Sans-peur le corsaire | Page 9

Gabriel de la Landelle
mer.
Au lieu de se recouvrir, L��on abaissa son chapeau.
--Nous tenir par��s �� les armer en guerre au premier signal! ajouta ma?tre Taillevent.
--Bon!... du nouveau!... Attrape �� s'amuser! firent les corsaires.
Un troisi��me geste de L��on apprit au ma?tre que son capitaine l'appelait �� terre avec quelques hommes de bonne volont��.--Un canot d��borda.
* * * * *
Don Ramon de Garba y Palos, qui ne cessait de maugr��er contre le voisinage assez peu rassurant du brig corsaire, alors qu'une rupture ��tait imminente entre l'Espagne et la R��publique, avait, d��s l'origine, pris toutes les pr��cautions en son pouvoir. Il s'��tait assur�� que la milice du canton ��tait en ��tat de se lever en armes; il avait �� grands frais fourni des fusils et de la poudre �� tous ses vassaux; enfin, il avait obtenu du gouverneur de la Corogne une garde extraordinaire de miquelets qu'il nourrissait et payait, soldats, caporaux et sergent, d��pense tout au moins fort d��sagr��able.
Lorsqu'il vit sa soeur revenir de compagnie avec le capitaine corsaire, dont le navire avait repris son poste, il fut alarm��, fit sonner la cloche du chateau, rassembla les miquelets et s'arma jusqu'aux dents.
--A la bonne heure! dit Sans-Peur le Corsaire, on va nous recevoir avec les honneurs qui nous sont dus.
Mais il ne s'en tint pas �� ce propos badin, et voyant accourir de divers c?t��s des Galiciens arm��s d'escopettes, il d��chargea en l'air un de ses pistolets, ce qui signifiait pour son lieutenant: ?--Branle-bas de combat.?
Taillevent et ses camarades, cartouchi��res et pistolets en ceinture, sabre ou hache d'abordage au c?t��, le mousqueton sur l'��paule, gravissaient la colline au pas de course.
Don Ramon, qui avait fait barricader ses portes, attendait �� son balcon. Son peloton de miquelets se tenait derri��re lui. Par tous les sentiers affluaient des mariniers, de simples paysans, des mendiants, des boh��miens pr��ts �� se m��ler �� la bagarre.
L��on et Isabelle s'avanc��rent sans descendre de cheval. Les gens du Lion, ma?tre Taillevent en t��te, les rejoignaient.
--Bien! tr��s bien! dona Isabelle, la f��te aura toute la solennit��, tout le retentissement que je veux. Par sainte Clotilde et saint Cloud, patrons de ma race, notre mariage ne manquera pas de t��moins!
A ces mots, ��levant la voix et saluant avec courtoisie:
--Marquis de Garba y Palos, dit le capitaine, Votre Seigneurie voudrait-elle faire au comte L��on de Roqueforte l'honneur de le recevoir?
--Monsieur le Fran?ais, r��pondit le marquis avec hauteur, la porte de mon chateau ne s'ouvrira que pour ma soeur Isabelle de Garba y Palos.
--Monsieur mon fr��re, dit aussit?t la jeune fille, Isabelle de Garba croit avoir le droit d'introduire dans la maison de son p��re le h��ros qui vient de lui sauver la vie.
Des murmures en sens divers se faisaient entendre dans la foule. Les miquelets, impassibles, attendaient des ordres; L��on, qui avait eu soin de recharger son pistolet, vit ses gens �� leur poste et sourit.
--Mademoiselle ma soeur, vous manquez de respect au chef de votre famille!... Rentrez, et rentrez seule, je l'exige!... Si cet homme vous a sauv�� la vie, nous saurons lui t��moigner notre reconnaissance plus tard... Maintenant, ob��issez!...
Ma?tre Taillevent ne put s'emp��cher de dire:
--En voil�� une finesse cousue de fil d'Espagne!...
--J'ai fait choix d'un ��poux, r��pondait Isabelle; je comptais vous le pr��senter en soeur soumise et respectueuse; votre accueil ��trange m'oblige �� vous d��clarer que je ne rentrerai point sans lui dans notre chateau.
--Et moi, s'��cria don Ramon, je vous d��clare indigne du nom de Garba y Palos, d��chue de tous vos droits et �� jamais ��trang��re �� ma famille.
L��on dit avec calme:
--En quoi indigne?... Pourquoi d��chue?... Mademoiselle de Garba y Palos rentrera dans sa demeure; j'ai l'honneur de vous le d��clarer sur ma parole, moi!...
--De quoi se m��le cet homme?... interrompit le marquis. Osez violer mon domicile, vous ne serez qu'un pirate!... Je suis pr��t, vous le voyez, �� repousser la force par la force.
--Dieu me garde d'user de violence envers le fr��re de dona Isabelle, reprit L��on, qui mesurait ses paroles sans lacher la crosse de son pistolet et sans perdre de vue les moindres gestes du chatelain. Mais, �� cause de moi, vous fermez votre porte �� mademoiselle, dont je suis le cavalier. Gens d'Espagne, je vous prends tous �� t��moin; ��coutez-moi!
Le silence, un moment troubl�� par des cris et des murmures, se r��tablit �� ces mots.
--Je jure devant Dieu, et je proclame publiquement que, du consentement du noble Andr��s de Sa?ri, cacique de Tinta, au P��rou, je suis le fianc�� de sa petite-fille et unique h��riti��re dona Isabelle de Garba...
--Imposture! interrompit don Ramon en dirigeant un pistolet sur L��on de Roqueforte.
Isabelle jeta un cri.
--Taillevent, retiens-la! dit le corsaire qui ajustait don Ramon.
Le ma?tre emp��cha l'amazone de se placer devant son fianc��, sous le coup d'une arme fratricide.
Matelots fran?ais, soldats et miliciens espagnols appr��t��rent leurs fusils; la foule poussait des hurlements.
A bord du brig, le canon de bronze ��tait
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