conn?t pas.
?Je n��aime pas les vers...? fit-elle d��un ton bref; et elle restait debout, le sourcil fronc��, regardant la danse et froissant nerveusement les belles grappes lilas qui pendaient devant elle. Puis, avec l��effort d��une d��cision qui lui co?tait: ?Bonsoir...? et elle disparut.
Le pauvre pifferaro resta tout saisi. ?Qu��est-ce qu��elle a?... Que lui ai-je dit?...? Il chercha, ne trouva rien, sinon qu��il ferait bien d��aller se coucher. Il ramassa m��lancoliquement sa cornemuse et rentra dans le bal, moins troubl�� du d��part de l����gyptienne que de toute cette foule qu��il devait traverser pour gagner la porte.
Le sentiment de son obscurit�� parmi tant d��illustrations le rendait plus timide encore. Maintenant on ne dansait plus; quelques couples ?�� et l��, acharn��s aux derni��res mesures d��une valse qui mourait, et parmi eux Caoudal, superbe et gigantesque, tourbillonnant la t��te haute avec une petite tricoteuse, coiffe au vent, qu��il enlevait sur ses bras roux.
Par le grand vitrage du fond large ouvert, entraient des bouff��es d��air matinales et blanchissantes, agitant les feuilles des palmiers, couchant les flammes des bougies comme pour les ��teindre. Une lanterne en papier prit feu, des bob��ches ��clat��rent, et tout autour de la salle, les domestiques installaient des petites tables rondes comme aux terrasses des caf��s. On soupait toujours ainsi par quatre ou cinq chez D��chelette; et les sympathies en ce moment se cherchaient, se groupaient.
C����taient des cris, des appels f��roces, le ?Pil... ouit? du faubourg r��pondant au ?You you you you? en cr��celle des filles d��Orient, et des colloques �� voix basse, et des rires voluptueux de femmes qu��on entra?nait d��une caresse.
Gaussin profitait du tumulte pour se glisser vers la sortie, quand son ami l����tudiant l��arr��ta, ruisselant, les yeux en boule, une bouteille sous chaque bras: ?Mais o�� ��tes-vous donc?... Je vous cherche partout... j��ai une table, des femmes, la petite Bachellery des Bouffes... En Japonaise, savez bien... Elle m��envoie vous chercher. Venez vite...? et il repartit en courant.
Le pifferaro avait soif; puis l��ivresse du bal le tentait, et le minois de la petite actrice qui de loin lui faisait des signes. Mais une voix s��rieuse et douce murmura pr��s de son oreille: ?N��y va pas...?
Celle de tout �� l��heure ��tait l��, tout contre lui, l��entra?nant dehors, et il la suivit sans h��siter. Pourquoi? Ce n����tait pas l��attrait de cette femme; il l��avait �� peine regard��e, et l��autre l��-bas qui l��appelait, dressant les couteaux d��acier de sa chevelure, lui plaisait bien davantage. Mais il ob��issait �� une volont�� sup��rieure �� la sienne, �� la violence imp��tueuse d��un d��sir.
N��y va pas!...
Et subitement ils se trouv��rent tous deux sur le trottoir de la rue de Rome. Des fiacres attendaient dans le matin bl��me. Des balayeurs, des ouvriers allant au travail regardaient cette maison de f��te grondante et d��bordante, ce couple travesti, un Mardi Gras en plein ��t��.
?Chez vous, ou chez moi?...? demanda-t-elle. Sans bien s��expliquer pourquoi, il pensa que chez lui ce serait mieux, donna son adresse lointaine au cocher; et pendant la route qui fut longue ils parl��rent peu. Seulement elle tenait une de ses mains entre les siennes qu��il sentait tr��s petites et glac��es; et, sans le froid de cette ��treinte nerveuse, il aurait pu croire qu��elle dormait, renvers��e au fond du fiacre, avec le reflet glissant du store bleu sur la figure.
On s��arr��ta rue Jacob, devant un h?tel d����tudiants. Quatre ��tages �� monter, c����tait haut et dur.? Voulez-vous que je vous porte?...? dit-il en riant, mais tout bas, �� cause de la maison endormie. Elle l��enveloppa d��un lent regard, m��prisant et tendre, un regard d��exp��rience qui le jaugeait et clairement disait: ?Pauvre petit...?
Alors lui, d��un bel ��lan, bien de son age et de son Midi, la prit, l��emporta comme un enfant, car il ��tait solide et d��coupl�� avec sa peau blonde de demoiselle, et il monta le premier ��tage d��une haleine, heureux de ce poids que deux beaux bras, frais et nus, lui nouaient au cou.
Le second ��tage fut plus long, sans agr��ment. La femme s��abandonnait, se faisait plus lourde �� mesure. Le fer de ses pendeloques, qui d��abord le caressait d��un chatouillement, entrait peu �� peu et cruellement dans sa chair.
Au troisi��me, il ralait comme un d��m��nageur de piano; le souffle lui manquait, pendant qu��elle murmurait, ravie, la paupi��re allong��e: ?Oh! m��ami, que c��est bon... qu��on est bien...? Et les derni��res marches, qu��il grimpait une �� une, lui semblaient d��un escalier g��ant dont les murs, la rampe, les ��troites fen��tres tournaient en une interminable spirale. Ce n����tait plus une femme qu��il portait, mais quelque chose de lourd, d��horrible, qui l����touffait, et qu���� tout moment il ��tait tent�� de lacher, de jeter avec col��re, au risque d��un ��crasement brutal.
Arriv��s sur l����troit palier: ?D��j��...? dit-elle en ouvrant les yeux. Lui pensait: ?Enfin!...? mais n��aurait pu le dire, tr��s pale, les deux mains sur sa poitrine qui ��clatait.
Toute leur histoire, cette mont��e
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