rivieres, et les sirenes ont quitte les rivieres et couchent sous les feuilles dans les forets.
SALOME. Qui a crie cela?
SECOND SOLDAT. C'est le prophete, princesse.
SALOME. Ah! le prophete. Celui dont le tetrarque a peur?
SECOND SOLDAT. Nous ne savons rien de cela, princesse. C'est le prophete Iokanaan.
LE JEUNE SYRIEN. Voulez-vous que je commande votre litiere, princesse? Il fait tres beau dans le jardin.
SALOME. Il dit des choses monstrueuses, a propos de ma mere, n'est-ce pas?
SECOND SOLDAT. Nous ne comprenons jamais ce qu'il dit, princesse.
SALOME. Oui, il dit des choses monstrueuses d'elle.
UN ESCLAVE. Princesse, le tetrarque vous prie de retourner au festin.
SALOME. Je n'y retournerai pas.
LE JEUNE SYRIEN. Pardon, princesse, mais si vous n'y retourniez pas il pourrait arriver un malheur.
SALOME. Est-ce un vieillard, le prophete?
LE JEUNE SYRIEN. Princesse, il vaudrait mieux retourner. Permettez-moi de vous reconduire.
SALOME. Le prophete . . . est-ce un vieillard?
PREMIER SOLDAT. Non, princesse, c'est un tout jeune homme.
SECOND SOLDAT. On ne le sait pas. Il y en a qui disent que c'est Elie?
SALOME. Qui est Elie?
SECOND SOLDAT. Un tres ancien prophete de ce pays, princesse.
UN ESCLAVE. Quelle reponse dois-je donner au tetrarque de la part de la princesse?
LA VOIX D'IOKANAAN. Ne te rejouis point, terre de Palestine, parce que la verge de celui qui te frappait a ete brisee. Car de la race du serpent il sortira un basilic, et ce qui en naitra devorera les oiseaux.
SALOME. Quelle etrange voix! Je voudrais bien lui parler.
PREMIER SOLDAT. J'ai peur que ce soit impossible, princesse. Le tetrarque ne veut pas qu'on lui parle. Il a meme defendu au grand pretre de lui parler.
SALOME. Je veux lui parler.
PREMIER SOLDAT. C'est impossible, princesse.
SALOME. Je le veux.
LE JEUNE SYRIEN. En effet, princesse, il vaudrait mieux retourner au festin.
SALOME. Faites sortir le prophete.
PREMIER SOLDAT. Nous n'osons pas, princesse.
SALOME [s'approchant de la citerne et y regardant] Comme il fait noir la-dedans! Cela doit etre terrible d'etre dans un trou si noir! Cela ressemble a une tombe . . . [aux soldats] Vous ne m'avez pas entendue? Faites-le sortir. Je veux le voir.
SECOND SOLDAT. Je vous prie, princesse, de ne pas nous demander cela.
SALOME. Vous me faites attendre.
PREMIER SOLDAT. Princesse, nos vies vous appartiennent, mais nous ne pouvons pas faire ce que vous nous demandez . . . Enfin, ce n'est pas a nous qu'il faut vous adresser.
SALOME [regardant le jeune Syrien] Ah!
LE PAGE D'HERODIAS. Oh! qu'est-ce qu'il va arriver? Je suis sur qu'il va arriver un malheur.
SALOME [s'approchant du jeune Syrien] Vous ferez cela pour moi, n'est-ce pas, Narraboth? Vous ferez cela pour moi? J'ai toujours ete douce pour vous. N'est-ce pas que vous ferez cela pour moi? Je veux seulement le regarder, cet etrange prophete. On a tant parle de lui. J'ai si souvent entendu le tetrarque parler de lui. Je pense qu'il a peur de lui, le tetrarque. Je suis sure qu'il a peur de lui . . . Est-ce que vous aussi, Narraboth, est-ce que vous aussi vous en avez peur?
LE JEUNE SYRIEN. Je n'ai pas peur de lui, princesse. Je n'ai peur de personne. Mais le tetrarque a formellement defendu qu'on leve le couvercle de ce puits.
SALOME. Vous ferez cela pour moi, Narraboth, et demain quand je passerai dans ma litiere sous la porte des vendeurs d'idoles, je laisserai tomber une petite fleur pour vous, une petite fleur verte.
LE JEUNE SYRIEN. Princesse, je ne peux pas, je ne peux pas.
SALOME [souriant] Vous ferez cela pour moi, Narraboth. Vous savez bien que vous ferez cela pour moi. Et demain quand je passerai dans ma litiere sur le pont des acheteurs d'idoles je vous regarderai a travers les voiles de mousseline, je vous regarderai, Narraboth, je vous sourirai, peut-etre. Regardez-moi, Narraboth. Regardez-moi. Ah! vous savez bien que vous allez faire ce que je vous demande. Vous le savez bien, n'est-ce pas? . . . Moi, je sais bien.
LE JEUNE SYRIEN [faisant un signe au troisieme soldat] Faites sortir le prophete . . . La princesse Salome veut le voir.
SALOME. Ah!
LE PAGE D'HERODIAS. Oh! comme la lune a l'air etrange! On dirait la main d'une morte qui cherche a se couvrir avec un linceul.
LE JEUNE SYRIEN. Elle a l'air tres etrange. On dirait une petite princesse qui a des yeux d'ambre. A travers les nuages de mousseline elle sourit comme une petite princesse.
[Le prophete sort de la citerne. Salome le regarde et recule.]
IOKANAAN. Ou est celui dont la coupe d'abominations est deja pleine? Ou est celui qui en robe d'argent mourra un jour devant tout le peuple? Dites-lui de venir afin qu'il puisse entendre la voix de celui qui a crie dans les deserts et dans les palais des rois.
SALOME. De qui parle-t-il?
LE JEUNE SYRIEN. On ne sait jamais, princesse.
IOKANAAN. Ou est celle qui ayant vu des hommes peints sur la muraille, des images de Chaldeens tracees avec des couleurs, s'est laissee emporter
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