perfectionner ce qui pourrait manquer ici.
ACTE PREMIER
SCèNE I
Une place publique.
Entrent SAMSON et GRéGOIRE, armés d'épées et de boucliers.
SAMSON.--Tiens, Grégoire, sur ma parole, on ne nous fera plus avaler de pilules[4].
[Note 4: SAMSON. Gregory, o'my word, we'll not carry coals. GREGORY. No, for then we should be colliers. SAMSON. I mean, an we be in choler we'll draw. GREGORY. Ay, while you live, draw your neck out, o'the collar.
Carry coals (porter du charbon) était, du temps de Shakspeare, une expression proverbiale en anglais pour dire supporter des injures. Samson, jouant sur les deux sens de cette expression, répond: _Non, car nous serions des charbonniers._ Il a fallu changer cette réplique de Samson pour qu'elle se rapportat à l'expression avaler des pilules, la seule qui, en fran?ais puisse rendre carry coals. On a été de même obligé à quelques légères altérations dans les deux répliques suivantes, dont la plaisanterie porte sur la consonance des mots choler (colère) et collar (collier, collier de fer). La même liberté, et de plus grandes encore seront souvent indispensables dans le cours de cette pièce, pour donner un sens quelconque à cette suite de jeux de mots, de calembours, de quolibets, dont se compose, durant les deux premiers actes, la conversation de presque tous les personnages, et aussi pour éviter ou adoucir quelques plaisanteries trop grossières. C'est un travail ingrat autant que rebutant de chercher dans la partie burlesque de notre langue de quoi travestir convenablement des bouffonneries où l'esprit ne peut découvrir d'autre mérite que celui qu'elles empruntent de ce grotesque attirail, et où l'on est à chaque instant tenté de demander pardon au lecteur de la peine qu'on prend pour lui transmettre ces puérilités: mais c'est Shakspeare qu'il s'agit de faire conna?tre, ou du moins le go?t de ce temps d'où est sorti Shakspeare.]
GRéGOIRE.--Non, car elles pourraient bien nous donner la colique.
SAMSON.--Je veux dire que, si on nous fache, il faudra être francs du collier.
GRéGOIRE.--Franc pour toute ta vie du collier du bourreau, n'est-ce pas?
SAMSON.--Je suis prompt à taper quand je me mets en train.
GRéGOIRE.--Mais tu n'es pas prompt à te mettre en train de taper.
SAMSON.--La vue d'un de ces chiens de Montaigu me remue tout le corps.
GRéGOIRE.--On se remue pour courir; quand on est brave, on tient ferme: c'est pour cela que, lorsqu'on te remue, tu te sauves.
SAMSON.--Un chien de cette maison me remuera de telle sorte que je tiendrai ferme: je prendrai le c?té du mur avec tout homme ou femme des Montaigu.
GRéGOIRE.--C'est ce qui prouve que tu n'es qu'un faible esclave, car ce sont les plus faibles qu'on met au pied du mur[5].
[Note 5: The weakest goes to the wall (le plus faible va contre le mur). Il a fallu changer un peu le sens de la phrase pour qu'elle se prêtat à la suite de la plaisanterie. Samson répond que les femmes étant the weaker vessels (les vases les moins solides), expression empruntée à l'écriture, sont toujours (thrust to the wall) jetées contre le mur, au coin du mur.]
SAMSON.--Oui, c'est vrai; et voilà pourquoi les femmes étant des vaisseaux plus fragiles, on les met toujours au pied du mur. Je prendrai le c?té du mur sur les serviteurs de la maison de Montaigu; et pour les filles, je les mettrai au pied du mur.
GRéGOIRE.--La querelle est entre nos ma?tres et nous, leurs hommes.
SAMSON.--Cela m'est égal, je veux me montrer tyran. Quand je me serai battu avec les hommes, je serai cruel envers les filles: je leur couperai la tête.
GRéGOIRE.--La tête des filles?
SAMSON.--Oui, la tête des filles, ou bien....[6]: arrange cela comme tu voudras.
[Note 6: Or their maidenheads; take it in what sense thou wilt.--GREG. They must take it in sense that feel it.--SAMS. _Me they shall feel, while I am able to stand._ Le jeu de mots roule sur les têtes des filles (the heads of the maids) ou leur virginité (maidenhead); il est impossible à rendre en fran?ais.]
GRéGOIRE.--C'est à celles qui le sentiront à s'en arranger.
SAMSON.--Elles me sentiront tant que le courage me tiendra; et on sait que je suis un gaillard bien en chair.
GRéGOIRE.--Oui, tu n'es pas poisson: si tu l'étais, tu serais un hareng de deux liards. Allons, tire ta flamberge; en voilà deux de la maison des Montaigu.
(Entrent Abraham et Balthasar.)
SAMSON.--Voilà mon épée hors du fourreau. Cherche-leur querelle, je t'épaulerai.
GRéGOIRE.--Comment, en tournant les épaules et en te sauvant?
SAMSON.--Ne crains rien de mon courage.
GRéGOIRE.--Moi, craindre ton courage! non, vraiment.
SAMSON.--Mettons la loi de notre c?té; laissons-les commencer.
GRéGOIRE.--Je vais froncer le sourcil en passant devant eux; qu'ils le prennent comme ils voudront.
SAMSON.--C'est-à-dire comme ils l'oseront. Moi, je vais leur mordre mon pouce[7]; s'ils le supportent, ils sont déshonorés.
[Note 7: Mordre son pouce était, du temps de Shakspeare, une des insultes les plus en usage pour commencer une querelle.]
ABRAHAM.--Est-ce à notre intention, monsieur, que vous mordez votre pouce?
SAMSON.--Je mords mon pouce,
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