tous pas, que des idées de vengeance. Mais vous y v?tes l'atroce militaire, l'impertinent robin, l'avide publicain, y régner sans contradictions, et le Corse accablé sous ses triples cha?nes, n'oser ni penser à ce qu'il fut, ni réfléchir sur ce qu'il pouvait être encore. Vous vous d?tes, dans la joie de votre coeur: les choses vont bien, il ne s'agit que de les maintenir; et aussit?t vous vous liguates avec le militaire, le robin et le publicain. Il ne fut plus question que de s'occuper à avoir des députés qui fussent animés par ces sentimens; car pour vous, vous ne pouviez pas soup?onner qu'une nation, votre ennemie, vous chois?t pour la représenter. Mais vous d?tes changer d'opinion, lorsque les lettres de convocation, par une absurdité peut-être faite à dessein, déterminèrent que le député de la noblesse serait nommé dans une assemblée composée seulement de vingt-deux personnes: il ne s'agissait que d'obtenir douze suffrages, Vos co-associés du conseil supérieur travaillèrent avec activité: menaces, promesses, caresses, argent, tout fut mis en jeu: vous réuss?tes. Les v?tres ne furent pas si heureux dans les communes: le premier président échoua; et deux hommes exaltés dans leurs idées, l'un fils, frère, neveu des plus zélés défenseurs de la cause commune; l'autre avait vu Sionville et Narbonne; en gémissant sur son impuissance, son esprit était plein des horreurs qu'il avait vu commettre: ces deux hommes furent proclamés, et rencontrèrent le voeu de la nation, dont ils devinrent l'espoir. Le dépit secret, la rage que votre nomination fit dévorer à tous, fait l'éloge de vos manoeuvres et du crédit de votre ligue.
Arrivé Versailles, vous f?tes zélé royaliste: arrivé à Paris, vous d?tes voir avec un sensible chagrin que le gouvernement que l'on voulait organiser sur tant de débris, était le même que celui que l'on avait chez nous noyé dans tant de sang.
Les efforts des méchans furent impuissans: la nouvelle constitution, admirée de l'Europe, et devenue la sollicitude de tout être pensant; il ne vous resta plus qu'une ressource; ce fut de faire croire que cette constitution ne convenait pas à notre ?le, quand elle était exactement la même que celle qui opéra de si bons effets, et qu'il fallut tant de sang pour nous l'arracher.
Tous les délégués de l'ancienne administration, qui entraient naturellement dans votre cabale, vous servirent avec toute la chaleur de l'intérêt personnel: l'on dressa des mémoires où l'on prétendit prouver l'avantage dont était pour nous le gouvernement actuel, et où l'on établissait que tout changement contrarierait le voeu de la nation. Dans ce même temps, la ville d'Ajaccio eut indice de ce qui se tramait: elle leva le front, forma sa garde nationale, organisa son comité. Cet incident inattendu vous alarma: la fermentation se communiquait partout. Vous persuadates aux ministres, sur qui vous aviez pris de l'ascendant pour les affaires de Corse, qu'il était éminent d'y envoyer votre beau-père, M. Gaffory, avec un commandement; et voici M. Gaffory, digne précurseur de M. Narbonne, qui prétend, à la tête de ses troupes, maintenir par la force, la tyrannie que feu son père, de glorieuse mémoire, avait combattue et confondue par son génie. Des bévues sans nombre ne permirent pas de dissimuler la médiocrité des talens de votre beau-père: il n'avait que l'art de se faire des ennemis. L'on se ralliait de tous c?tés contre lui. Dans ce pressant danger, vous levates vos regards, et v?tes Narbonne! Narbonne, mettant à profit un moment de faveur, avait projeté de fixer dans une ?le qu'il avait dévastée par des cruautés inouies, le despotisme qui le rongeait. Vous vous concertates: le projet est arrêté; cinq mille hommes ont re?u les ordres; les brevets pour accro?tre d'un bataillon le régiment provincial, sont expédiés; Narbonne est parti. Cette pauvre nation, sans armes, sans courage, est livrée, sans espoir et sans ressource, aux mains de celui qui en fut le bourreau.
O infortunés compatriotes! de quelle trame odieuse alliez-vous être victimes? Vous vous en seriez aper?u, lorsqu'il n'e?t plus été temps. Quel moyen de résister, sans armes, à dix mille hommes? Vous eussiez vous-mêmes signé l'acte de votre avilissement: l'espoir se serait enfui, l'espérance éteinte; et des jours de malheur se seraient succédés sans interruption. La France libre vous e?t regardée avec mépris; l'Italie affligée, avec indignation; et l'Europe étonnée de ce degré sans exemple d'avilissement, e?t effacé de ses annales, les traits qui font honneur à votre vertu. Mais vos députés des communes pénétrèrent le projet, et vous avertirent à temps. Un roi qui ne désira jamais que le bonheur de ses compatriotes, éclairé par M. Lafayette, ce constant ami de la liberté, sut dissiper les intrigues d'un ministre perfide, que la vengeance inspira toujours à vous nuire. Ajaccio montra de la résolution dans son adresse, où était peint, avec tant d'énergie, l'état misérable auquel vous avait réduit le plus oppressif
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