Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936) | Page 8

Ph. Lauer
et de la 10e année de
Raoul[67]; pour Angers une charte privée de la 2e année et une
donation du comte Foulques, de la 7e année[68]; pour Blois, nous
possédons un diplôme de Raoul lui-même de l'année 924, délivré à
Laon, sur la requête du comte «palatin» Thibaud[69]; enfin pour Paris
une charte du vicomte Thion datée de la 3e année[70].
Les Normands demeurèrent fidèles au Carolingien: nous le savons par

l'hostilité qu'ils déployèrent contre Raoul. Mais il ne subsiste aucune
charte qui nous le confirme. La Bretagne en pleine anarchie subissait
leur influence. Le cartulaire de Redon, si riche en actes du IXe siècle,
ne fournit malheureusement aucune date intéressante pour le début du
Xe siècle.
En Berry, nous avons déjà eu l'occasion d'en toucher un mot à propos
de la prise de Bourges, Raoul dut être reconnu presque aussitôt, et
Guillaume d'Aquitaine qui fit défection au début finit, on le verra, par
se soumettre.
Le Poitou paraît être resté fidèle à Charles, d'après certains
documents[71]; il y existe cependant des actes datés des années du
règne de Raoul depuis la 1ère et la 3e jusqu'à la 11e[72] et l'évêque de
Poitiers, Frotier II, s'assura de l'assentiment de Raoul en même temps
que de celui de Guillaume Tête d'Étoupe, pour donner tous ses biens à
l'abbaye de Saint-Cyprien[73]. Le Limousin hésite comme le Poitou
dont il dépendait[74]. Vers 930 le vicomte de Turenne Adémar fit
approuver son testament par le roi Raoul[75].
A Tulle, au contraire, on reconnut immédiatement le roi Raoul qui fut
appelé, plusieurs fois à intervenir dans les réformes de l'abbaye
Saint-Martin[76]. Les chartes sont échelonnées entre la 6e et la 13e
année: elles ont donc bien 923 comme point de départ[77]. Dans le
cartulaire de Beaulieu, les derniers actes de l'époque de Raoul sont
datés de sa 10e année de règne[78]. Une charte de 932 (indiction 5)
porte la 7e année du règne, ce qui nous ramène pour le début à l'année
925 ou 926. Il en est de même en Quercy, où une charte du vicomte de
Cahors, Frotard, pour Aurillac, datée de 930, porte la 7e année du règne.
Mais les chartes de l'abbaye de Moissac, allant jusqu'à la 11e année du
règne, amènent à supposer un point de départ antérieur à 926[79]. Cela
nous prouve qu'il y eut bien des erreurs dans ces calculs d'années, et on
peut se demander si parfois on ne prenait pas l'an réel du règne, compté
depuis l'élection ou le couronnement, sans tenir compte de la date de
reconnaissance dans la région. Le duc d'Aquitaine Guillaume portait
aussi le titre de comte d'Auvergne, et son frère Affré ou Effroi
(_Acfredus_) était avoué de la célèbre abbaye de Brioude: tous deux
furent des adversaires acharnés de Raoul. Quelques chartes gardent de
curieuses traces de cet état d'esprit: le nom de Charles y est cité comme
celui du roi légitime, tandis que Raoul est flétri comme usurpateur. Les

actes de Brioude montrent que Raoul ne fut reconnu partout dans la
région qu'entre décembre 926 et octobre 927[80].
A côté des pièces où Raoul est si malmené, la plupart des autres portent
les dates de son règne et la série s'étend depuis juillet de la 1re année
jusqu'en octobre de la 13e[81].
Les comtés de Velay et de Gévaudan dépendant de l'Auvergne suivirent
la politique du duc d'Aquitaine.
Tels sont les pays où l'on ne fit pas une opposition systématique à
Raoul, et où, sauf exceptions, on le reconnut avant même la mort du roi
Charles. Dans le reste du royaume on persista à considérer le règne de
Charles comme se poursuivant, et on continua même après sa mort, à
compter les années de son règne: ainsi dans la Marche d'Espagne[82].
En Languedoc, le comte de Toulouse, Raimond-Pons, son frère
Ermengaud, comte de Rouergue, et en Gascogne Loup Aznar ne firent
leur soumission qu'en 932. De nombreuses chartes de Narbonne, Elne,
Béziers, Nîmes, Rodez, Vabres et Conques constatent l'interrègne[83].
L'attitude des petits vassaux dont les fiefs secondaires n'ont pas été
cités, faute de textes, dut se régler sur celle de leurs suzerains
immédiats ou de leurs voisins puissants, autour desquels ils gravitaient.
Raoul devenu roi n'investit personne des fonctions de duc en
Bourgogne. Il s'occupa toujours lui-même de ses domaines personnels,
de son duché et de ses comtés d'Autun, d'Avallon et de Lassois[84].
C'était là qu'il trouvait le plus solide point d'appui de son pouvoir, car la
royauté n'était plus guère qu'une ombre de souveraineté. Le domaine
royal que Raoul avait recueilli était extrêmement restreint: quelques
résidences dans le nord, comme Compiègne et Attigny, avec les palais
de Laon et de Reims. Des biens du fisc il semble qu'il ne restait presque
plus rien[85]. Aussi les ressources de Raoul furent-elles principalement
dans son duché, et ses sujets bourguignons formèrent-ils toujours le
noyau
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