jaune et bleu.
Apr��s un moment d'examen et d'h��sitation, la femme s'approcha et dit �� voix basse:
--Childe-Harold.
--Faust--r��pondit le domino masculin.
Ces mots ��chang��s, la femme prit le bras de l'homme, qui la conduisit dans le salon d'une des loges d'avant-sc��ne.
* * * * *
CHAPITRE III.
LE DOMINO.
M. L��on de Morville (l'un des deux dominos qui venaient d'entrer dans ce salon) se d��masqua.
Les louanges que l'on avait donn��es �� sa figure n'��taient pas exag��r��es; son visage, d'une puret�� de lignes id��ale, r��alisait presque le divin type de l'Antino��s, encore po��tis��, si cela se peut dire, par une charmante expression de m��lancolie, expression compl��tement ��trang��re �� la beaut�� pa?enne. De longs cheveux noirs et boucl��s encadraient cette noble et gracieuse physionomie.
Tr��s romanesque en amour, M. de Morville avait pour les femmes un culte religieux qui prenait sa source dans la v��n��ration passionn��e qu'il ressentait pour sa m��re.
D'une bont��, d'une mansu��tude adorables, on citait de lui mille traits de d��licatesse et de d��vouement. Lorsqu'il paraissait, les femmes n'avaient de regards, de sourires, de pr��venances que pour lui; il savait r��pondre �� cette bienveillance g��n��rale avec tant de tact et de spirituelle modestie, qu'il ne blessait aucun amour-propre; sans sa fid��lit�� romanesque pour une femme qu'il avait ��perdument aim��e, et dont il ne s'��tait s��par�� que par la force des circonstances, il aurait eu les plus nombreux, les plus brillants succ��s.
M. de Morville ��tait surtout dou�� d'un grand charme de mani��res; son affabilit�� naturelle lui inspirait toujours des paroles aimables ou flatteuses; la douce ��galit�� de son caract��re n'��tait m��me jamais alt��r��e par les d��ceptions qui devaient blesser de temps �� autre cette ame d��licate et sensible.
Peut-��tre son caract��re manquait-il un peu de virilit��; loin d'��tre hardiment agressif �� ce qui ��tait mis��rable et injuste, loin de rendre le mal pour le mal, loin de punir les perfidies que sa g��n��rosit�� encourageait souvent, M. de Morville avait une telle horreur ou plut?t un tel d��go?t des laideurs humaines, qu'il d��tournait ses yeux des coupables au lieu de s'en venger.
Au lieu d'��craser un immonde reptile, il aurait cherch�� du regard quelque fleur parfum��e, quelque nid de blanche tourterelle, quelque horizon riant et pur, pour reposer, pour consoler sa vue.
Ce syst��me de commis��ration infinie vous expose souvent �� ��tre de nouveau mordu par le reptile, alors que vous regardez au ciel pour ne pas le voir; les meilleures choses ont leurs inconv��nients.
De ceci il ne faudrait pas conclure que M. de Morville f?t sans courage. Il avait trop d'honneur, trop de loyaut��, pour n'��tre pas tr��s brave, ses ��preuves ��taient faites: mais, sauf les griefs qu'un homme ne pardonne jamais, il se montrait d'une cl��mence tellement in��puisable que, s'il n'e?t pas douloureusement ressenti certains torts, cette cl��mence e?t pass�� pour de l'indiff��rence ou du d��dain.
Ce crayon du caract��re de M. de Morville ��tait n��cessaire pour l'intelligence de la sc��ne qui va suivre.
Nous l'avons dit, une fois entr�� dans le salon qui pr��c��dait la loge, M. de Morville s'��tait d��masqu��; il attendait avec peut-��tre plus d'inqui��tude que de plaisir l'issue de cette myst��rieuse entrevue.
La femme qu'il avait accompagn��e ��tait masqu��e avec un soin extr��me; son capuchon rabattu emp��chait absolument de voir ses cheveux, son domino tr��s ample d��guisait sa taille; des gants, des souliers tr��s larges emp��chaient enfin de reconna?tre les mains et les pieds, indices si certains, si r��v��lateurs.
Cette femme semblait ��mue; plusieurs fois elle voulut parler, les mots expir��rent sur ses l��vres.
M. de Morville rompit le premier le silence, et lui dit:
--J'ai re?u, madame, la lettre que vous avez bien voulu m'��crire, en me priant de me rendre ici masqu��, avec un signe et des mots de reconnaissance; votre lettre m'a paru si s��rieuse que, malgr�� les inqui��tudes que m'inspire l'��tat de ma m��re, je me suis rendu �� vos ordres....
M. de Morville ne put continuer.
D'une main tremblante d'��motion, le domino se d��masqua violemment.
--Madame de Hansfeld!--s'��cria M. de Morville, frapp�� de stupeur.
C'��tait la princesse.
* * * * *
CHAPITRE IV.
PAULA MONTI.
M. de Morville ne pouvait en croire ses yeux.
Ce n'��tait pas une illusion... il se trouvait en pr��sence de madame de Hansfeld.
Il faudrait le talent d'un grand artiste pour rendre le caract��re ��nergique, s��v��re de ce visage imp��rial, pale et beau comme un masque de marbre antique, pour peindre ce regard noir, profond, imp��n��trable, que les traditions du Nord pr��tent aux mauvais esprits.
Qu'on excuse notre ambitieuse comparaison, mais en ��voquant la qualit�� po��tique de Cl��opatre et de lady Macbeth, on se figurerait peut-��tre le m��lange de s��duction dominatrice et de grandeur sombre empreint sur la physionomie de la V��nitienne Paula Monti, princesse de Hansfeld.
Madame de Hansfeld avait arrach�� son masque.
Son capuchon abattu projetait une ombre vigoureuse sur son front, tandis que le reste de son visage ��tait vivement ��clair��; ses yeux brillaient d'un nouvel ��clat au milieu du clair-obscur o�� se trouvait la partie sup��rieure de la figure.
A l'exception
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