étrange qu'elle
était inattendue. Nous avons été un mois sans y faire attention. Notre
impassibilité n'a fait qu'enhardir tous les brouillons qui veulent
précipiter la cour de Berlin dans la lutte la plus inconsidérée.
Toutefois, les armemens de la Prusse ont amené le cas prévu par l'un
des articles du traité du 12 juillet, et nous croyons nécessaire que tous
les souverains qui composent la confédération du Rhin, arment pour
défendre ses intérêts, pour garantir son territoire et en maintenir
l'inviolabilité. Au lieu de 200,000 hommes que la France est obligée de
fournir, elle en fournira 300,000, et nous venons d'ordonner que les
troupes nécessaires pour compléter ce nombre, soient transportées en
poste sur le Bas-Rhin; les troupes de V. M. étant toujours restées sur le
pied de guerre, nous invitons V. M. à ordonner qu'elles soient mises,
sans délai, en état de marche avec leurs équipages de campagne, et de
concourir à la défense de la cause commune, dont le succès, nous avons
lieu de le croire, répondra à sa justice, si toutefois, contre nos désirs et
contre nos espérances, la Prusse nous met dans la nécessité de
repousser la force par la force.
Sur ce, nous prions Dieu, mon frère, qu'il vous ait en sa sainte et digne
garde.
NAPOLÉON.
Au quartier impérial de Bamberg, le 6 octobre 1806.
Proclamation à la grande armée.
Soldats,
«L'ordre pour votre rentrée en France était parti; vous vous en étiez
déjà rapprochés de plusieurs marches. Des fêtes triomphales vous
attendaient, et les préparatifs pour vous recevoir étaient commencés
dans la capitale.
«Mais, lorsque nous nous abandonnions à cette trop confiante sécurité,
de nouvelles trames s'ourdissaient sous le masque de l'amitié et de
l'alliance. Des cris de guerre se sont fait entendre à Berlin; depuis deux
mois nous sommes provoqués tous les jours davantage.
«La même faction, le même esprit de vertige qui, à la faveur de nos
dissensions intestines, conduisit, il y a quatorze ans, les Prussiens au
milieu des plaines de la Champagne, domine dans leurs conseils. Si ce
n'est plus Paris qu'ils veulent brûler et renverser jusque dans ses
fondemens, c'est, aujourd'hui, leurs drapeaux qu'ils se vantent de
planter dans les capitales de nos alliés; c'est la Saxe qu'ils veulent
obliger à renoncer, par une transaction honteuse, à son indépendance,
en la rangeant au nombre de leurs provinces; c'est enfin vos lauriers
qu'ils veulent arracher de votre front. Ils veulent que nous évacuions
l'Allemagne à l'aspect de leur armée! les insensés!!! Qu'ils sachent donc
qu'il serait mille fois plus facile de détruire la grande capitale que de
flétrir l'honneur des enfans du grand-peuple et de ses alliés. Leurs
projets furent confondus alors; ils trouvèrent dans les plaines de la
Champagne la défaite, la mort et la honte: mais les leçons de
l'expérience s'effacent, et il est des hommes chez lesquels le sentiment
de la haine et de la jalousie ne meurt jamais.
«Soldats, il n'est aucun de vous qui veuille retourner en France par un
autre chemin que par celui de l'honneur. Nous ne devons y rentrer que
sous des arcs de triomphe.
«Eh quoi! aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, les déserts;
vaincu l'Europe plusieurs fois coalisée contre nous; porté notre gloire
de l'orient à l'occident, pour retourner aujourd'hui dans notre patrie
comme des transfuges, après avoir abandonné nos alliés, et pour
entendre dire que l'aigle française a fui épouvantée à l'aspect des
armées prussiennes... Mais déjà ils sont arrivés sur nos avant-postes...
«Marchons donc, puisque la modération n'a pu les faire sortir de cette
étonnante ivresse. Que l'armée prussienne éprouve le même sort qu'elle
éprouva il y a quatorze ans! qu'ils apprennent que s'il est facile
d'acquérir un accroissement de domaines et de puissance avec l'amitié
du grand-peuple, son inimitié (qu'on ne peut provoquer que par
l'abandon de tout esprit de sagesse et de raison) est plus terrible que les
tempêtes de l'Océan.
NAPOLÉON.
Au quartier impérial de Bamberg, le 7 octobre 1806.
Au sénat conservateur.
«Sénateurs,
«Nous avons quitté notre capitale, pour nous rendre au milieu de notre
armée d'Allemagne, dès l'instant que nous avons su avec certitude
qu'elle était menacée sur ses flancs par des mouvemens inopinés. A
peine arrivé sur les frontières de nos états, nous avons eu lieu de
reconnaître combien notre présence y était nécessaire, et de nous
applaudir des mesures défensives que nous avons prises avant de
quitter le centre de notre empire. Déjà les armées prussiennes, portées
au grand complet de guerre, s'étaient ébranlées de toutes parts; elles
avaient dépassé leurs frontières, la Saxe était envahie, et le sage prince
qui gouverne était forcé d'agir contre sa volonté, contre l'intérêt de ses
peuples. Les armées prussiennes étaient arrivées devant les
cantonnemens de nos troupes. Des provocations de toutes espèces, et
mêmes des voies de fait avaient signalé l'esprit de haine
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