tombeau de Mahomet. Le Caire en envoie un tous les quatre ou cinq ans. Il part en grande pompe, apr��s une c��r��monie officielle, �� la fois religieuse, civile et militaire. Le kh��dive la pr��side, l'arm��e y participe, on y voit la gravit�� des imans et l'hyst��rie des derviches; cinquante mille badauds s'assemblent sur l'esplanade o�� le cort��ge se d��roule. Robes de toutes les couleurs, rouge ��carlate et rouge brun des fez, femmes voil��es; fantassins en khaki, ?chasseurs? en tunique bleue, baudriers blancs et oriflammes des lanciers, artillerie de montagne, les canons attach��s sur le dos des mulets; mendiants, camelots et porteurs d'eau; ciel du plus magnifique azur; couleurs m��l��es et chatoyantes: vous voyez d'ici le tableau. Autour de notre voiture, des dames de harems, en voiture aussi, tout en noir, et voil��es de mousseline blanche, babillent et font des graces. Celle-ci, qui porte un domino rose sous son manteau, nous regarde en souriant. Elle a les yeux tr��s jeunes. Julius Hoste croit fermement que c'est pour lui qu'ils sourient ... Dix heures juste. L'escorte du kh��dive accourt au grand galop. Son Altesse--trente-trois ans, tr��s bel homme--est �� dix pas de nous. Pas un vivat, pas un cri. Les musiques militaires recommencent �� jouer; le canon tonne; le tapis s'avance, ��tal�� sur une pyramide port��e par un dromadaire, lequel est suivi de sept autres, tous magnifiquement harnach��s. Sur leur dos, des hommes et des enfants, assis �� l'orientale, jouent de la fl?te ou frappent, en cadence, sur des tambourins.
C'est dans ce cadre que m'est apparu M. Gorst, consul g��n��ral d'Angleterre et souverain v��ritable du pays. Il ��tait en redingote grise et coiff�� d'un haut de forme gris clair. Nous avons, Dieu merci, des chefs de bureau plus ��l��gants et des chefs de division plus pompeux!... Pas d'escorte militaire, pas le moindre tralala. M. Gorst ��tait venu en voiture. Il s'est tout de suite perdu dans l'entourage du kh��dive, parmi les tuniques ��clatantes et les habits dor��s. �� c?t�� de lui, reluisait un magnifique pacha, argent et or, qui repr��sente ou qui a repr��sent�� le Sultan. ?Tout ce qui brille n'est pas or?: le pacha et M. Gorst murmuraient peut-��tre, au m��me instant, le vieux proverbe, mais non pas, assur��ment, avec le m��me accent ...
Le kh��dive, l'Angleterre et M. Gorst r��gnent sur un peuple de douze millions d'individus, appartenant �� des races et �� des religions diverses. Les purs ��gyptiens, descendants de la race qui peuplait la vall��e du Nil sous les Pharaons, forment la majorit��. On les reconna?t tout de suite �� leur crane l��g��rement allong��, �� l'ovale un peu large de leur visage, �� leurs yeux tr��s ouverts et tr��s fendus. Dans les villages de la Basse et de la Haute ��gypte, on ne voit gu��re d'autres types. Mais dix autres races, dans les bourgades et dans les villes, se perp��tuent sans se confondre: Arabes, Turcs, Juifs, Arm��niens, Syriens, Grecs d'Orient, Europ��ens de toutes les nations.
On compte douze ou treize cent mille Coptes orthodoxes. Prenez garde que copte n'est pas un nom de race. Les Coptes aussi sont des ��gyptiens authentiques. C'est la minorit�� chr��tienne. En d��pit de la conqu��te arabe, des sommations, des violences, des sanglantes pers��cutions du vainqueur et de la conversion �� l'Islam de la plupart de leurs concitoyens, ils ont gard�� la foi de l'��gypte du VIIe si��cle, baptis��e au IIe par saint Marc et ses disciples, puis gagn��e aux h��r��sies d'Eutych��s et de Nestorius. Un patriarche, qui est aussi le chef de l'��glise d'Abyssinie et qui r��side au Caire, est ��lu par leurs moines, nombreux encore dans la Haute ��gypte. La v��ritable langue copte n'est rien autre que l'��gyptien primitif, additionn�� de mots grecs et latins, et ��crit en caract��res grecs. Elle n'est plus courante. C'est une langue morte. Elle est encore usit��e dans la liturgie, mais un grand nombre de pr��tres ne la comprennent plus. C'est l'arabe qui est aujourd'hui la langue de la population ��gyptienne. �� c?t�� des orthodoxes, et sortis de leurs rangs, on peut d��nombrer environ cent mille coptes catholiques.
Les catholiques ��gyptiens se partagent entre plusieurs rites, notamment le latin, le maronite, le grec, le copte. La plupart des Syriens, tr��s nombreux dans la Basse ��gypte, sont catholiques. Les Arm��niens et les Grecs appartiennent presque tous �� l'��glise schismatique. On voit que, dans cette mosa?que de races et de religions, aucune couleur, aucune nuance ne manque.
Ce peuple, le plus ancien du monde, et qui forme un assemblage unique au monde de races, de civilisations, de religions m��l��es ou superpos��es, comment supporte-t-il la domination et la main de l'Angleterre? Y a-t-il une ?ame ��gyptienne?? Si elle existe, a-t-elle des regrets, des d��sirs, des esp��rances? J'ai pris des informations sur tout cela, et �� bonne source. Je raconterai ce qu'on m'a dit, ni plus ni moins.
Les Anglais sont craints, respect��s m��me; mais on
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.