Project de restauration de Notre-Dame de Paris | Page 2

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
dans l'int��r��t de l'art; car, en changeant la mati��re, il est impossible de conserver la forme; ainsi, la fonte ne peut pas plus reproduire l'aspect de la pierre que le fer ne peut se pr��ter �� rendre celui du bois. Au reste, il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'oeil sur les essais qui ont ��t�� tent��s dans ce sens, soit �� Rouen, pour la fl��che de la cath��drale, soit �� S��ez, pour les pyramides des contreforts, soit �� Rheims, pour la chapelle de l'archev��ch��. Partout enfin o�� la fonte a remplac�� la pierre, l'oeil le moins exerc�� ne peut s'y tromper. �� Rouen, comme �� S��ez et �� Rheims, la fonte n'a pu reproduire que des formes d��pouill��es, tandis que les moulures et les sculptures en pierre de ces monumens sont refouill��es au ciseau et impossibles �� mouler d'une seule pi��ce. Mais ce ne sont l�� que de faibles inconv��niens relativement �� ceux bien plus graves que la fonte offre sous le rapport de la solidit��. En effet, sans parler du poids, qui est beaucoup plus consid��rable qu'on avait pu le pr��voir avant l'ex��cution de grandes pi��ces, un brusque changement de temp��rature, une commotion atmosph��rique, suffisent pour briser la fonte fragile comme du verre. De plus, cette mati��re non seulement ne se marie jamais avec la pierre, mais elle est pour cette derni��re une cause incessante de ruine, par l'oxidation que l'on ne peut jamais emp��cher. Comme couleur, nous n'avons pas besoin de dire que la fonte ne peut jamais reproduire celle de la pierre, puisque, lors m��me qu'on la couvre d'une couche ��paisse de peinture, l'oxide rouge du fer la d��truit si promptement qu'il faut continuellement la renouveler. Quant �� la raison d'��conomie, elle tombe facilement devant les r��sultats de l'exp��rience et les calculs que nous donnons plus bas[1].
[Note 1: Tableau compar�� des prix des fen��tres �� meneaux en pierre ou en fonte, pr��sent�� au conseil des batimens civils, �� sa s��ance du 13 f��vrier 1840.
��valuation faite pour les fen��tres de Saint-Germain-l'Auxerrois.
PIERRE.
Ma?onnerie d'apr��s un m��moire r��gl�� et accept�� par l'entrepreneur. Le r��sum�� du m��moire se monte ��...........................................1,231 23
MENUISERIE.
Pour les calibres en feuillets, taill��s sur l'��pure, 27 00, courant de feuillet sapin, 0,70 c vaut..........................18 70
La fa?on desdits pour corroyer, joindre, coller, tracer et chantourner, douze journ��es de menuisier �� 5 francs....................................60 ?
Fourniture de colle forte et clous estim��s............................................6 ?
SCULPTURE.
8 chapiteaux �� 10 fr. chaque............................80 ?
Fourniture de 17 lames de plomb entre les joints et 26 goujons en plomb...................................................90 ?
Total................................................1,485 93
FONTE.
En supposant la r��partition des mod��les sur 24 fen��tres identiquement semblables, la fonte co?terait 65 fr. les 100 kil. compris les frais de mod��le.
(Il faut remarquer ici, que si les fen��tres ��taient toutes vari��es, les frais de mod��les augmenteraient beaucoup le prix du kil. de fonte.)
Le poids total d'une fen��tre, dont toutes les parties seraient fondues en coquilles et ajust��es comme l'indique la figure, serait de 1,200 k. �� 65 f. le k. vaut.........................780 ?
L'ajustement et assemblage de toutes les parties boulonn��es avec 130 ames de fer forg��, et 200 vis taraud��es, retouch�� au burin, estim��..........................................600 ?
Le double transport et montage conjointement avec les ma?ons, estim�� pour le serrurier seulement......................80 ?
5 journ��es de compagnon, ma?on et gar?on...............................................31 ?
PEINTURE.
Premi��re couche au minium et deux couches couleur de pierre, estim��es, superficiel, �� 1 f. 25 c......................30 ?
Plus value des chapiteaux...............................16 ?
��chafaudage.............................................25 ?
Total................................................1,562 ? ]
Un autre mode de restauration, tent�� depuis quelques ann��es, pr��sente un r��sultat encore plus d��plorable; nous voulons parler des mastics, cimens, et enfin toutes mati��res ��trang��res �� la pierre, avec laquelle on a vainement essay�� de les souder �� l'aide de moyens toujours destructifs. L'application de ces cimens n��cessite d'abord la d��gradation de toutes les parties que l'on veut restaurer, plus l'emploi du fer, nouvelle cause de ruine, et tout cela, pour arriver �� un r��sultat qui n'offre aucune chance de dur��e, et qui ne laisse apr��s lui aucun vestige de ce qui existait d'abord. Admettant m��me que le moyen soit durable, l'aspect du mastic ne sera jamais celui de la pierre; difficile �� employer, d'une s��cheresse qui ne peut rendre, ni la franchise, ni le grain de la pierre, cette mati��re conservera toujours son apparence de pate model��e. Ce que nous venons de dire, l'exp��rience l'a prouv��. Partout o�� ils ont ��t�� employ��s, ces cimens se d��tachent de la pierre, se gercent, se d��composent �� l'air: que restera-t-il alors qu'ils seront tomb��s?
Mais on ne s'est pas born�� �� restaurer de la sculpture par ce moyen, on a ��t�� jusqu'�� remplacer de la vieille pierre par de la neuve, sur laquelle on a coll�� des ornemens en mastic! Dans ce cas, nous pensons que la raison d'��conomie ��tait surtout invoqu��e. Eh bien! la sculpture dans la pierre tendre n'est pas plus ch��re que de la sculpture en ciment, et l'ouvrier habile pr��f��re toujours le travail de
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