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Recits d'un soldat - Une Armee Prisonniere; Une Campagne Devant Paris
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Title: Recits d'un soldat Une Armee Prisonniere; Une Campagne Devant Paris
Author: Amedee Achard
Release Date: January 21, 2004 [EBook #10774] [Date last updated: October 4, 2004]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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RéCITS D'UN SOLDAT
UNE ARMéE PRISONNIèRE
UNE CAMPAGNE DEVANT PARIS
PAR
AMéDéE ACHARD
PARIS
1871
PRéFACE
Les pages qu'on va lire sont extraites d'un cahier de notes écrites par un engagé volontaire. Il n'y faut point chercher de graves études sur les causes qui ont amené les désastres sous lesquels notre pays a failli succomber, ni de longues dissertations sur les fautes commises. Non; c'est ici le récit d'un soldat qui raconte simplement ce qu'il a vu, ce qu'il a fait, ce qu'il a senti, au milieu de ces armées s'écroulant dans un ab?me. A ce point de vue, ces souvenirs, qui ont au moins le mérite de la sincérité, ont leur intérêt; c'est un nouveau chapitre de l'histoire de cette funeste guerre de 1870 que nous offrons à nos lecteurs.
RéCITS D'UN SOLDAT
* * * * *
PREMIèRE PARTIE
UNE ARMéE PRISONNIèRE
I
Au mois de juillet 1870, j'achevais la troisième année de mes études à l'école centrale des arts et manufactures. C'était le moment où la guerre, qui allait être déclarée, remplissait Paris de tumulte et de bruit. Dans nos théatres, tout un peuple fouetté par les excitations d'une partie de la presse, écoutait debout, en le couvrant d'applaudissements frénétiques, le refrain terrible de cette Marseillaise qui devait nous mener à tant de désastres. Des régiments passaient sur les boulevards, accompagnés par les clameurs de milliers d'oisifs qui croyaient qu'on gagnait des batailles avec des cris. La ritournelle de la chanson des Girondins se promenait par les rues, psalmodiée par la voix des gavroches. Cette agitation factice pouvait faire supposer à un observateur inattentif que la grande ville désirait, appelait la guerre; le gouvernement, qui voulait être trompé, s'y trompa.
Un décret appela au service la garde mobile de l'Empire, cette même garde mobile que le mauvais vouloir des soldats qui la composaient, ajouté à l'opposition aveugle et tenace de la gauche, semblaient condamner à un éternel repos. En un jour elle passa du sommeil des cartons à la vie agitée des camps. L'école centrale se hata de fermer ses portes et d'expédier les dipl?mes à ceux des concurrents désignés par leur numéro d'ordre. Ingénieur civil depuis quelques heures, j'étais soldat et faisais partie du bataillon de Passy portant le no 13.
La garde mobile de la Seine n'était pas encore organisée, qu'il était facile déjà de reconna?tre le mauvais esprit qui l'animait. Elle poussait l'amour de l'indiscipline jusqu'à l'absurde. Qui ne se rappelle encore ces départs bruyants qui remplissaient la rue Lafayette de voitures de toute sorte conduisant à la gare du chemin de fer de l'Est des bataillons composés d'éléments de toute nature? Quelles attitudes! quel tapage! quels cris! A la vue de ces bandes qui partaient en fiacre après boire, il était aisé de pressentir quel triste exemple elles donneraient.
Mon bataillon partit le 6 ao?t pour le camp de Chalons; ce furent, jusqu'à la gare de la Villette, où il s'embarqua, les mêmes cris, les mêmes voitures, les mêmes chants. Des voix enrouées chantaient encore à Chateau-Thierry. Les chefs de gare ne savaient auquel entendre, les hommes d'équipe étaient dans l'ahurissement. A chaque halte nouvelle, c'était une débandade. Les moblots s'envolaient des voitures et couraient aux buvettes, quelques-uns s'y oubliaient. On faisait à ceux d'entre nous qui avaient conservé leur sang-froid des récits lamentables de ce qui s'était passé la veille et les jours précédents. Un certain nombre de ces enfants de Paris avaient exécuté de véritables razzias dans les buffets, où tout avait disparu, la vaisselle après les comestibles; les plus facétieux emportaient les verres et les assiettes, qu'ils jetaient, chemin faisant, par la portière des wagons; histoire de faire du bruit et de rire un peu. Des courses impétueuses lan?aient les officiers zélés à la poursuite des soldats qui s'égaraient dans les fermes voisines, trouvant dr?le ?de cueillir ?à et là? des lapins et des poules. On se mettait aux fenêtres pour les voir.
A mon arrivée à Chalons, la gare et les salles d'attente, les cours, les hangars, étaient remplis d'éclopés et de blessés couchés par terre, étendus sur des bancs, s'appuyant aux murs. Là étaient les débris vivants
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