fureur d'Hérode, se serait reposée à son ombre. Une source aurait jailli, tout près, pour rafra?chir l'Enfant. On montre encore la source.
Un peu plus loin, un vieux fellah, robe blanche et turban jaune, surveille deux boeufs qui tournent comme les chevaux de nos campagnards au manège. Contemplons une sakieh en travail. Une longue pièce de bois est attachée au flanc de chaque animal, joignant, de son autre extrémité, une grande roue enfoncée verticalement dans un puits et armée de vases en terre. Ces vases vont puiser l'eau qui tombe, à l'orifice du puits, dans, une rigole où elle bondit en chantant. Ainsi est captée la fertilité du Nil, seigneur et providence de l'égypte.
FOOTNOTES:
[Note 1: D'après le rapport officiel qui vient d'être publié, par notre Ministre au Caire, sur la situation de l'égypte, trente-six villas, vingt-trois magasins et plusieurs maisons de rapport ont été construits depuis le printemps de 1907.]
[Note 2: Cette ligne a été ouverte à l'exploitation dans le courant de 1908. ?L'affluence des voyageurs est telle, dans l'après-midi, qu'une partie d'entre eux seulement peut être transportée?, dit le rapport du Ministre de Belgique au Caire.]
[Note 3: D'après le rapport de notre Ministre au Caire, les contrats seront signés à la fin de l'année courante.]
L'éGYPTE ET L'ANGLETERRE
On reparle dans les journaux--dans les journaux anglais et fran?ais tout au moins--du ?mouvement nationaliste égyptien?. A peine rentré en France, M. Maurice Barrès a été invité par un journaliste à dire ce qu'il en pensait. Le gouvernement anglais vient d'autoriser le gouvernement égyptien à mettre en liberté plusieurs fellahs détenus, depuis à peu près deux ans, dans une des dures prisons de là-bas, pour avoir participé à l'échauffourée qui co?ta la vie à un officier anglais. Ce gentleman, en compagnie de quelques camarades, fusillait, près d'un village du Delta, les pigeons qui couraient dans les champs labourés. Le fellah aime beaucoup ses pigeons. Pas de maison, dans les villages, qui n'ait son colombier. Les officiers anglais avaient fait bonne chasse. L'un d'eux, par surcro?t, avait blessé, de quelques plombs égarés, une vieille femme et un enfant. Les paysans s'ameutèrent et fondirent, en bande, sur les chasseurs, qui passèrent tout de suite à l'état de gibier. Entourés, menacés, frappés, ils purent s'échapper néanmoins, grace à la vitesse de leurs jambes. L'un d'eux mourut d'avoir couru trop longtemps et trop vite. Les coupables--c'est-à-dire, naturellement, les fellahs!--furent sévèrement punis. On en pendit quatre, préalablement fustigés. Plusieurs autres furent condamnés aux travaux forcés; l'Angleterre vient de leur rendre la liberté. Ses journaux ne tarissent pas sur la magnanimité de cette action. Telle est, en raccourci, et sauf erreur sur les détails, la célèbre affaire de Denchawa?. On ne pourrait choisir une plus ?actuelle? entrée en matière pour un article sur l'égypte d'aujourd'hui.
Joanne, Baedeker ou Larousse vous diront que l'égypte, hellénisée, après la mort d'Alexandre le Grand, et gouvernée, jusqu'à la mort de Cléopatre, par de successives dynasties ptoléma?ques, devint province romaine, puis suivit la loi de l'empire byzantin, qui se la laissa prendre, au VIIe siècle, par les Arabes, supplantés eux-mêmes, au XVIe, par les Turcs. Napoléon, vainqueur des Mameluks; des Turcs et des Anglais, l'aurait s?rement donnée à la France si la décrépitude du Directoire mourant ne l'avait rappelé à Paris. Mohammed-Ali, sous Louis-Philippe, la rendit indépendante, en fait, du sultan de Constantinople, qui n'en est plus depuis lors que le souverain nominal. Depuis les victoires de ce grand homme d'état, l'égypte a une dynastie héréditaire. Le khédive n'est tenu, vis-à-vis de Constantinople, qu'au tribut et à l'hommage.
Mais le véritable souverain de l'égypte d'aujourd'hui, c'est l'Angleterre. Elle est censée surveiller, contr?ler au nom de l'Europe le gouvernement égyptien. En fait, elle gouverne et elle règne, sans avoir de compte à rendre à personne, ni aux puissances, ni aux indigènes. Le khédive, vassal du Grand Turc, est le pupille de l'Angleterre. Les folies et les prodigalités du khédive Isma?l, sous le règne duquel Ferdinand de Lesseps per?a l'isthme de Suez, amenèrent les puissances à intervenir dans l'administration de l'égypte. Les tribunaux et la Caisse de la Dette ont encore un personnel international. Il y a moins de trente ans, la France, admirablement servie par ses religieux, et dont la langue était parlée partout, occupait encore, à tous les points de vue, le premier rang. Elle contr?lait officiellement, au nom de l'Europe, de compte à demi avec l'Angleterre, le gouvernement égyptien. égale en droit de sa rivale séculaire, elle avait, en fait, le pas sur elle. Comment elle perdit cette enviable primauté? Le fait est encore dans toutes les mémoires. En 1882, au lendemain de la révolte d'Arabi pacha et du massacre d'Alexandrie, où plusieurs résidents étrangers furent assassinés par la populace, une intrigue victorieuse de M. Clémenceau l'empêcha de participer à la répression nécessaire. L'Angleterre, ayant été seule à la peine, recueillit tout le profit de son
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