Project de restauration de Notre-Dame de Paris | Page 6

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
Paris, archidiacre de Soissons, mort vers 1270, légua cent livres tournois pour élever ces chapelles[9] qui furent construites entre les contreforts, et ornées extérieurement de pignons et statues[10]. Il est probable que les chapelles qui sont au commencement du choeur furent construites, sinon à la même époque que celles des bas-c?tés de la nef, du moins peu de temps après celles-ci, car elles présentent les mêmes caractères.
[Note 9: Leboeuf. Observations sur l'antiquité de l'édifice de Notre-Dame.]
[Note 10: Plan de Turgot.--Corrozet. (Voir les dessins, preuves à l'appui.)]
Le portail septentrional fut bati cinquante ans après celui du midi, c'est-à-dire vers l'an 1312 ou 1313. Philippe-le-Bel employa à sa construction une partie des biens des Templiers, après la suppression de l'ordre. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, la construction de la porte rouge doit être de cette époque, quoique le docteur Grancolas dans son histoire abrégée de l'église et de l'université de Paris, prétende qu'elle ait été batie par Jean-Sans-Peur, depuis 1404 jusqu'en 1419:
Les chapelles qui font le tour du choeur ainsi que les fenêtres qui décorent la galerie supérieure dans cette partie de l'édifice sont du commencement du XIVe siècle. Cette époque fit pour les fenêtres de la galerie ce qui avait été fait dans le XIIIe siècle pour les grandes fenêtres; et tous les inconvéniens causés par les eaux pluviales sur les galeries supérieures, se reproduisent sur les vo?tes des chapelles du choeur. Les actes de fondation de quelques-unes de ces chapelles, faits en 1324, donnent l'époque de leur fondation, qui s'accordent parfaitement avec leur caractère archéologique[11].
[Note 11: Dissertations sur l'Histoire ecclésiastique et civile de Paris, 1739, t. I, p. 75 et 112.--Nécrologie du XIIIe siècle. M. S., fonds de N.-D., Bibliot. du Roi, n° 3883.]
Intérieurement, les XIIe et XIIIe siècle dominent, l'importance de la nef laisse à peine apercevoir toutes les constructions faites dans le XIVe siècle.
Il ne reste plus aujourd'hui qu'une partie des bas-reliefs qui ornaient le tour du choeur, ceux qui se trouvaient dans le rond-point ont été détruits ainsi que le jubé qui en fermait l'entrée. Une inscription placée du c?té du nord, au-dessus d'une figure d'homme à genoux, donnait la date de cette charmante imagerie[12].
[Note 12: C'est ma?tre Jean Ravy, qui fut ma?on de Notre-Dame de Paris l'espace de vingt-six ans, et commen?a ces nouvelles histoires; et ma?tre Jean Bouteillier les a parfaites en l'an MCCCLI.]
Le père Dubreul nous donne des renseignemens curieux sur cette partie intéressante de l'ornementation de Notre-Dame, dont il ne reste que les portions adossées aux stalles[13].
[Note 13: Le choeur de l'église Notre-Dame est clos d'un mur percé à jour autour du grand autel, au haut duquel sont représentés en grands personnages de pierre, dorés et bien peints, l'Histoire du Nouveau-Testament, et, plus bas, l'Histoire du Vieux-Testament, avec des écrits au-dessous qui expliquent lesdites histoires. Le grand Crucifix qui est au-dessus de la grande porte du choeur avec la croix, n'est que d'une pièce; et le pied d'iccluy, fait en arcade, d'une autre seule pièce, qui sont deux chefs-d'oeuvre de taille et de sculpture. (Dubreul.--Théatre des antiquités de Paris.)]
Il existe un procès-verbal, daté de 1699, de la démolition de l'ancien autel qui indique d'une manière fort exacte la disposition si intéressante de cet autel, de ce qui l'entourait, sa décoration, et jusqu'aux plus menus détails. Ce procès-verbal décrit aussi très minutieusement et la chasse de Saint-Marcel, qui était placée derrière le ma?tre-autel avec son riche dais supporté par quatre colonnes de cuivre, et le petit autel des ardens, placé derrière cette chasse[14].
[Note 14: Descriptions historiques des curiosités de l'église de Paris, par M. C. P. G., 1763. Paris.]
Trois siècles avaient travaillé à l'achèvement de cette reine des cathédrales de France, trois siècles avaient jeté dans ce grand monument tout ce qu'ils avaient pu réunir de plus riche; tout leur art, toute leur science. Trois siècles enfin étaient parvenus a parfaire l'oeuvre commencée par le pieux évêque Maurice de Sully. Le monument était complet. Pourquoi ne pas l'avoir conservé ainsi? à partir du XIIIe siècle ce n'est plus, pour l'église Notre-Dame, qu'une suite de mutilations, de changemens sous prétexte d'embellissemens.
De cette époque, ce ne sont plus tant les intempéries des saisons qui détruisent une si belle oeuvre que la main des hommes.
Lorsqu'on énumère cette suite de destructions, on ne comprend pas comment il reste encore de si beaux vestiges de l'ancien édifice. Nous allons passer rapidement sur tous ces actes de vandalisme que notre époque veut enfin réparer.
En 1507, le parlement ordonna que la rue qui conduit du pont Notre-Dame au Petit-Pont, serait remblayée jusqu'à dix pieds de hauteur, attendu qu'il fallait trop descendre pour arriver à Notre-Dame, et trop monter pour y entrer[15]. Ainsi furent enterrées les 13 marches qui précédaient les portes de la fa?ade occidentale. Peu après, le sol du parvis finit par atteindre celui de l'église, et même
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