po?te ne me fera jamais cette difficult��, parce que de Styx et d'Ach��ron est beaucoup plus soutenu que du Styx, de l'Ach��ron. Sur les bords fameux de Seine et de Loire seroit bien plus noble dans un vers, que sur les bords fameux de la Seine et de la Loire. Mais ces agr��ments sont des myst��res qu'Apollon n'enseigne qu'�� ceux qui sont v��ritablement initi��s dans son art.? La remarque est juste, mais l'expression est bien forte. O�� en serions-nous, bon Dieu! si en ces sortes de choses gisait la po��sie avec tous ses myst��res? Chez Boileau, cette timidit�� du bon sens, d��j�� signal��e, fait que la m��taphore est bien souvent douteuse, incoh��rente, trop t?t arr��t��e et tarie, non pas hardiment logique, tout d'une venue et comme �� pleins bords.
Le Fran?ois, n�� malin, forma le vaudeville, Agr��able indiscret, qui, conduit par le chant, Passe de bouche en bouche et s'accro?t en marchant.
Qu'est-ce, je le demande, qu'un indiscret qui passe de bouche en bouche et s'accro?t en marchant? Ailleurs Boileau dira:
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher,
comme si l'on attachait avec des ressorts; des ressorts poussent, mettent en jeu, mais n'attachent pas. Il appellera Alexandre ce fougueux l'Angeli, comme si l'Angeli, fou de roi, ��tait r��ellement un fou priv�� de raison; il fera monter la trop courte beaut�� sur des patins, comme si une beaut�� pouvait ��tre longue ou courte. Encore un coup, chez Boileau la m��taphore ��videmment ne surgit presque jamais une, enti��re, indivisible et tout arm��e: il la compose, il l'ach��ve �� plusieurs reprises; il la fabrique avec labeur, et l'on aper?oit la trace des soudures[8]. A cela pr��s, et nos r��serves une fois pos��es, personne plus que nous ne rend hommage �� cette multitude de traits fins et solides, de descriptions artistement faites, �� cette moquerie temp��r��e, �� ce mordant sans fiel, �� cette causerie m��l��e d'agr��ment et de s��rieux, qu'on trouve dans les bonnes pages de Boileau[9]. Il nous est impossible pourtant de ne pas pr��f��rer le style de Regnier ou de Moli��re.
[Note 8: Plus d'une fois, dans la suite de ces volumes, on trouvera des modifications apport��es �� cette th��orie trop absolue que je donnais ici de la m��taphore. La m��taphore, je suis venu �� le reconna?tre, n'a pas besoin, pour ��tre l��gitime et belle, d'��tre si compl��tement arm��e de pied en cap; elle n'a pas besoin d'une rigueur mat��rielle si soutenue jusque dans le moindre d��tail. S'adressant �� l'esprit et faite avant tout pour lui figurer l'id��e, elle peut sur quelques points laisser l'id��e elle-m��me appara?tre dans les intervalles de l'image. Ce d��faut de cuirasse, en fait de m��taphore, n'est pas d'un grand inconv��nient; il suffit qu'il n'y ait pas contradiction ni disparate. Quelle que soit la beaut�� de l'image employ��e, l'esprit sait bien que ce n'est qu'une image, et que c'est �� l'id��e surtout qu'il a affaire. Il en est de la perfection m��taphorique un peu comme de l'illusion sc��nique �� laquelle il ne faut pas trop sacrifier dans le sens mat��riel, puisque l'esprit n'en est jamais dupe. Il y a m��me de l'��l��gance vraie et du gallicisme dans l'incomplet de certaines m��taphores.]
[Note 9: Dans son ��loge de Despr��aux (Hist. de l'Acad. des Inscript.), M. de Boze a dit tr��s-judicieusement: ?Nous croyons qu'il est inutile de vouloir donner au public une id��e plus particuli��re des Satires de M. Despr��aux. Qu'ajouterions-nous �� l'id��e qu'il en a d��j��? Devenues l'appui ou la ressource de la plupart des conversations, combien de maximes, de proverbes ou de bons mots ont-elles fait na?tre dans notre langue! et de la n?tre, combien en ont-elles fait passer dans celle des ��trangers! Il y a peu de livres qui aient plus agr��ablement exerc�� la m��moire des hommes, et il n'y en a certainement point qu'il f?t aujourd'hui plus ais�� de restituer, si toutes les copies et toutes les ��ditions en ��toient perdues.?]
Que si maintenant on nous oppose qu'il n'��tait pas besoin de tant de d��tours pour ��noncer sur Boileau une opinion si peu neuve et que bien des gens partagent au fond, nous rappellerons qu'en tout ceci nous n'avons pr��tendu rien inventer; que nous avons seulement voulu rafra?chir en notre esprit les id��es que le nom de Boileau r��veille, remettre ce c��l��bre personnage en place, dans son si��cle, avec ses m��rites et ses imperfections, et revoir sans pr��jug��s, de pr��s �� la fois et �� distance, le correct, l'��l��gant, l'ing��nieux r��dacteur d'un code po��tique abrog��.
Avril 1829.
Comme correctif �� cet article critique, on demande la permission d'ins��rer ici la pi��ce de vers suivante, qui est post��rieure de pr��s de quinze ans. A ceux qui l'accuseraient encore d'avoir jet�� la pierre aux statues de Racine et de Boileau, l'auteur, pour toute r��ponse, a droit maintenant de faire remarquer qu'en ��crivant les Larmes de Racine et la Fontaine de Boileau, il a t��moign��, tr��s-incompl��tement sans doute, de

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