��gaux les soutiennent de leur cr��dit et de leur influence, pourvu qu'ils fassent un bon usage de leur argent, c'est-��-dire pourvu qu'ils ne soient ni trop ��conomes ni trop g��n��reux. Ces habitudes contract��es depuis le commencement de la soci��t�� n'avaient pas tendu �� s'affaiblir sous l'empire. La restauration venait leur donner un nouveau sacre en rendant ou accordant �� l'aristocratie des titres et des privil��ges tacites, dont tout le monde feignait de ne point accepter l'injustice et le ridicule, et que tout le monde recherchait, respectait ou enviait. Il en est, il en sera encore longtemps ainsi. Le syst��me monarchique ne tend pas �� ennoblir le coeur de l'homme.
Quelques vieux paysans patriotes d��clam��rent un peu contre les bastions qu'on allait reconstruire, contre les meurtri��res du haut desquelles on allait assommer le pauvre peuple. Mais on n'y crut pas. La seule logique que connaisse bien le paysan, c'est le sentiment de sa force. On ne s'effraya donc pas du retour des anciens ma?tres: on en plaisanta un peu, on le d��sira encore davantage. Les fermiers enrichis sont de mauvais seigneurs pour la plupart; l'��conomie, qui faisait leur vertu dans le travail, devient leur grand vice dans la jouissance. Le journalier les trouve rudes et parcimonieux; il aime mieux avoir affaire �� ces hommes aux mains blanches qui ne savent pas au juste combien p��se le soc d'une charrue au bras d'un rustre, et qui payent selon les convenances plus que selon le tarif.
Et puis le maire, l'adjoint, le percepteur, le cur�� et toutes les autorit��s civiles et religieuses du canton, tressaillaient d'aise �� l'id��e de ces estimables d?ners qui leur revenaient de droit si la noble famille recouvrait son h��ritage. On a beau dire, les fonctionnaires ont un grand cr��dit sur l'esprit du peuple. Ils proclament, ils placardent, ils emprisonnent et ils d��livrent, ils prot��gent et ils nuisent. Jamais des hommes qui ont �� leur disposition les pancartes imprim��es, les m��n��triers, les gendarmes, les clefs de l'h?pital et les listes de d��nonciation, ne seront des personnages indiff��rents. Ils pourront se passer du suffrage de leurs administr��s, et leurs administr��s ne pourront se dispenser de leur complaire. Quand donc le cur��, le maire, les adjoints, le percepteur, le juge de paix, et tutti quanti, eurent d��cid�� que le retour de la famille de Foug��res ��tait un bonheur inappr��ciable pour la commune, les vieilles femmes dirent des pri��res pour qu'il pl?t au ciel de la ramener bien vite; la jeunesse du village se r��jouit �� l'id��e des f��tes champ��tres qui auraient lieu pour c��l��brer son installation, et les journaliers tinrent une esp��ce de conseil dans lequel il fut r��solu qu'on demanderait au nouveau seigneur l'augmentation d'un sou par jour dans le salaire du travail agricole.
M. de Foug��res, qui, en recevant de son avou�� M. Parquet la promesse d'un succ��s, s'��tait rendu �� Paris afin d'��tre plus �� port��e de n��gocier son affaire, fut inform�� de ces d��tails, et re?ut m��me une lettre ��crite par le garde-champ��tre de Foug��res, et rev��tue, en guise de signatures, d'une vingtaine de croix, par laquelle ou le suppliait d'acc��der �� cette demande d'augmentation dans le salaire des journ��es. On ajoutait que la commune faisait des voeux pour la r��ussite des n��gociations de M. Parquet, et on esp��rait qu'en fin de cause, pour peu que les fr��res Mathieu montrassent de l'obstination, sa majest�� le Roi Dix-huit ferait finir ces difficult��s et lacherait un ordre de mettre dehors les spogliateurs de la famille de M. le comte.
M. de Foug��res avait trop bien appris la vie r��elle durant son exil pour ne pas savoir que les affaires ne se faisaient pas ainsi; mais, en v��ritable n��gociant qu'il ��tait, il comprit le parti qu'il pouvait tirer des dispositions de ses ex-vassaux. Il chargea ses ��missaires de promettre une augmentation de deux sous par jour aux journaliers; et d��s lors ce qu'il avait pr��vu arriva. Il n'y eut sorte de vexations sourdes et perfides dont les fr��res Mathieu ne fussent accabl��s. On arrachait l'��pine qui bordait leurs pr��s, afin que toutes les brebis du pays pussent, en passant, manger et coucher l'herbe; et si un des agneaux de la ferme Mathieu venait, par la n��gligence du berger, �� tondre la largeur de sa langue chez le voisin, on le mettait en fourri��re, et le garde-champ��tre, qui ��tait �� la t��te de la conspiration pour cause de vengeance particuli��re, dressait proc��s-verbal et constatait un d��lit tel que quinze vaches n'eussent pu le faire. D'autres fois on habituait les oies de toute la commune �� chercher pature jusque dans le jardin des Mathieu; et si une de leurs poules s'avisait de voler sur le chaume d'un toit, on lui tordait le cou sans piti��, sous pr��texte qu'elle avait cherch�� �� d��grader la maison. On poussa la d��rision jusqu'�� empoisonner leurs chiens, sous pr��texte qu'ils avaient
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