Sganarelle | Page 9

Molière
mutuellement, croyons-nous gens de bien ; Je risque plus du mien que tu ne fais du tien. Accepte sans fa?on le parti qu'on propose.
- la femme de Sganarelle -
Soit. Mais gare le bois si j'apprends quelque chose !
- C��lie -
(�� L��lie, apr��s avoir parl�� bas ensemble.)
Ah ! dieux ! s'il est ainsi, qu'est-ce donc que j'ai fait ? Je dois de mon courroux appr��hender l'effet. Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris pour ma vengeance Le malheureux secours de mon ob��issance ; Et depuis un moment, mon coeur vient d'accepter Un hymen que toujours j'eus lieu de rebuter. J'ai promis �� mon p��re ; et ce qui me d��sole... Mais je le vois venir.
- L��lie -
Il me tiendra parole.

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SC��NE XXIII. - Gorgibus, C��lie, L��lie, Sganarelle, la femme de Sganarelle, la suivante de C��lie.

- L��lie -
Monsieur, vous me voyez en ces lieux de retour, Br?lant des m��mes feux ; et mon ardent amour Verra, comme je crois, la promesse accomplie Qui me donna l'espoir de l'hymen de C��lie.
- Gorgibus -
Monsieur, que je revois en ces lieux de retour, Br?lant des m��mes feux, et dont l'ardente amour Verra, que vous croyez, la promesse accomplie Qui vous donne l'espoir de l'hymen de C��lie, Tr��s humble serviteur �� Votre seigneurie.
- L��lie -
Quoi ? Monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir ?
- Gorgibus -
Oui, Monsieur, c'est ainsi que je fais mon devoir : Ma fille en suit les lois.
- C��lie -
Mon devoir m'int��resse, Mon p��re, �� d��gager vers lui votre promesse.
- Gorgibus -
Est-ce r��pondre en fille �� mes commandements ? Tu te d��mens bient?t de tes bons sentiments. Pour Val��re tant?t... Mais j'aper?ois son p��re : Il vient assur��ment pour conclure l'affaire.

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SC��NE XXIV. - Villebrequin, Gorgibus, C��lie, L��lie, Sganarelle, la femme de Sganarelle, la suivante de C��lie.

- Gorgibus -
Qui vous am��ne ici, seigneur Villebrequin ?
- Villebrequin -
Un secret important, que j'ai su ce matin, Qui rompt absolument ma parole donn��e. Mon fils, dont votre fille acceptait l'hym��n��e, Sous des liens cach��s trompant les yeux de tous, Vit depuis quatre mois avec Lise en ��poux, Et, comme des parents le bien et la naissance M'?tent tout le pouvoir d'en casser l'alliance, Je vous viens...
- Gorgibus -
Brisons l��. Si, sans votre cong��, Val��re votre fils ailleurs s'est engag��, Je ne vous puis celer que ma fille C��lie D��s longtemps par moi-m��me est promise �� L��lie ; Et que, riche en vertus, son retour aujourd'hui M'emp��che d'agr��er un autre ��poux que lui.
- Villebrequin -
Un tel choix me pla?t fort.
- L��lie -
Et cette juste envie D'un bonheur ��ternel va couronner ma vie.
- Gorgibus -
Allons choisir le jour pour se donner la foi.
- Sganarelle -
(seul.)
A-t-on mieux cru jamais ��tre cocu que moi ! Vous voyez qu'en ce fait la plus forte apparence Peut jeter dans l'esprit une fausse cr��ance. De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien ; Et, quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.

FIN DE SGANARELLE.
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Notes [from 1890 edition]
----------- (0) Ce personnage comique est une cr��ation de Moli��re, et le nom de Sganarelle est rest�� au caract��re qu'il repr��sente : on disait les "Sganarelles", comme on avait dit les "Jodelets", les "Gros-Ren��s", etc. ----------- (1) "Cl��lie", roman de mademoiselle de Scud��ry. ----------- (2) Ces deux ouvrages tenaient autrefois dans l'��ducation de la jeunesse la m��me place que les fables de la Fontaine y tiennent aujourd'hui. ----------- (3) Livre de d��votion, par Louis de Grenade, dominicain espagnol, mort en 1588. (B.) ----------- (4) "Si ferai bien, je meure". Ce qui veut dire "Oui, assur��ment je le ferai bien". "Si" est un vieux mot que Moli��re emploie assez souvent, et qu'on trouve m��me dans le "Tartufe". Nicot, dans son "Tr��sor de la langue fran?oise", dit qu'il sert �� renforcer le verbe qui le suit. ----------- (5) Nicot fait venir ce mot de l'espagnol "truhant", un "bateleur", un "plaisanteur", un vagabond, et par induction, "canaille", "belistre", "m��chancet��", "malice". ----------- (6) "Marri" est un vieux mot ; il signifie "fach��", "chagrin". Le piquant jeu de mots auquel il donne lieu ici est devenu proverbe parmi tous les confr��res de Sganarelle. (Lem.) Ce mot vient du latin barbare "marritio", que Vossius interpr��te "douleur", "ressentiment d'un affront re?u". ----------- (7) "Prendre la ch��vre", pour "imiter la ch��vre", animal vif, impatient ; se facher de rien, prendre tout au pied de la lettre. C'est le propre des esprits bourrus. Nous disons aujourd'hui "prendre la mouche" �� peu pr��s dans le m��me sens. ----------- (8) "Avoir des visions cornues", c'est-��-dire, "avoir des id��es chim��riques", "folles", "ridicules". ----------- (9) "Jocrisse", mot populaire qui renferme toute la peinture d'un individu. Un jocrisse est en m��me temps sot, avare, laid, et poltron. C'est un homme qui ferme les yeux sue les d��sordres de sa femme, et s'abaisse aux plus petits d��tails du m��nage. ----------- (10) "Ce n'est pas pour des prunes". Proverbialement, ce n'est pas pour peu de chose. ----------- (11)
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