Sacountala (1858) | Page 2

Théophile Gautier
Malgorne, Corinne, Decamps, Rosetta, Ewens, Favre, Touzard,
Lambert, Fontaine 1.
Pas de cinq.
M. Bauchet; MMlles Villiers, Savel, Moncelet, Rousseau.
Pas de deux.
MMlles Couqui, Quéniaux.
HUIT CORYPHÉES.
MMlles Mercier, Chassagne, Pilvois, Gangelin, Simon, Lefèvre,
Danfeld, Cassegrain.
Pas de deux.
M. Mérante, Mme Ferraris. Mlles Schlosser, Poussin, Cellier et
Mauperin.

SACOUNTALA
Ballet-Pantomime en deux actes.
* * * * *
ACTE PREMIER
Le théâtre représente une forêt sacrée non loin de l'Himalaya, sur les
bords du Malini; elle est formée d'arbres des Banians, d'amras, de
malicas, de madhavis que rejoignent des lianes. A droite, s'élève une
petite pagode; à gauche, l'on aperçoit dans les feuillages les cabanes de
roseaux des richis (ermites); au fond, des marches de marbre
descendent à un étang sacré (Thirtà).
SCÈNE PREMIÈRE.

Canoua, chef des brahmes, assisté de brahmalcharis, est en prière
devant le temple. Une flamme brille sur l'autel, la fanfare et le bruit
d'une chasse se font entendre, des profanes ont pénétré dans la forêt.
Canoua éteint la flamme, et envoie un brahmatchari voir qui est assez
hardi pour troubler la retraite et les dévotions des saints ermites.
SCÈNE II.
Le roi Douchmanta, à cheval, un arc à la main, suivi de chasseurs, fait
son entrée; il a été entraîné à la poursuite d'une antilope, et son
intention n'est pas de violer l'enceinte consacrée à Brahma. Il descend
de sa monture, relève avec bonté Canoua qui a fléchi le genou devant
lui, et renvoie ses courtisans; lui-même, il veut prier devant l'autel, et
dépouille ses ornements royaux par humilité.
SCÈNE III.
Douchmanta, resté seul, s'incline et offre des fleurs et des fruits sur
l'autel; mais il se relève bientôt avec curiosité. Des sons harmonieux
annoncent l'arrivée de personnages plus aimables que les mounis et les
richis (ascètes). Pour les voir sans être vu, et ne pas les gêner de sa
présence, il cherche une cachette et la trouve dans le temple.
SCÈNE IV.
Les jeunes filles qui desservent le temple et soignent les fleurs de la
forêt sacrée apparaissent portant des vases qu'elles vont remplir d'eau;
Suconntalâ, fille de la nymphe Ménaca et de Wisaoumitra, élevée par
les soins de Canoua, le chef des brahmes, entre en dansant et reçoit les
salutations affectueuses de ses compagnes.
Elle va, penchant sur les fleurs des madhavis et des sirichâs les urnes
que lui présentent ses amies Priyamwada et Anousouya. Tout à coup,
du calice d'une malicâ s'élance une abeille qui voltige autour de la jeune
fille, la prenant pour une autre fleur. Sacountalâ, redoutant l'aiguillon
de l'abeille, cherche à l'éviter ou à la chasser.
Ses bonds effrayés la conduisent près du temple, d'où sort Douchmanta,

qui fait fuir l'abeille et retient sur son coeur Sacountalâ palpitante. De
sa retraite, le roi a observé les grâces de la jeune fille, et il sent l'amour
s'emparer de son âme.
La présence subite de Douchmanta étonne les jeunes filles, et rend
Sacountalâ confuse; elle reste rougissante et les mains croisées sur sa
poitrine, mais déjà troublée par la beauté et l'air noble de l'étranger.
Sacountalâ, un peu remise de sa frayeur, interroge Douchmanta. Le roi
lui répond qu'il est un jeune brahmatchari (élève brahme), qui vient
étudier les védas (livres saints) dans la retraite des pieux solitaires.
Comme il a dépouillé les insignes de la royauté, cette réponse n'a rien
que de plausible.
Dès cet instant, Douchmanta est admis comme un hôte dans la forêt
sacrée. Sur l'ordre de Sacountalâ, Priyamwada, Anousouya et leurs
compagnes, après avoir conduit le roi à un banc de mousse, lui
présentent des corbeilles de fleurs et de fruits; Sacountalâ va elle-même
puiser de l'eau, et l'offre à Douchmanta, dans une écorce de grenade.
Pendant qu'on lui rend tous ces soins, le roi fixe sur la jeune fille des
yeux enflammés; il se lève, se rapproche d'elle, et veut lui exprimer sa
passion. Sacountalâ l'évite, avec une coquetterie pudique, mais il finit
par la rejoindre, et danser avec elle un pas de deux qu'il termine en la
pressant sur son coeur, comme ivre d'amour.
SCÈNE V.
Un des chasseurs, portant l'arc du roi, entre sur la scène; il s'incline
devant Douchmanta, et lui dit qu'un éléphant furieux ravage la forêt.
Les flèches du roi, qui n'ont jamais manqué leur but, peuvent seules en
avoir raison. A lui appartient l'honneur d'abattre le monstre.
Douchmanta saisit l'arc, et s'éloigne en faisant signe à Sacountalâ et aux
jeunes filles qu'il reviendra bientôt.
SCÈNE VI.
Le roi parti, Sacountalâ redescend la scène, toute pensive. Elle porte la

main à son coeur comme pour en comprimer les battements. L'amour
qui l'agite lui fait peur: celui qu'elle prenait pour un simple
brahmatchari est un roi puissant. Du retour à son palais, sans doute il
oubliera bientôt l'humble fille rencontrée dans la forêt des ermites.
Accablée par cette idée douloureuse, elle se laisse
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