leur communiquer ces petites ames que l'on insuffle aux choses amies et qui vous parlent, qui vous racontent �� vous-m��me, trop clairement parfois. Enfin j'��tais l�� moins que nulle part encombr�� de ma personne.
Ma bonne cousine crut que ne descendant pas chez moi, je me d��robais aux assiduit��s d'une ma?tresse, et me plaisanta au sujet de mes go?ts versatiles.
Naturellement, avant que huit jours ne fussent ��coul��s, je lui avais dit tout ce qu'il en ��tait.
Voil�� qu'elle veut entrer tout de suite en relations avec cette jeune fille, et me la faire ��pouser.
--Mais, ma bonne cousine, puisqu'elle est fianc��e!...
--Ta! ta! ta! Mais elle rompra pour vous!... On a vu accomplir des choses plus malais��es!
--Mais, puisqu'elle veut ��tre tr��s riche! tr��s riche! entendez-vous?
--Allons donc! cela prouve, mon grand b��te de cousin, que le coeur de cette petite n'a pas encore parl��, voil�� tout. Elle est candide comme un agneau blanc, la ch��re enfant. Mais elle aimera; elle vous aimera; ?a ne laisse aucun doute!... Allons! dites-moi, o�� perche cette famille?
--Mais, pas tr��s loin, avenue Henri-Martin, un petit h?tel...
--Courez-y donc, au lieu de rester l�� �� vous morfondre, sur les chenets!
* * * * *
Je n'y courus pas; j'attendis passer quelques semaines encore; enfin je me pr��sentai avenue Henri-Martin.
Fus-je plus heureux? Fus-je plus mis��rable qu'auparavant? ��tranges effets des fortes impressions successives et des contrastes violents: douleur de l'absence et pr��sence soudaine; un ��tre cru perdu, ��loign�� �� jamais et qui est l�� tout �� coup et vous sourit. La r��action bouleverse; on y perd la t��te... La pr��sence a des effets si consid��rables dans le monde sentimental! On ne saurait ni affirmer ni nier qu'une femme que l'on tient sous son regard, et sous l'influence de sa pens��e par des paroles s��duisantes, et qui vous re?oit un moment dans ses yeux et dans toute son attention ��veill��e, vous aime ou ne vous aime point, au moins en cet instant. Je suis s?r, quant �� moi, que j'ai aim�� ainsi, durant des minutes, et que je l'ai oubli�� apr��s. Que faudrait-il pour que le sentiment persistat, re??t le don de vitalit��? De sorte que je sentais qu'il m'arriverait souvent de sortir de chez cette enfant avec l'id��e que toute son attitude avait marqu�� qu'elle m'aimait et que je serais, peu apr��s, persuad�� que d'autres personnes ��taient autoris��es �� se faire la m��me r��flexion et me remplaceraient en cette minute attentive dont j'��tais d��j�� ��perdument jaloux.
Comme je la regardais, un moment, en me taisant, elle me dit:
--Vous ne me reconnaissez pas?
--Si et non...
--Si, vous me reconnaissez, parce que j'ai toujours l'air aussi pointu et sec, puis instantan��ment chiffon, pommade ou l��nitif, comme vous voudrez; parce que je semble ��tourdie comme la girouette du campanile de Saint-Marc et tout �� coup s��rieuse comme le bonnet de grand'maman, qu'il faudra aussi vous pr��senter. N'est-ce pas, m��re, il faudra pr��senter grand'maman �� Monsieur?
Vous me suivez bien, n'est-ce pas? Eh bien! vous avez de la chance...
Donc maintenant, vous avez dit que vous ne me reconnaissiez pas: j'imagine que cela vient de ce que vous m'avez vue v��tue comme un sac de nuit et que je vous fais presque l'effet de toucher �� l'��l��gance. A l'��tranger on a du go?t aux belles choses, ici �� soi. Ah! vous avez eu bien du m��rite �� ne pas vous tenir ��cart�� de mon ��cossais.--Madame, dit-elle �� une personne qui venait de s'asseoir, venez donc l'an prochain au quai des Esclavons voir ma robe ��cossaise. Cela vaut le pavois d'une fr��gate italienne au passage d'un prince allemand...
--Eh bien, voil��, ch��re mignonne, dit cette dame, un attrait qui suffirait �� me conduire au quai des Esclavons. Et vous retournez l��-bas l'an prochain?
--A Venise? toujours! J'ai aim�� cette ville �� la folie. Non pas tout de suite, non! Pas de coup de foudre, vous savez. Je m'y suis m��me promen��e pas mal de temps comme une petite sotte, et j'ai honte d'avouer aujourd'hui que je me suis ennuy��e au Lido... Et puis, un beau jour... oui, mettons un beau jour! cric! crac! les portes s'ouvrent; et j'aime, j'aime tout de ce pays!...
--Oh! oh! mais racontez-moi ce miracle! Je sais que rien n'est si commun que le miracle, de nos jours, mais celui-ci me pla?t.
--Mais! en v��rit��, je ne saurais dire... je ne sais comment cela est venu; vous savez, il y a de ces ciels qui s'��claircissent d'un coup, sans, qu'on remarque que la brise a chang��.
--Madame, fit observer la maman, qui ne parle qu'avec parcimonie, il serait injuste de ne pas attribuer �� Monsieur la part qui lui revient en cette belle ��claircie. Monsieur est artiste et ��rudit et il excelle �� vous montrer la beaut�� de ce qu'il touche...
--A moins, ajouta la jeune fille vivement et avec une pointe malicieuse, que Monsieur ne soit lui-m��me si nuageux qu'il r��pande le mauvais temps tout
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