tr��s-vils et tr��s-bas. Racine lit, un jour, cette observation de Denis d'Halicarnasse, et vite il la communique �� Boileau qui niait les termes pr��tendus vils et bas, reproch��s par Perrault �� Hom��re: ?J'ai fait r��flexion, lui ��crit Racine, qu'au lieu de dire que le mot d'ane est en grec un mot tr��s-noble, vous pourriez vous contenter de dire que c'est un mot qui n'a rien de bas, et qui est comme celui de cerf, de cheval, de brebis, etc. Ce tr��s-noble me para?t un peu trop fort.? C'est l�� qu'en ��taient ces grands hommes en fait de th��orie et de critique litt��raire. Un autre jour, il y eut devant Louis XIV une vive discussion �� propos de l'expression rebrousser chemin, que le roi d��sapprouvait comme basse, et que condamnaient �� l'envi tous les courtisans, et Racine le premier. Boileau seul, conseill�� de son bon sens, osa d��fendre l'expression; mais il la d��fendit bien moins comme nette et franche en elle-m��me que comme re?ue dans le style noble et poli, depuis que Vaugelas et d'Ablancourt l'avaient employ��e.
Si de la th��orie po��tique de Boileau nous passons �� l'application qu'il en fait en ��crivant, il ne nous faudra, pour le juger, que pousser sur ce point l'id��e g��n��rale tant de fois ��nonc��e dans cet article. Le style de Boileau, en effet, est sens��, soutenu, ��l��gant et grave; mais cette gravit�� va quelquefois jusqu'�� la pesanteur, cette ��l��gance jusqu'�� la fatigue, ce bon sens jusqu'�� la vulgarit��. Boileau, l'un des premiers et plus instamment que tout autre, introduisit dans les vers la manie des p��riphrases, dont nous avons vu sous Delille le grotesque triomphe; car quel mis��rable progr��s de versification, comme dit M. ��mile Deschamps, qu'un logogriphe en huit alexandrins, dont le mot est chiendent ou carotte? ?Je me souviens, ��crit Boileau �� M. de Maucroix, que M. de La Fontaine m'a dit plus d'une fois que les deux vers de mes ouvrages qu'il estimait davantage, c'��taient ceux o�� je loue le roi d'avoir ��tabli la manufacture des points de France �� la place des points de Venise. Les voici: c'est dans la premi��re ��p?tre �� Sa Majest��:
Et nos voisins frustr��s de ces tributs serviles Que payoit �� leur art le luxe de nos villes.?
Assur��ment, La Fontaine ��tait bien humble de pr��f��rer ces vers laborieusement ��l��gants de Boileau �� tous les autres; �� ce prix, les siens propres, si francs et si na?fs d'expression, n'eussent gu��re rien valu. ?Croiriez-vous, dit encore Boileau dans la m?me lettre en parlant de sa dixi��me ��p?tre, croiriez-vous qu'un des endroits o�� tous ceux �� qui je l'ai r��cit��e se r��crient le plus, c'est un endroit qui ne dit autre chose sinon qu'aujourd'hui que j'ai cinquante-sept ans, je ne dois plus pr��tendre �� l'approbation publique? cela est dit en quatre vers, que je veux bien vous ��crire ici, afin que vous me mandiez si vous les approuvez:
Mais aujourd'hui qu'enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blonds d��j�� toute chenue, A jet�� sur ma t��te avec ses doigts pesants Onze lustres complets surcharg��s de deux ans.
?Il me semble que la perruque est assez heureusement frond��e dans ces vers.? Cela rappelle cette autre hardiesse avec laquelle dans l'Ode �� Namur, Boileau parle de la plume blanche que le roi a sur son chapeau[7]. En g��n��ral, Boileau, en ��crivant, attachait trop de prix aux petites choses: sa th��orie du style, celle de Racine lui-m��me, n'��tait gu��re sup��rieure aux id��es que professait le bon Rollin. ?On ne m'a pas fort accabl�� d'��loges sur le sonnet de ma parente, ��crit Boileau �� Brossette; cependant, monsieur, oserai-je vous dire que c'est une des choses de ma fa?on dont je m'applaudis le plus, et que je ne crois pas avoir rien dit de plus gracieux que:
A ses jeux innocents enfant associ��,
et
Rompit de ses beaux jours le fil trop d��li��,
et
Fut le premier d��mon qui m'inspira des vers.
[Note 7: ?Il ne s'est jamais vant��, comme il est dit dans le Boloeana, d'avoir le premier parl�� en vers de notre artillerie, et son dernier commentateur prend une peine fort inutile en rappelant plusieurs vers d'anciens po?tes pour prouver le contraire. La gloire d'avoir parl�� le premier du fusil et du canon n'est pas grande. Il se vantoit d'en avoir le premier parl�� po��tiquement, et par de nobles p��riphrases.? (RACINE fils, M��moires sur la vie de son p��re.)]
?C'est �� vous �� en juger.? Nous estimons ces vers fort bons sans doute, mais non pas si merveilleux que Boileau semble le croire. Dans une lettre �� Brossette, on lit encore ce curieux passage: ?L'autre objection que vous me faites est sur ce vers de ma Po��tique:
De Styx et d'Ach��ron peindre les noirs torrents.
Vous croyez que
Du Styx, de l'Ach��ron peindre les noirs torrents,
seroit mieux. Permettez-moi de vous dire que vous avez en cela l'oreille un peu prosa?que, et qu'un homme vraiment
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