Lyell en Angleterre, et par Constant Prévost et Virlet de l'autre côté
de la Manche. Dans cet ouvrage, Darwin nous montre sur quelles
faibles bases repose cette théorie d'après laquelle les grands cratères
circulaires des îles de l'Atlantique devraient leur origine à des ampoules
gigantesques de la croûte terrestre, qui, en crevant à leur sommet,
auraient donné naissance aux cratères. Reconnaissant l'influence que
l'injection de la lave exerce sur la structure des cônes volcaniques, en
accroissant leur masse et leur hauteur, il montre qu'en général les
volcans sont édifiés par des éjaculations répétées qui amènent une
accumulation de matières éruptives autour de l'orifice.
Cependant, quoiqu'il arrivât aux mêmes vues générales que Scrope et
que Lyell sur l'origine des cratères volcaniques ordinaires, Darwin vit
clairement que, dans certains cas, de grands cratères peuvent s'être
formés ou s'être agrandis par l'affaissement du plancher, à la suite
d'éruptions. L'importance de ce facteur auquel les géologues avaient
accordé trop peu d'attention, a été montrée récemment par le professeur
Dana dans son admirable ouvrage sur le Kilauea et d'autres grands
volcans de l'archipel hawaïen.
L'affaissement qui se produit autour d'un centre volcanique, et qui
détermine le plongement des couches environnantes, a été mis en
lumière pour la première fois par Darwin, comme résultat de son
premier travail sur les îles du Cap-Vert. Des exemples frappants du
même fait ont été signalés depuis en Islande par M. Robert et par
d'autres, dans la Nouvelle-Zélande par M. Heaphy, et dans les îles
occidentales de l'Ecosse par moi-même.
A diverses reprises, Darwin appela l'attention des géologues sur le fait
que les orifices volcaniques présentent entre eux des relations qu'on ne
saurait expliquer sans admettre l'existence, dans la croûte terrestre, de
lignes de fracture le long desquelles les laves se sont frayé un chemin
vers la surface. Mais en même temps il vit clairement qu'il n'existait pas
de preuves du passage de grands torrents de laves le long de ces
fractures; il montra comment les plateaux les plus remarquables,
formés de nappes de laves successives, peuvent avoir été construits par
des émissions répétées et modérées, émanant d'orifices volcaniques
nombreux, distincts les uns des autres. Il insiste expressément sur la
rapidité avec laquelle la dénudation peut faire disparaître les cônes de
cendres formés autour des orifices d'éjaculation, et les traces
d'émissions successives de laves.
L'un des chapitres les plus remarquables du livre est celui où l'auteur
traite des effets de la dénudation déterminant l'érosion de l'appareil
volcanique, au point de ne plus laisser subsister que des épaves ou
tronçons ruinés de volcans. Il a eu l'occasion d'étudier une série de cas
permettant de suivre toutes les gradations des formes volcaniques,
depuis les cônes complets jusqu'aux masses bouchant les cratères, où
elles s'étaient solidifiées. Les observations de Darwin sur ce sujet ont
été de la plus haute valeur et du plus grand secours pour tous ceux qui
se sont efforcés d'étudier les effets de l'action volcanique pendant les
périodes anciennes de l'histoire de la terre.
Comme Lyell, Darwin était fermement convaincu de la continuité des
actions géologiques, et c'était toujours avec une vive satisfaction qu'il
constatait que les phénomènes du passé pouvaient s'interpréter par des
causes actuelles. Au moment où Lyell se livrait, quelques mois avant sa
mort, à ses derniers travaux géologiques sur les environs de sa
résidence dans le Forfarshire, il écrivit à Darwin: «Toutes mes
recherches ont confirmé ma conviction que la seule différence entre les
roches volcaniques paléozoïques et récentes se réduit aux modifications
qui ont dû se produire en raison de l'immense période de temps pendant
laquelle les produits des volcans les plus anciens ont été soumis à des
transformations chimiques.»
Lorsqu'après avoir achevé ses études sur les phénomènes volcaniques,
Darwin entreprit l'examen des grandes masses granitiques des Andes, il
fut vivement frappé des relations qui unissent les roches dites
plutoniques et les roches d'origine incontestablement volcanique. On
doit dire à ce sujet que les circonstances mêmes dans lesquelles se fit la
croisière du Beagle furent très favorables à Darwin dans ses études sur
les roches éruptives. Après avoir observé des types nettement
caractérisés de la série récente, il alla étudier dans l'Amérique du Sud
de remarquables gisements de masses ignées anciennes très cristallines
et, dans le voyage de retour, il put revoir les roches volcaniques
récentes, raviver ainsi ses premières impressions et établir des relations
entre ces deux types lithologiques.
Il exposa quelques-unes des considérations générales que ces
observations lui avaient suggérées, dans un travail qu'il lut à la Société
Géologique le 17 mars 1838, et qui portait comme titre: _Du rapport de
certains phénomènes volcaniques, de la formation des chaînes de
montagnes, et des effets des soulèvements continentaux_. La relation
entre ces deux ordres de faits est discutée d'une manière plus
approfondie dans son livre sur la géologie de l'Amérique du Sud.
Les preuves d'un soulèvement
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