Elle fut rassurée par la pensée que son époux, qui lui avait itérativement recommandé de se tenir en communication avec l'empereur d'Autriche, approuvait l'entrevue, et qu'elle ne recourrait pas en vain à la protection d'un père sur l'affection duquel elle devait compter.
Arrivée en grande hate à Rambouillet, ses yeux cherchèrent en vain ses serviteurs et ses gardes; ils ne rencontrèrent que de hideux Cosaques ma?tres des grilles et des avenues du chateau. Sa surprise fut grande de n'y point trouver son père[1]. Son anxiété, un moment endormie, se réveilla. Elle craignit d'être retenue captive; mais, au sortir de Blois, elle était déjà trop réellement prisonnière de la coalition! Le général russe qui l'avait conduite de Blois à Orléans, sous une escorte russe, avait été remplacé dans le trajet d'Orléans à Rambouillet par des généraux autrichiens.--Quand elle vint de Rambouillet à Grosbois, où son père lui avait donné rendez-vous, des Fran?ais qui l'avaient suivie à Blois et à Orléans, il en restait à peine trois qui s'attachèrent à sa fortune.--Lorsque, de Grosbois, elle partit pour Vienne, elle était escortée par un général et par un état-major autrichiens. Là, elle avait fait à la France d'éternels adieux!
Pendant son mélancolique voyage à travers nos provinces désolées et dans les états Autrichiens, sa tristesse avait redoublé. Ses nuits étaient troublées par de pénibles insomnies, et son visage était souvent baigné de pleurs. Après une de ces nuits sans sommeil, elle me dit un jour, dans le Tyrol, avec les larmes aux yeux, qu'elle avait manqué de résolution à Blois, et qu'aucune raison n'aurait d? retarder son départ pour Fontainebleau. Louable, mais inutile regret que le temps n'a peut-être pas emporté tout entier!
Le docteur Corvisart, dans lequel elle avait toute confiance, avait jugé que l'usage des bains d'Aix, en Savoie, à l'exclusion de tous autres, lui était absolument nécessaire. En attendant que la saison favorable fut arrivée, l'empereur Fran?ois désira que sa fille allat passer quelque temps à Vienne, au sein de sa famille, promettant de ne pas s'opposer aux prescriptions du célèbre médecin, et de la laisser ensuite libre de s'établir, soit à l'?le d'Elbe avec l'Empereur Napoléon, soit dans les états de Parme qui lui avaient été concédés par un traité.
Après cinq semaines données aux douceurs de la vie de famille, l'Impératrice, impatiente de se rapprocher de la France, vers laquelle ses souvenirs et ses sympathies la reportaient souvent, s'occupa avec activité de son départ. Elle était conduite à Aix, moins par la nécessité de soigner sa santé, que par le désir d'y revoir quelques amis de France, et par l'espérance d'être mise, après la saison des eaux, en possession du duché de Parme, où elle serait ma?tresse de ses actions. La voix alors toute puissante du devoir, et une affection sincère l'appelaient aussi à l'?le d'Elbe. On répétait à Marie-Louise que la nouvelle vie qu'elle allait commencer avec un ma?tre déchu, dont la disgrace aigrirait l'humeur, ne serait pas exempte de nuages. Mais la pensée que Napoléon avait toujours été pour elle un bon mari, et qu'il avait un noble coeur, combattait ces insinuations. Un autre motif la portait à s'éloigner de Vienne; c'était le désir d'échapper à la jalouse tutelle de sa belle-mère, et de se soustraire à l'ennui que lui causait l'expression, répétée sans cesse autour d'elle, de sentiments qu'elle ne partageait pas. Ce voyage aux glaciers de Savoie, et même une excursion en Suisse, si une prolongation d'absence était nécessaire, lui donneraient le temps d'attendre l'effet des promesses de l'Empereur son père.
Les deux époux n'avaient pas cessé de correspondre. Ils échangèrent même des lettres pendant ce voyage. L'Empereur, sans désapprouver le choix des eaux d'Aix, aurait préféré qu'elle p?t aller prendre les bains à Pise, ou dans quelqu'autre partie de la Toscane, ne pensant pas que le séjour d'Aix, trop voisin de la nouvelle France, conv?nt à celle qui avait été impératrice des Fran?ais. Du reste, il paraissait se flatter de l'espoir de posséder sa femme et son fils durant une partie de l'année à l'?le d'Elbe. C'était l'objet de tous ses voeux. Quand l'Impératrice s'ennuierait des rochers de l'?le d'Elbe, elle retournerait à Parme. Je recevais des lettres du général Bertrand écrites dans le même sens. Napoléon devait envoyer, de Porto-Ferrajo, dans cette ville, ce qu'il fit en effet, un détachement de sa garde, pour protéger l'Impératrice, et pour lui servir d'escorte, quand elle viendrait à l'?le d'Elbe.
Ce voyage était donc désiré par les deux époux. L'Empereur d'Autriche objecta d'abord qu'il devait y avoir en Allemagne des eaux qui pourraient convenir à sa fille. Il céda enfin à ses instances. Le voyage fut résolu, à la condition qu'un agent Autrichien irait résider auprès d'elle à Aix, après son retour des glaciers de Savoie. Son fils devait aller la rejoindre.
Le 28 juin, l'Impératrice alla faire ses adieux à son
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