par les familles de ceux qui se devoient trouver à ces
assàmblées. Le Chef de la Justice de l'Islande, qui presidoit aux quatre
Provinces, & qui estoit comme le Souverain de l'Islande, son
Nomophylax, & le conservateur de ses loix, assàmbloit aussi en certain
temps les Estats generaux de l'Isle. Et la convocation se faisoit par
quatre haches de bois, que ce Chef envoyoit aux Gouverneurs des
quatre Provinces.
XVII. Il y avoit dans chaque Bailliage trois Tàmples principaux, où la
Justice se ràndoit, & où le culte de leurs Dieux se faisoit; à cause de
quoy la charge de Baillif s'apeloit Godorp, qui signifie divine. Leur
principal soin estoit, de pourvoir à la necessité des pauvres, qui est tres
grande dans un païs pauvre. D'empescher que les pauvres d'une Repe,
ne courussent à l'autre; & de refrener la liçànce des Mandians
volontaires, contre lesquels les loix estoient rigoureuses. Car il estoit
permis de les tuer, ou de les chastrer, impunément; de peur qu'ils ne
multipliassent, & ne fissent d'autres coquins comme eux. Il estoit
mesme defàndu, sur pêne de l'exil, à un homme pauvre de se marier
avec une fàme pauvre comme luy. Et il n'estoit pas permis sur la mesme
pêne, à celuy qui n'avoit dequoy que pour luy seul, de pràndre une
fàme qui n'avoit pas dequoy pour elle.
XVIII. Cet ordre Aristocratique de gouvernemànt, & de Justice, a duré
parmy les Islandois, jusques à l'an de Grace 1263. que les Roys de
Norvege se firent maîtres de l'Isle, & la ràndirent tributaire, par la
mauvaise intelligence des Islandois, qui faisoient entr'eux, des brigues,
& des seditions, pour le gouvernemànt. Les Roys de Danemarck, ayant
reduit en suite le Royaume de Norvege en Province, ont donné des
Viceroys à ces peuples, qui n'ont retenu depuis ce temps-là, qu'une
ombre legere de leur anciene forme d'Estat. La demeure de ces
Viceroys est à la partie Occidàntale de l'Islande, dans un Chasteau,
nommé Besestat. Ils ne sont pourtant pas obligez à faire residànce
actuele dans l'Isle, qu'en cas de necessité; & n'y vont qu'une fois
l'année, pour en recevoir les tribûs, qui consistent aux mesmes choses,
dont j'ay dit cy dessus que les Islandois font commerce & eschange
avec les Estrangers: Et dont le Roy de Danemark pourvoit une bonne
partie de ses navires, soit pour nourrir, soit pour habiller ses matelots.
Le dernier Viceroy d'Islande, estoit M. Prosmont, Amiral de la derniere
flote Danoise, que les Suedois défirent sur cete mer, il y a environ trois
mois. Il se batit vaillamment, & mourut sur son bord l'espée à la main,
ayant refusé le quartier que les Enemis de son Roy luy voulurent
donner.
XIX. Angrimus Jonas ne pose l'Islande Chrestiene, qu'en l'an 1000. de
nôtre salut. Ce n'est pas qu'il n'y ait eu des Chrestiens long temps
devant, dans cete Isle. Mais il dit que le Paganisme n'en fût absolument
bany qu'en ce temps-là. Les Islandois payens ont adoré entr'autres
Dieux, Thor, & Odin. Thor, estoit comme le Jupiter; & Odin, comme le
Mercure des anciens Grecs & Latins. Ils nomment encore leur Jeudy,
Thorsdag, qui est le dies Jouis, & le Mercredy, Odensdagur, qui est le
dies Mercurii. Les Autels consacrez à ces Dieux estoient revestus de fer,
où bruloit un feu perpetuel. Et sur l'Autel, il y avoit un vase d'airain,
dans lequel on versoit le sang des sacrifices, & dont on aspergeoit les
assistans. Il y avoit au costé de ce vase un aneau d'argent, du poids de
vint onces, qu'ils frotoient du sang de l'hostie, & qu'ils empoignoient
quand ils vouloient faire quelque sermànt, ou solànnel, ou
d'importance. Leurs Annales portent, qu'ils ont sacrifié des hommes à
leurs Idoles. Ils les escrasoient sur des rochers, ou les jetoient dans des
puis profons, creusez, & destinez pour cela, à l'entrée de leurs Tàmples.
Et comme les Islandois payens avoient basty deux principaux Tàmples,
dediez à leurs faux Dieux, aux deux parties, Septàntrionale, &
Meridionale, de leur Isle. Les Islandois Chrestiens ont estably les deux,
& les seuls Eveschez qu'ils ont, aux mesmes endroits de leur Isle:
Savoir, l'Evesché de Hole, au Nort; & celuy de Schalhold, au Midy. Ils
professent maintenant la mesme confession d'Ausbourg, que professe
tout le Danemarck.
XX. Les anciens Islandois estoient de haute stature, forts, adroits, &
vaillans; grâns gladiateurs, & grâns Pyrates. La Monomachie estoit
autorisée parmi eux; & ils ne refusoient qui que ce fust, qui les voulust
combatre seul à seul. Ils vuidoient leurs procez par le duel; Auquel
celuy qui estoit vaincu, perdoit la chose contestée; & qui refusoit le
combat, la perdoit comme s'il eust esté vaincu. C'estoit un moyen
legitime pour aquerir des possessions parmi eux. Car de deux
Gladiateurs qui se batoient, celuy qui avoit tué ou vaincu son homme,
estoit maître de son bien. Il
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