et pour ces privations; des passions ardentes fermentaient dans son sein; une ��nergie extraordinaire, le besoin d'une large existence, le d��bordaient. Il sut comprimer les ��lans de son caract��re sous la terrible loi de la conscience. Toute cette existence de sacrifices et de mortifications fut un v��ritable martyre, dont pas un ami ne re?ut la confidence; Dieu seul en fut t��moin. Jeanne s'effraya de la maigreur et de la paleur de son fils, lorsqu'elle le revit les ann��es suivantes. Elle sut seulement qu'il avait la mauvaise habitude de travailler la nuit. Parquet se demanda si c'��tait le vice ou la sagesse qui avait terni d��j�� la fleur de la jeunesse sur ce noble visage. Il n'osa le lui demander �� lui-m��me, car Simon n'��tait pas tr��s-expansif; il ��tait d��vor�� de fiert��, et, quoiqu'il ressent?t au fond du coeur une vive reconnaissance pour son ami, il ne pouvait surmonter la souffrance qu'il ��prouvait aupr��s de lui. Il le fuyait avec douleur et n'avait pas seulement la force de lui dire: ?Je travaille, et j'esp��re le succ��s de mes peines;? car il rougissait de sa honte m��me, il ne craignait rien tant que de se l'entendre reprocher. Le caract��re de Parquet ��tant plus ouvert et plus hardi, il ne comprit pas les sentiments de Simon, et les attribua �� la honte ou au remords d'avoir mal employ�� son temps et son argent. Il eut la d��licatesse de ne pas lui faire de question et de ne pas sembler s'apercevoir de son embarras. Bonne, qui ne sut �� quoi attribuer la conduite de son compagnon d'enfance, s'en affligea assez s��rieusement pour faire craindre �� son p��re que ce jeune homme ne lui inspirat un sentiment plus vif que la simple amiti��.
Cependant, �� l'automne de 1824, Simon revint avec son dipl?me d'avocat et sa th��se en latin d��di��e �� l'ami Parquet. Personne ne s'attendait �� un succ��s aussi prompt. Simon ne l'avait pas m��me annonc�� �� sa m��re dans ses lettres. Ce fut un grand jour de joie et d'attendrissement pour les deux vieillards. Bonne eut les larmes aux yeux en serrant la main de son jeune ami. Mais la tristesse et la paleur de Simon ne s'anim��rent pas un instant. Il sembla impatient de voir finir le d?ner que Parquet donnait, pour lui faire f��te, aux notables du pays et aux plus proches amis. Il s'��clipsa sur le premier pr��texte qu'il put trouver et alla se promener seul dans la montagne. Tous les jours suivants il montra le m��me amour pour la solitude, le m��me besoin de silence et d'oubli. Parquet l'engageait avec chaleur �� s'emparer de la premi��re affaire qui serait plaid��e �� la fin des vacances, et �� faire son d��but au barreau. Simon lui serrait la main et r��pondait: ?Avant tout, il faut que je me repose. Je suis accabl�� de fatigue.?
Cela n'��tait que trop vrai. Mais �� ce malaise venait se joindre une tristesse profonde. Simon portait au dedans de lui-m��me la l��pre qui consume les ames actives lorsque leur destin��e ne r��pond pas �� leurs facult��s. Il ��tait d��vor�� d'une inqui��tude sans cause et d'une impatience sans but qu'il e?t ��t�� bien embarrass�� d'expliquer et de confier �� tout autre qu'�� lui-m��me, car il comprenait �� peine son mal et n'osait se l'avouer. Il ��tait ambitieux. Il se sentait �� l'��troit dans la vie et ne savait vers quelle issue s'envoler. Ce qu'il avait souhait�� d'��tre ne lui semblait plus, maintenant qu'il avait mis les deux pieds sur cet ��chelon, qu'une conqu��te d��risoire hasard��e sur le champ de l'infini. Simple paysan, il avait d��sir�� une profession ��clair��e; avocat, il r��vait les succ��s parlementaires de la politique, sans savoir encore s'il aurait assez de talent oratoire pour d��fendre la propri��t�� d'une haie ou d'un sillon. Ainsi partag�� entre le m��pris de sa condition pr��sente, le d��sir de monter au-dessus et la crainte de rester au-dessous, il ��tait en proie �� de v��ritables angoisses et les cachait avec soin, sachant mieux que personne que cet ��tat tenait de la folie et qu'il fallait le surmonter par l'effort de sa propre volont��. Cette maladie de l'ame est commune aujourd'hui �� tous les jeunes gens qui abandonnent la position de leur famille pour en conqu��rir une plus ��lev��e. C'est une piti�� que de les en voir tous atteints, m��me les plus m��diocres, chez qui l'ambition (d��j�� si r��pr��hensible dans les grandes ames lorsqu'elle y na?t trop vite) devient ridicule et insupportable, n'��tant fond��e sur aucune pr��tention l��gitime. Simon n'��tait pas de ces g��nies avort��s qui se d��vorent du regret de n'avoir pu exister. Il sentait sa force, il savait ce qu'il avait accompli, ce qu'il accomplirait encore. Mais quand? Toute la question ��tait une question de temps. Il savait bien qu'�� l'heure dite il reprendrait la charrue pour tracer dans le roc
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