pas ceux-ci. Et votre fils, o�� est-il donc? Je ne le vois pas. O�� voulez-vous aller, cette fois? �� la Roche-Martin ou �� la Preugne-au-Pot? Nous aurons, j'esp��re, meilleur temps que la derni��re fois, et nous passerons la rivi��re sans danger dans le bateau.
Cet homme, qui me parlait de nos derni��res courses avec lui en 1844, comme s'il se f?t agi d'hier, et dont je reconnaissais la figure de contrebandier espagnol, c'��tait Moreau, le p��cheur de truites, le loueur d'anes et de chevaux, le messager, le guide, le factotum actif et intelligent des voyageurs en Creuse.
--Conduisez-nous �� l'autre village, lui dis-je; vos chemins sont tout chang��s; je ne me reconnais plus.
--Ah! dame, nos chemins sont mieux dessin��s qu'autrefois. On va plus droit; mais ils ne sont pas encore commodes aux voitures, et vous irez plus vite �� pied.
--C'est notre intention, d'aller �� pied.
--Alors, marchons.
--J'ai grand'soif, dit Amyntas en soupirant.
--Voulez-vous du lait de ma ch��vre? lui cria une pauvre femme devant la porte de laquelle nous passions.
Amyntas accepta, tout joyeux d'avoir �� donner �� cette aimable villageoise une pi��ce de monnaie. Elle ne la refusa pas, mais elle la re?ut avec ��tonnement.
--Comment! dit-elle, vous voulez payer une ��cuell��e de lait? ?a n'en valait pas la peine, et j'��tais bien aise de vous l'offrir.
--Vous ne me connaissez pourtant pas?
--Non; mais on aime �� faire plaisir aux passants.
--Oh! oh! me dit Amyntas, sommes-nous donc d��j�� si loin de la vall��e Noire? Je n'y ai jamais vu un paysan pr��venir les d��sirs d'un inconnu. Je sais bien que ce n'est pas avarice, mais c'est m��fiance ou timidit��.
Le soleil baissait; nous ne savions pas o�� nous trouverions �� d?ner et �� coucher, et, une fois engag��s dans le ravin, o�� la nuit se fait de bonne heure et o�� les sentiers ne sont vraiment pas commodes, il n'y a rien de mieux �� faire que de s'en remettre �� la Providence.
Amyntas doubla le pas en chantant.
Chrysalidor ne chantait pas; il ne pensait m��me plus �� r��colter des insectes. Tandis que son compagnon s'enivrait de bien-��tre et de mouvement, il ��tait tranquillement ravi du charme particulier de ce doux et agreste paysage. Tout savant exact et chercheur minutieux qu'il est, il conna?t les jouissances de l'artiste, il n'a pas l'intelligence atrophi��e par l'amour du d��tail. Il comprend et il aime l'ensemble. Il sait respirer la saveur du grand tout. Cependant il voyait comme qui dirait des deux yeux. Il en avait un pour le grand aspect du temple de la nature, et l'autre pour les pierres pr��cieuses qui en rev��tent le sol et les parois.
--Je vois ici, nous dit-il, une flore tout �� coup diff��rente de celle que nous traversions il y a un quart d'heure. Voici des plantes de montagne qui ont le facies m��ridional: o�� donc sommes-nous? Je n'y comprends plus rien. Et cette chaleur ��crasante �� l'heure o�� l'air devrait fra?chir, la sentez-vous? Il n'y a pourtant pas un nuage au ciel.
--Si je la sens? r��pondit Amyntas. Je le crois bien! Nous sommes pour le moins en Afrique.
--Il serait fort possible, reprit le savant d'un air absorb��, que nous fissions ici quelque rencontre ��tonnante!
--Oh! n'ayez pas peur, monsieur! s'��cria Moreau, qui crut que notre savant s'attendait �� rencontrer tout au moins quelque lion de l'Atlas. Il n'y a point ici de m��chantes b��tes.
Le chemin fit encore un coude, et le village, le vrai village cherch��, se pr��senta magnifiquement ��clair��, sous nos pieds. Il faut arriver l�� au soleil couchant: chaque chose a son heure pour ��tre belle.
C'est un nid bati au fond d'un entonnoir de collines rocheuses o�� se sont gliss��es des zones de terre v��g��tale. Au-dessus de ces collines s'��tend un second amphith��atre plus ��lev��. Ainsi de toutes parts le vent se brise au-dessus de la vall��e, et de faibles souffles ne p��n��trent au fond de la gorge que pour lui donner la fra?cheur n��cessaire �� la vie. Vingt sources courant dans les plis du rocher, ou surgissant dans les enclos herbus, entretiennent la beaut�� de la v��g��tation environnante.
La population est de six �� sept cents ames. Les maisons se groupent autour de l'��glise, plant��e sur le rocher central, et s'en vont en pente, par des ruelles ��troites, jusque vers la lit d'un d��licieux petit torrent dont, �� peu de distance, les eaux se perdent encore plus bas dans la Creuse.
C'est un petit chef-d'oeuvre que l'��glise romano-byzantine. La commission des monuments historiques l'a fait r��parer avec soin. Elle est parfaitement homog��ne de style au dehors et charmante de proportions.
�� l'int��rieur, le plein cintre et l'ogive molle se marient agr��ablement. Les d��tails sont d'un grand go?t et d'une riche simplicit��. On descend par un bel escalier �� une crypte qui prend vue sur le ravin et le torrent.
Mais, des curieuses fresques que j'ai vues autrefois dans cette crypte, il ne reste que des
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