortense.
BONAPARTE.

LETTRE XXII
À Joséphine, à Plombières.
Malmaison, 30 prairial an XI (10 juin 1803).
Je n'ai pas encore reçu de tes nouvelles; je pense cependant que tu as
déjà dû commencer à prendre les eaux. Nous sommes ici un peu tristes,
quoique l'aimable fille fasse les honneurs de la maison à merveille. Je
me sens depuis deux jours légèrement tourmenté de ma douleur. Le

gros Eugène est arrivé hier au soir, il se porte à merveille.
Je t'aime comme le premier jour, parce que tu es bonne et aimable
par-dessus tout.
Hortense m'a dit qu'elle t'écrivait souvent.
Mille choses aimables, et un baiser d'amour. Tout à toi.
BONAPARTE.

LETTRE XXIII
À Joséphine, à Plombières.
Malmaison, 4 messidor an XI (23 juin 1803).
J'ai reçu ta lettre, ma bonne petite Joséphine. Je vois avec peine que tu
as souffert de la route; mais quelques jours de repos te feront du bien.
Je suis assez bien portant. J'ai été hier à la chasse à Marly et je m'y suis
blessé très légèrement à un doigt en tirant un sanglier.
Hortense se porte assez bien. Ton gros fils a été un peu malade, mais il
va mieux. Je crois que ce soir ces dames jouent le Barbier de Séville.
Le temps est très beau. Je te prie de croire que rien n'est plus vrai que
les sentiments que j'ai pour ma petite Joséphine.
Tout à toi.
BONAPARTE.

LETTRE XXIV
À Joséphine, à Plombières.
Malmaison, le 3 messidor an XI (27 juin 1803).

Ta lettre, bonne petite femme, m'a appris que tu étais incommodée.
Corvisart m'a dit que c'était un bon signe, que les bains te feraient
l'effet désiré et qu'ils te mettraient dans un bon état. Cependant, savoir
que tu es souffrante est une peine sensible pour mon coeur.
J'ai été voir hier la manufacture de Sèvres et Saint-Cloud.
Mille choses aimables pour tous.
Pour la vie.
BONAPARTE.

LETTRE XXV
À Joséphine, à Plombières.
Malmaison, 12 messidor an XI (1er juillet 1803).
J'ai reçu ta lettre du 10 messidor. Tu ne me parles pas de ta santé ni de
l'effet des bains. Je vois que tu comptes être de retour dans huit jours;
cela fait grand plaisir à ton ami qui s'ennuie d'être seul!...
Tu dois avoir vu le général Ney qui part pour Plombières: il se mariera
à son retour.
Hortense a joué hier Rosine dans le Barbier de Séville avec son
intelligence ordinaire.
Je te prie de croire que je t'aime et suis fort impatient de te revoir. Tout
est triste ici sans toi.
BONAPARTE.

LETTRES DE NAPOLÉON, EMPEREUR

LETTRE XXVI
À l'Impératrice, à Aix-la-Chapelle.
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