p��re Gosselet.
Il cria:
--Voleuses! Je saurai bien vous reconna?tre �� l'atelier.
Mais il ne songea pas �� les poursuivre. Le temps d'ouvrir la porte solidement cadenass��e et les petites ouvri��res seraient pench��es sur leur ��tabli, bien sages, coiffant les poup��es ou vermillonnant avec un pinceau les l��vres exsangues en carton pate. Pas respectueuses ces gamines! Il n'��tait pour elles que le ?p��re Gosselet?.
Brusquement, il revint sur ses pas, la canne lev��e comme pour chatier l'insolence de ces petites filles.
--Tant-Seulement!
--Monsieur!
--Je t'ai promis vingt francs d'augmentation, mon gar?on. Ce n'est pas tout.
Tant-Seulement, surpris, laissa tomber son s��cateur et sourit large.
--Tant-Seulement, mes ouvri��res viennent baguenauder dans la cour sous toutes sortes de pr��textes, puis elles grimpent sur le mur et cassent des branches de lilas, le lilas de ma fille.
--Ah! monsieur, c'est des Parisiennes. Et les petites Parisiennes ?a vous a des nez de millionnaire, quasiment. Mais le lilas de mademoiselle, vrai, ce n'est pas pour leurs museaux.
--Aux heures de rentr��es et de sorties des ateliers, tu te cacheras le long du mur. Tant Seulement. Tu seras arm�� d'une baguette et taperas sur les menottes qui s'accrocheront aux dalles. Tu ne taperas pas trop fort, mon gar?on. Elles me feraient payer la casse. Connais-tu les polisseuses?
--Oh! presque toutes, monsieur. Il y a Fricass��e, la Grande-Bob��che, la Petite-Souris, Mouron-pour-les-petits-oiseaux, l'Embaum��e... ?a pourrait bien ��tre l'Embaum��e qui vous vole vos fleurs, monsieur. Quand elle a une rose au corsage, elle n'a pas toujours deux sous de petit-noir dans l'estomac... Il y a encore...
--Bien, cela suffit.
--C'est que je les connais bien, allez. Je les rencontre tous les soirs, vraisemblablement, �� la station des tramways... Ce qu'elle est fi��re, cette l'Embaum��e, malgr�� sa bosse!
--Pince les voleuses, Tant-Seulement, et �� chaque prise tu toucheras une prime de quarante sous.
--Mais si je cogne sur les doigts imm��diatement, je ne verrai pas les t��tes, probablement.
--Prends le signalement et tape ensuite... mais pas trop fort.
--Bien, monsieur. Je connais le m��tier, je fais ?a naturellement.
--Quel m��tier, mon gar?on?
--Pincer les maraudeurs.
--Ah bast!
--Mais, certainement; en ��t��, monsieur me donne cong�� le dimanche, je vais soigner les rosiers du maire de Viroflay. Dr?lement taill��s les rosiers du maire. Ils poussent tous comme des chardons et allongent la t��te par-dessus le mur de briques qui borde le chemin. Il passe l�� un tas de jeunesses avec des ombrelles rouges et des petits rires qui sonnent comme des cornets �� piston, venues �� la campagne pour manger des pissenlits tout crus cueillis dans le foss��. Elles voient les roses, passent les menottes par-dessus le mur. Et hop! les voil�� prises. Je les maintiens par le poignet pendant que le garde champ��tre dresse proc��s-verbal. Si elles sont accompagn��es par des hommes, on leur fait payer une amende. Quand elles sont seules, on plaisante un brin et elles griffent le garde champ��tre.
--Et que gagnes-tu �� ce vilain m��tier, mon pauvre Tant-Seulement?
--Trois francs par jour, mais je ne touche pas �� l'argent des Parisiens.
--Les amendes sont pour les pauvres? Tiens! ton maire a une fa?on bien amusante de faire la charit��!
--Oh! monsieur, je crois certainement que le maire partage l'argent avec le garde champ��tre.
--C'est juste! Tu vas gagner de jolies pi��ces de quarante sous, mon gar?on, puisque tu as d��j�� chass�� aux maraudeurs.
--S?rement, mais je n'ai pas le garde-champ��tre pour m'aider. Enfin je vous dirai le nom des voleuses. Je pense que Mlle l'Embaum��e a d��j�� son corsage tout plein fleuri de votre lilas.
* * * * *
Rassur�� sur la conservation de ses arbustes, M. Gosselet se dirigea vers son usine pour entretenir le petit Bamberg, le second ing��nieur, sur un perfectionnement apport�� par lui, Gosselet, �� l'invention des yeux de rechange.
Le fabricant de poup��es avait en effet imagin�� de peindre sur les petites sph��res d��j�� illustr��es de prunelles noire et de prunelles bleues, des yeux bruns et verts, ce qui lui avait permis de lancer des r��clames sur le syst��me oculaire ?_invent�� par l'ing��nieux M. Gosselet_?.
Assis devant son bureau, il parcourait les journaux qu'on lui avait adress��s pour la justification des annonces. Certaine feuille mondaine consacrait �� la d��couverte du fabricant un article, dit scientifique, c��l��brant les m��rites du ?_patriotique inventeur qui, non content de donner la parole aux poup��es fran?aises, les dotait de jolies prunelles �� nuances changeant au gr�� des petites mamans. Cette d��couverte_, continuait le journaliste, _permettra aux petites filles de cr��er une mode de prunelles �� l'usage des b��b��s en carton. Au printemps, les yeux verts seront de mise. L'��t�� on ne portera que des yeux bleus. A l'automne les yeux bruns. A l'hiver les yeux noirs_.?
Cet article �� cheval sur la une et sur la deux, c'est-��-dire commenc�� en premi��re page et termin�� en deuxi��me, avait co?t�� pr��s de cinquante louis au ?patriote fabricant?. Mais �� l'incessante sonnerie du t��l��phone qui mettait l'usine en communication avec la maison de vente du faubourg Saint-Denis, M. Gosselet pouvait
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