Peaux-rouges et Peaux-blanches

Émile Chevalier

et Peaux-blanches, by ��mile Chevalier

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Title: Peaux-rouges et Peaux-blanches
Author: ��mile Chevalier
Release Date: August 14, 2006 [EBook #19045]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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A MON AMI CAMILLE DE LA BOULIE Directeur du Syndicat administratif de France.
H.-E. CHEVALIER

PEAUX-ROUGES ET PEAUX-BLANCHES
PAR
��MILE CHEVALIER
PARIS CALMANN-LEVY, ��DITEURS 3, RUE AUBER, 3

A M. ��MILE DESCHAMPS,
Vous aussi, mon cher po��te, si doux, si aimable, vous, l'une des gloires de la France et le charme de notre petite colonie contrexevilloise, vous avez conspir�� avec mes amis, et m'avez impos�� une tache bien lourde, l'HISTOIRE ANECDOTIQUE DU CANADA. Haute responsabilit��. Ne succomberai-je pas sous le fardeau? Pour m'encourager, pour me soutenir et, peut-��tre, me garer en cas d'��chec, je place l'oeuvre sous votre patronage. En voici le premier volume, acceptez-le, et croyez, quel que soit d'ailleurs son sort en ce wide, wide wold, mon amiti�� la plus sinc��re...
H-��MILE CHEVALIER. Contrexeville (Vosges), juillet 1864.

CHAPITRE PREMIER
LES DOUZE APOTRES
--Allons, Judas, verse-moi un verre de whisky, car je me sens alt��r�� en diable.
--Vous pouvez bien vous servir vous-m��me! fut-il r��pondu d'un ton sec.
--Et si je veux que ce soit toi qui me donnes �� boire, reprit le Mangeux-d'Hommes, en fron?ant les sourcils.
Judas leva d��daigneusement les ��paules.
--Par le Christ, mon fr��re a?n��! ne m'entends-tu pas? continua le premier.
--La gourde est pr��s de vous, riposta Judas.
--Eh! ce n'est pas cela que je te demande...
--L'enfer vous confonde! vous ��tes ivre comme un Indien.
--Ivre! ose r��p��ter que je suis ivre, vilain Iscariote hurla l'autre en ass��nant sur la table un coup de poing, dont les ��chos de la salle r��percut��rent longuement le son.
--Oui, vous ��tes ivre.
Le Mangeux-d'Hommes se dressa, d'un bond, sur les pieds.
Ce mouvement ne parut pas causer la moindre impression �� Judas, qui tailladait, avec son couteau, le banc sur lequel il ��tait assis. Pourpre d'alcool et de col��re, son interlocuteur arma un revolver.
--Si tu ne m'ob��is pas, je te casse la t��te!
--En campagne je suis votre lieutenant, toujours pr��t �� me conformer �� vos ordres, mais ici, hors du service, votre ��gal.
--Mon ��gal, toi!...
--Voyons, capitaine, pas de b��tises!
--Qu'entends-tu par des b��tises?
--J'entends qu'il ne faut pas quereller pour des riens, quand nous avons �� causer de choses s��rieuses.
--Tu voudrais me braver, hein?
--Du tout; je veux que vous soyez raisonnable. Vous avez bu outre mesure, ce matin...
--Tu mens!
A cette insulte, le front de Judas se plissa, un ��clair de ressentiment flamboya dans ses yeux: n��anmoins, il demeura ma?tre de lui et repartit avec calme:
--A votre aise; mais rasseyez-vous, et parlons de notre projet.
--Et s'il ne me pla?t pas de me rasseoir! vocif��ra le Mangeux-d'Hommes, en frappant de nouveau la table, avec son pistolet, mais si violemment que plusieurs des coups dont il ��tait charg�� firent explosion et que la crosse se brisa en vingt morceaux.
Judas ne put r��primer un ��clat de rire, ce qui acheva d'exasp��rer son chef.
--Ah! brigand, tu te moques de moi! prof��ra-t-il entre les dents.
--Le fait est que vous pr��tez �� la plaisanterie.
--La plaisanterie! je vais t'en donner, des plaisanteries, moi! En disant ces mots, le Mangeux-d'Hommes avait tir�� de sa gaine un long coutelas pendu �� sa ceinture, et il se pr��cipitait, ��cumant de rage, sur son lieutenant.
Celui-ci n'aurait pas eu de peine �� se d��fendre contre un homme pris de liqueurs et �� le d��sarmer; mais, au m��me moment, la porte de la salle o�� se passait cette sc��ne s'ouvrit, pour livrer passage �� une dizaine d'individus, qui se jet��rent au devant du capitaine et l'arr��t��rent, malgr�� ses menaces de mort, et la force prodigieuse qu'il d��ploya dans sa lutte avec eux.
Ainsi que Judas, ces gens ��taient accoutr��s et ��quip��s en aventuriers du nord-ouest am��ricain. Ils portaient le casque ou toque en peau de loutre; un capot ou capote, de laine blanche, boutonn�� jusqu'au menton, et serr�� �� la taille par une ceinture multicolore, dite ceinture fl��ch��e, parce que les bouts qui flottaient sur leur c?t�� ��taient coup��s en fer de fl��che; des mitasses ou gu��tres en cuir de caribou, orn��es de longues franges et de verroterie appel��e rassade; des mocassins ou chaussures en peau molle, semblablement agr��ment��s.
A leur ceinture ��taient pass��s un couteau, une hachette, une paire de pistolets.
Quelques-uns avaient �� la main une carabine, de fabrication grossi��re, mais dont la crosse ��tait d��cor��e de clous �� t��te de cuivre, figurant des dessins bizarres, des initiales, et le canon chamarr�� de plumes brillantes, de rubans aux vives couleurs.
La plupart ��taient robustes, taill��s en Hercule; tous ��taient marqu��s au coin de l'audace; tous inspiraient l'effroi, ou l'aversion, car les vicissitudes d'une
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