pratique du v��locip��de.
Avant les regrettables ��v��nements de 70-71, le v��locip��de existait bien, mais sous la forme de rares sp��cimens. (Vous ��tes trop jeunes pour vous rappeler cela.)
Il n'avait pas, d'ailleurs, rev��tu la forme que nous lui connaissons actuellement, et m��me il pr��tait au sourire de la grande majorit�� des Fran?ais d'alors.
Quelques rares originaux et qui ne craignaient point d'affronter les ricanements de leurs contemporains faisaient, seuls, usage de bicycles (comme on d��signait les dites machines) et s'attiraient des pi��tons la spirituelle appellation d'imb��ciles �� roulettes!
Comme c'est loin, tout ?a!
Aujourd'hui, en d��pit de quelques grincheux, le cyclisme semble ��tre entr�� d��finitivement en nos moeurs.
Dans les bourgades les plus recul��es, on rencontre de nombreux v��locip��distes dont certains appartiennent parfois �� d'humbles conditions, car, ainsi que la d��mocratie, la bicyclette coule �� pleins bords.
Je n'entreprendrai pas l'apologie de ce nouveau mode de locomotion: des plumes autrement autoris��es que la mienne l'ont d��j�� fait avec un rare bonheur. (Avez-vous lu Voici des ailes, de Maurice Leblanc? Non. Eh bien, lisez-le, et vous me remercierez du tuyau.)
Ah! dame! la b��cane procure quelquefois de petits ennuis. Cette m��daille a un c?t�� pile, ou plut?t pelle, pas toujours dr?le, sans compter le passage du sportsman sous la roue de pesants camions, ou le piquage de t��te dans les gouffres embusqu��s au coin d'insidieux tournants.
Ou des accidents plus ��tranges encore, t��moin celui que voici:
Dimanche dernier, un groupe joyeux d'environ vingt v��locip��distes de l'A. T. C. H. O. U. M. (Association des Terrassiers Cyclistes du Havre et des Organistes Unis de Montivilliers) remontait, en peloton compact, le chemin creux qui, partant de la route de Cabourg �� ��tretat, aboutit au plateau de Notre-Dame de Grace, pr��s Honfleur.
Tout �� coup, pareillement au cr��pitus d'un canon �� tir rapide, une s��rie de d��tonations d��chira l'air.
Les vingt pneux des camarades venaient d'��clater.
(Accident? Malveillance? C'est ce que l'enqu��te ouverte par l'A.T.C.H.O.U.M. ��tablira.)
Nos gaillards eurent bient?t fait de r��parer le d��sastre, mais au moment o��, d'un ��nergique et simultan�� travail, ils regonflaient leurs pneumatiques, voici qu'ils tomb��rent tous sur le sol, en proie �� des mouvements spasmodiques, et comme asphyxi��s, les pauvres!
L'explication du ph��nom��ne est bien simple: les vingt-cinq pompes de ces messieurs, absorbant l'air ambiant pour l'enfourner au sein des caoutchoucs, avaient fait le vide dans le chemin creux et les cyclistes subissaient les affres du petit oiseau que, dans les laboratoires, on met sous la cloche de la machine pneumatique.
L'accident, par bonheur, n'eut pas de suite, une forte brise ayant ramen�� de l'air dans ces parages; mais tous les affili��s de l'A.T.C.H.O.U.M. ont bien jur�� que cette m��saventure leur servirait de le?on.
P��NIBLES D��BUTS
Une des premi��res visites que fit ce jeune homme, d��barquant �� Paris, fut pour moi, moi son vieux concitoyen.
--Une place? lui r��pondis-je, une belle place? Vous cherchez une belle place?
--Dam! aussi belle que possible.
--Eh bien, mon cher ami, je puis vous en indiquer une superbe!
--Ah! vraiment. Laquelle?
--La place de la Concorde.
Cette facile plaisanterie, vieille d��j�� de pas mal d'ann��es, continue �� m'enchanter comme aux premiers jours (ainsi certains vieillards conservent jusqu'au seuil du s��pulcre la plus r��jouissante all��gresse).
Le jeune homme consentit �� sourire, mais je vis bien qu'il ne go?tait pas int��gralement ma petite fac��tie.
Pour le remettre en joie, je l'entra?nai vers un bar voisin que je connais et o�� l'on rencontre le seul gin buvable de Paris.
Un vieux camarade, ��trange type et fertile en avatars, s'y trouvait d��j��.
--Comment va?
--Et toi?... Rien de neuf?
Je pr��sentai mon jeune ami au personnage.
Justement cela tombait bien, le personnage venant d'acqu��rir un journal du soir et recrutant pour son organe une r��daction jeune, ardente et pas encore compromise. C'��tait touchant d'entendre le monsieur parler de la sorte.
Il fut convenu que mon prot��g�� ferait partie du vesp��ral canard en question et qu'il ��crirait chaque jour un Croquis de Paris de vingt ou trente lignes.
--Mais, protestait mollement le jouvenceau, je ne sais pas si je saurai, moi d'hier �� Paris, ��crire des choses bien parisiennes.
--Au contraire, mon gar?on! affirmait l'autre. Ce sera bien mieux ainsi. Vous verrez Paris sous l'angle charmant de vos yeux ing��nus et vous le d��crirez d'une plume non encore souill��e des mille compromissions de la capitale!
(Mon vieux camarade use parfois de ces termes grandiloquents.)
--Alors, entendu.
--Quant aux appointements,--je vous avoue que je suis pour l'instant un peu serr��,--je ne saurais donc vous gorger d'or. Je vous offre 150 fr. par mois--somme d��risoire, je le sais... Ce sera pour vos cigares...
--Je ne fume pas.
--Tous mes compliments, jeune homme; je voudrais pouvoir en dire autant.
Ce fut donc convenu.
D��s le lendemain, le jeune homme entrait en fonctions.
Chaque jour, il abattit son petit Croquis de Paris, pas plus mal qu'un autre, ma foi, et m��me souvent de fort gentille tournure.
�� la fin du mois, un peu ��mu, il se pr��sentait �� la caisse.
--Vous d��sirez? fit l'argentier.
--Je suis M. Un Tel, j'appartiens depuis un mois �� la r��daction
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