l'auteur, qu'ils étaient en harmonie avec les sentiments dont il est pénétré pour une mémoire auguste et chère, sentiments fondés sur une connaissance intime du coeur et du génie de Napoléon, acquise par une longue habitude de sa confiance.
Captive et violemment séparée de son époux, la catastrophe de l'Empire avait jeté dans l'ame de Marie-Louise une profonde tristesse. à la douleur qu'elle éprouvait se mêlait un vif ressentiment de la froide insensibilité de la politique qui, en disposant d'elle sans la consulter, la frappait dans ses affections et mena?ait de rompre des liens que, dans sa conscience, elle regardait comme indissolubles. Tout son désir était de s'affranchir de cette tyrannie. Persuadée qu'une fois sortie de Vienne, elle n'y reviendrait pas, elle était impatiente d'en partir, et ne cessait de présenter son voyage à Aix comme exigé impérieusement par l'état précaire de sa santé, et l'excursion aux glaciers de Savoie comme une diversion à de légitimes chagrins.
Ceux qui prendront la peine de lire cette relation, pardonneront à son auteur de revenir sur une époque qui rappelle une fidélité au malheur, contre laquelle ont conspiré, avec un succès qu'on ne peut trop déplorer, une politique implacable d'un c?té, de l'autre, un naturel timide et irrésolu, l'absence, et le retour à de premières impressions dont un trop court séjour parmi nous n'avait pu effacer la trace.
Le récit de cet épisode de l'épopée impériale, quoique très-futile au fond, a un c?té utile; il rétablit les faits, en renvoyant le blame à qui il appartient. C'est à ce titre qu'il s'adresse surtout aux écrivains qui entreprendront d'écrire l'histoire de notre temps, et comme un appel fait à leur impartialité.
Il est nécessaire d'ajouter qu'une vaine prétention à la renommée littéraire, prétention qui serait d'ailleurs peu justifiée par l'exilité de cette production, que le désir d'assurer un lendemain à une de ces oeuvres fugitives destinées à ne vivre qu'un jour, ne portent point l'auteur à tirer de l'obscurité ce récit entremêlé de rimes. La forme originelle de ce petit écrit et les frivoles ornements dont il est revêtu n'ont été conservés qu'afin que, reproduit dans toute son intégrité, sa date f?t en quelque sorte fixée.
PROLOGUE.
Avant de raconter le voyage de l'ex-impératrice aux glaciers de Savoie, je dois rappeler en peu de mots les circonstances qui ont donné lieu à cette excursion.
Notre brave armée décimée, mais non vaincue, après une lutte héro?que soutenue contre toute l'Europe coalisée, fut forcée de céder au nombre, aidé par la trahison. Le monde conna?t sa résistance obstinée, sa gloire et ses malheurs. Paris fut envahi après la fatale retraite de la Régente, qui, accompagnée par son fils et suivie par les principales autorités, était allée porter le siège du gouvernement à Blois. Elle y arriva dans la soirée du 2 avril. C'était le triste anniversaire d'un jour mémorable. Quatre ans auparavant, à pareil jour, la fille des Césars avait fait à Paris, comme impératrice des Fran?ais, une pompeuse entrée accueillie par les transports de tout un peuple enivré, confiant dans l'avenir. Le temps était à jamais passé du retour de ces anniversaires fameux qui rappelaient tant d'époques heureuses et glorieuses de l'Empire!
Six jours se passèrent dans l'attente du parti que prendrait l'Empereur, dont la correspondance avec l'Impératrice était journalière. Le 8, le général russe Schouwaloff arriva à Blois, et notifia à cette princesse une décision du conseil souverain des alliés, qui le chargeait de la conduire à Orléans avec son fils. La mission de cet envoyé des alliés, quand l'empereur d'Autriche et son ministre n'étaient pas encore arrivés à Paris, était d'un sinistre augure; elle causa à Marie-Louise une douloureuse émotion. Mais il fallait obéir ou tenter une résistance impossible. Elle partit le lendemain pour Orléans, sous la conduite du général Schouwaloff, et trouva à Angerville un camp russe qui lui fournit une escorte.
Pendant son séjour à Orléans, le duc de Cadore, que Napoléon l'avait engagée à envoyer près de son père, et qui fut obligé de courir jusqu'à Chanceaux, près de Dijon, où ce prince était retenu par les mouvements de l'armée fran?aise, rapporta à l'Impératrice des lettres dont le contenu ne la rassura point. Elles renfermaient des protestations de tendresse et d'intérêt, mais aucune promesse positive. Ses inquiétudes s'en accrurent. La retraite des Fran?ais qui l'avaient suivie lui porta un nouveau coup. Elle se livra à une douleur immodérée. Ses yeux étaient constamment gonflés par les larmes. Son teint était empourpré par une ardeur fiévreuse, et tous ses traits bouleversés par une vive souffrance.
Quand le prince Paul Esterhazy et le prince Wenzel-Lichtenstein se présentèrent, le 12, à Orléans, pour l'inviter à se rendre immédiatement à Rambouillet, où son père devait l'attendre, elle se disposait à partir pour Fontainebleau. L'assurance qui lui fut donnée par ces envoyés du prince Metternich, que l'Empereur Napoléon était prévenu de ce rendez-vous, ranima ses espérances.
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