Rob-Roy | Page 5

Sir Walter Scott
Ier contre ce
malheureux clan que la proscription rendait furieux et qui ensuite était
puni pour céder à des passions excitées avec adresse, tous les
Mac-Gregors s'attachèrent pendant la guerre civile à la cause de ce
dernier monarque. Leurs bardes ont attribué cette conduite à un respect
traditionnel pour la couronne d'Écosse, portée jadis par leurs ancêtres et
ils en appellent à leurs armoiries qui consistent en un pin en sautoir
avec une épée nue dont la pointe soutient une couronne royale. [...]
À une époque plus rapprochée que ces temps mélancoliques (1651),
nous voyons le clan Mac-Gregor réclamer les immunités des autres
tribus, lorsqu'il est sommé par le Parlement d'Écosse de résister à
l'invasion de l'armée républicaine. Le dernier jour de mars de la même
année, une supplique au roi et au Parlement, de Callum Mac-Condachie
Vich Euen et Euen Mac-Condachie Euen, en leur propre nom et au nom
de tous les Mac-Gregors, apprend que, tandis qu'en obéissance aux
ordres du parlement qui enjoignaient au clan de se réunir sous ses
chieftains pour la défense de la religion, du roi et des royaumes les
pétitionnaires avaient rassemblé leurs gens pour garder les sentiers à la
tête de la rivière de Forth, ils furent arrêtés dans leur dessein par le
comte d'Athole et le laird de Buchanan, lesquels exigeaient le service
de plusieurs Mac- Gregors dans leur armée. Cette contestation était
probablement due au changement de nom, le comte et le laird
prétendant avoir le droit d'enrôler les Mac-Gregors sous leurs bannières
comme des Murrays et des Buchanans. Il ne paraît pas que la pétition
des Mac-Gregors qui demandaient qu'il leur fût permis de reconstituer
leur clan ait reçu une réponse mais à la restauration, le roi Charles, dans

le premier parlement écossais de son règne (statut 164, ch. 195), annula
les différents actes portés contre ces malheureux, les rétablit dans le
droit de porter leur nom de famille et autres privilèges communs à ses
sujets, donnant pour raison de cette clémence que tous ceux qui étaient
autrefois désignés sous le nom de Mac-Gregor avaient, pendant les
derniers troubles, montré tant de loyauté et d'affection pour le roi que
leur conduite effaçait leurs fautes passées et le souvenir des châtiments
qu'ils avaient encourus. [...]
Il ne paraît pas toutefois qu'après la Révolution les lois contre le clan
aient été sévèrement exécutées, et dans la dernière moitié du
dix-huitième siècle on les négligea tout à fait: des commissaires aux
subsides qui portaient le nom proscrit de Mac- Gregor furent nommés,
des décrets de la cour de justice furent prononcés, enfin des actes
légaux conclus sous la même appellative. Néanmoins les Mac-Gregors,
tant que ces lois n'eurent pas été révoquées, se résignèrent à la privation
du nom qui était le leur par droit de naissance et firent même quelques
tentatives dans le dessein d'en adopter un autre. Ceux de Mac-Alpine et
de Grant furent proposés, mais on ne parvint pas à s'entendre et l'on se
soumit au mal comme à une nécessité jusqu'au moment où un acte
abolitif de toutes les dispositions pénales sous le poids desquelles
l'ancien clan gémissait lui accorda une réhabilitation complète. Ce
statut si bien mérité par les services de plus d'un gentilhomme
Mac-Gregor, le clan s'en prévalut avec cet enthousiasme des temps
passés qui les avait fait souffrir si cruellement d'une punition que la
plupart des autres sujets du roi auraient regardée comme peu
importante. [...]
Ayant brièvement raconté l'histoire de ce clan qui présente un exemple
intéressant du caractère indélébile du système patriarcal, l'auteur doit
entrer dans quelques détails sur le personnage qui donne son nom à ce
roman.
On a vu plus haut que Rob-Roy descendait de Ciar-Mohr, le Grand
Homme couleur de Souris, que la tradition accuse d'avoir assassiné de
jeunes étudiants à la bataille de Glenfruin. Sans nous engager, non plus
que nos lecteurs, dans le labyrinthe d'une généalogie de montagnards, il

suffira de dire qu'après la mort d'Allaster Mac- Gregor de Glenstrae, le
clan, découragé par les persécutions continuelles de ses ennemis,
n'avait pas osé se placer sous la domination d'un seul chef. Suivant les
lieux de leur résidence et de leur descendance immédiate, les
différentes familles étaient conduites et dirigées par des _chieftains, _ce
qui, suivant l'acception des montagnes, signifie le premier d'une
branche particulière d'une tribu, par opposition à _chef, _qui
commande au clan entier.
La famille et les descendants de Dugald Ciar-Morh vivaient
principalement dans les montagnes, entre le loch Lomond et le loch
Katrine; elle y occupait des propriétés assez considérables, soit parce
qu'elle y était soufferte, soit par le droit de l'épée, droit qu'il n'était
jamais sûr de lui contester, ou par des titres divers qu'il serait inutile de
détailler. Le fait est que ces Mac- Gregors vivaient dans ce lieu comme
des gens que chacun désirait se concilier;
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