le Simple lui-même[21]; mais Charles, étant né en 879, ne devait pas être beaucoup plus agé que son prétendu filleul. Ce dernier est, en effet, déjà témoin dans un acte de 901, et l'on sait que les exemples de témoins au-dessous de douze ans sont exceptionnels[22].
Raoul avait une soeur, Ermenjart, qui épousa Gilbert de Dijon[23], et deux frères cadets, Hugues le Noir et Boson qui, comme lui, ne jouèrent aucun r?le politique actif du vivant de leur père[24]. Leur trace ne se retrouve que dans les souscriptions de chartes. C'est, semble-t-il, Raoul qui souscrit un arrêt de Richard relatif à Saint-Bénigne de Dijon, datant des dix dernières années du IXe siècle; en tout cas c'est bien lui qui figure dans un acte de Richard en faveur de l'abbaye de Montiéramey, du 21 décembre 901, où il est qualifié de ?fils de Richard?[25]. Peut-être aussi est-ce lui et son frère Boson qui signent une donation de l'impératrice Richilde à l'abbaye de Gorze[26]. Les trois frères sont témoins dans une charte de concession octroyée par Richard à l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon[27] et paraissent remplir un r?le moins effacé au tribunal comtal d'après une charte en faveur de l'église d'Autun rédigée et scellée au nom de Raoul, agissant comme mandataire de son père (Pouilly, 5 septembre 916)[28]. Raoul intervient aussi dans un acte délivré en 918 par l'évêque d'Autun, Walon, avec l'assentiment du duc de Bourgogne[29].
Les fils de Richard portèrent simultanément le titre de comte. Après la mort de son père, Raoul continue à s'intituler de même, ainsi qu'on le voit dans une charte de donation de sa mère Adéla?de, relative à des biens sis en Varais (Autun, 24 avril 922)[30]
Des premiers actes de Raoul comme duc de Bourgogne, on ne conna?t guère que la prise de Bourges[31]. Mais il règne beaucoup d'obscurité sur les circonstances qui accompagnèrent cet événement. On trouve mentionné: en 916 un incendie de Bourges, en 918 une prise de possession éphémère de la ville par Guillaume, neveu de Guillaume Ier d'Aquitaine, et en 924 une cession de la ville et du Berry par Raoul, devenu roi, à Guillaume, moyennant l'hommage[32]. Le duc de France Robert avait, para?t-il, aidé Raoul à s'emparer de Bourges, mais on ne saurait décider si ce fut en 916 ou entre 916 et 918, ou encore plus tard. Raoul s'était en effet allié à la puissante famille des ducs de France, suzeraine de tout le pays au nord de la Loire, en épousant la propre fille de Robert, Emma, princesse douée d'une rare intelligence et d'une male énergie[33].
Charles le Simple témoignait aussi des égards à Raoul en souvenir de son père, dont il avait a maintes reprises éprouvé le loyalisme. Il semble même qu'en prescrivant à l'abbé de Saint-Martial de Limoges, étienne (élu en 920), d'élever deux fortes tours pour résister à Guillaume d'Aquitaine, il prenait ouvertement le parti de Raoul[34].
Robert l'emporta néanmoins, car dans sa lutte contre Charles, nous voyons Hugues le Noir, frère du roi Raoul, lui amener des recrues bourguignonnes pour coopérer avec les forces des grands vassaux à la lutte contre les troupes royales. Toutefois, après l'armistice intervenu à la fin de l'année 922, les Bourguignons s'étaient définitivement retirés[35].
Pour bien comprendre leur rentrée en scène et finalement l'élection de Raoul comme roi, il est nécessaire de jeter un coup d'oeil rapide en arrière et de se rappeler l'état politique de la France à cette époque, ainsi que les principaux événements qui venaient de marquer le règne de Charles le Simple.
FOOTNOTES:
[Footnote 9: Favre, Eudes, p. 78, 95-96, 147, 156, 161, 165, 192.]
[Footnote 10: _Ann. Vedast._, a. 898.]
[Footnote 11: Il l'appelle son ?très cher? (_admodum dilectus_), son ?très fidèle?, le ?conseil et l'auxiliaire de son royaume? (_regni et consilium et juvamen_). Pélicier, _Cartul. du chapitre de l'église cathédrale de Chalons-sur-Marne_, p. 31; Recueil des historiens de France, IX, 523, 536.]
[Footnote 12: _Ann. Vedast._, a. 900.]
[Footnote 13: Recueil des historiens de France, IX, p. 495-499.]
[Footnote 14: Ibid., p. 499. Eckel, p.68.]
[Footnote 15: _Cartul. de Saint-Père de Chartres_, éd. B. Guérard (Paris, 1840), I, p. 46-47.]
[Footnote 16: Dudon de Saint-Quentin, De moribus, I. II, c. 30.]
[Footnote 17: Flod., Ann., a. 921: ?... Britanniam ipsis [Normannis], quam vastaverant, cum Namnetico pago concessit [Rotbertus].? Cf. Dudon de Saint-Quentin, éd. Lair, p. 69, n. 4.]
[Footnote 18: Voy. Favre, Eudes, p. 12; Eckel, Charles le Simple, p. 34; F. Lot, _études sur le règne de Hugues Capet_ (Paris, 1903, in-8), p. 187.]
[Footnote 19: _Ann. Vedast._, a. 897; Favre, Eudes, p. 191; Eckel, Charles le Simple, p. 26.]
[Footnote 20: On sait toute l'importance attachée à ce titre de neveu dans les traditions de famille franques. Pour saisir plus clairement ces parentés il suffit de parcourir la généalogie suivante:
Conrad, comte d'Auxerre Thierry, comte d'Autun | | --------------------- ------------------------------- | | | | | Rodolphe Ier Adéla?de ép. Richard Boson
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