n'est pas que cela m'ennuie, répondit-il; mais si j'avais 800,000 fr. de rente, je ne les dépenserais pas uniquement à ce plaisir-là.
* * * * *
Deux vaudevillistes qui sont parrains d'ouvrages charmants cent fois applaudis, E. L... et M. M..., se promenaient sur le boulevard, le soir d'une première représentation qui leur inspirait des inquiétudes que le public ne devait pas réaliser. Tout à coup, M. M... quitte le bras de son collaborateur et se dispose à entrer dans une boutique.
--Où vas-tu? demande L...
--J'entre là pour acheter un parapluie, dit M. M...; attends-moi.
--Pendant que tu y seras, ajoute L..., achète aussi un parachute.
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*** est un de ces hommes de lettres qui tiennent dans la littérature le même rang que l'ablette dans l'ichthyologie. Comme romancier, il a eu six colonnes de feuilleton et dix bouts d'articles imprimés dans les journaux, les jours où l'on manquait de faits divers. Comme auteur dramatique, il a fait représenter des fractions d'à peu près de vaudevilles dans des simulacres de théatres. Aussi, quand le marchand de billets refuse de lui avancer mille écus sur le quart d'une pièce en un acte qui, depuis huit ans, doit passer lundi prochain, il se fache tout rouge et le menace de lui retirer sa griffe. Lorsqu'il se trouve dans un théatre, et qu'il y a des dames auprès de lui, si l'ouvreuse vient lui proposer un journal, il répond tout haut: ?Je n'en ai pas besoin; c'est moi qui le fais.? Dans les foyers, les jours de première représentation, il marche à c?té des critiques célèbres qui ne le connaissent pas, et remue les lèvres pour faire croire au public qu'il est en conversation réglée avec eux. Si, dans la rue, il rencontre une actrice, il la tutoie d'un salut familier que l'actrice lui rend, si elle n'est pas pressée.
Néanmoins, à force d'agiter partout sa nullité sonore, *** est connu de beaucoup de monde, et, dans sa famille, il a fait croire que c'était lui qui écrivait des pièces de théatre sous le pseudonyme de Scribe. à défaut d'autre, il a du moins l'esprit de se trouver là où on a besoin de lui... pour quelque service qui ne demande pas une autre activité que celle des jambes.
--Mais ce petit *** fait son chemin, disait-on à un personnage important dans les jambes duquel *** est toujours fourré.
--Oui, répondit le protecteur, je vois cela à mes souliers.
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Entre autres cadeaux du dernier jours de l'an, mademoiselle M..., qui a ruiné tant de jeunes gens de famille, a re?u un magnifique bracelet en or massif formant une cha?ne et se fermant par un cadenas également en or, sur lequel était gravée cette inscription:
?à mademoiselle M..., les gardes du commerce reconnaissants.?
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Dans une conversation d'après boire, à ce moment du souper où la médisance devient le meilleur pousse-café,--quatre messieurs, jouissant d'une grande réputation d'entra?neurs--sur les deux turfs du Champ-de-Mars et de la galanterie,--causaient tour à tour écuries et boudoirs.--En vidant sur la table les indiscrétions de leur double stud-book, ils laissaient tomber le nom d'une beauté qui avait obtenu le triomphe de la lithographie.
--Parbleu! demanda tout à coup l'un des convives au comte de B..., comment se fait-il que vous, dont le caprice jette toutes les semaines une douzaine de mouchoirs aux sultanes d'outre-rampe, vous ne puissiez pas nous dire si la descente de lit de mademoiselle M... est une peau de lion ou une peau de tigre?
--Vous savez bien, dit l'un des convives, que le comte est un original qui ne veut jamais faire comme tout le monde.
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M. Michel Carré et son ami Jules Barbier ont entrepris avec succès le rajeunissement de ce vieil Eson dramatique qu'on appelle un po?me d'opéra-comique. Grace à eux, les musiciens en réputation commencent à croire que la poésie bien faite n'empoisonne pas la musique, comme les marchands de paroles au boisseau en font courir le bruit; et tous les compositeurs jeunes vont demander des libretti aux jeunes écrivains, comme les élégants vont chez les meilleurs faiseurs. Mais de cette spécialité dramatique à laquelle ils semblent s'attacher exclusivement, il est résulté pour les deux amis et collaborateurs, une singulière habitude. à force d'écrire des récitatifs, des duos et des quatuors, cette forme lyrique est dans leur langage ordinaire. Ils ne parlent plus qu'en vers. Quand M. J. Barbier, qui passe sa vie à courir après M. Carré qui passe sa vie à l'attendre, s'informe à propos de lui chez son portier, c'est en ces termes qu'il s'exprime:
/*[4] Mon ami Michel Carré Est-il dehors ou rentré? Vous, que le propriétaire De ce logis fait cerbère, Dites-lui bien de ma part, Qu'à l'estaminet des Var- riétes--je vais l'attendre, Afin de bien nous entendre, Sur un opéra nouveau, (bis) Musique de Duprato. (ter) */
Quant
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