Numa Roumestan
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Title: Numa Roumestan Moeurs Parisiennes
Author: Alphonse Daudet
Release Date: October 10, 2005 [EBook #16848]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Alphonse Daudet
NUMA ROUMESTAN
Moeurs Parisiennes
(1881)
Table des mati��res
Alphonse Daudet NUMA ROUMESTAN Moeurs Parisiennes I AUX AR��NES II L'ENVERS D'UN GRAND HOMME III L'ENVERS D'UN GRAND HOMME (Suite) IV UNE TANTE DU MIDI -- SOUVENIRS D'ENFANCE V VALMAJOUR VI MINISTRE! VII PASSAGE DU SAUMON VIII REGAIN DE JEUNESSE IX UNE SOIR��E AU MINIST��RE X NORD ET MIDI XI UNE VILLE D'EAUX XII UNE VILLE D'EAUX (Suite) XIII LE DISCOURS DE CHAMBERY XIV LES VICTIMES XV LE SKATING XVI AUX PRODUITS DU MIDI XVII LA LAYETTE XVIII LE PREMIER DE L'AN XIX HORTENSE LE QUESNOY XX UN BAPT��ME
�� ma ch��re femme
?... Pour la seconde fois, les Latins ont conquis la Gaule...?
I
AUX AR��NES
Ce dimanche-l��, un dimanche de juillet chauff�� �� blanc, il y avait, �� l'occasion du concours r��gional, une grande f��te de jour aux ar��nes d'Aps-en-Provence. Toute la ville ��tait venue: les tisserands du Chemin-Neuf, l'aristocratie du quartier de la Calade, m��me du monde de Beaucaire.
?Cinquante mille personnes au moins!? disait le Forum dans sa chronique du lendemain; mais on doit tenir compte de l'enflure m��ridionale.
Le vrai, c'est qu'une foule ��norme s'��tageait, s'��crasait sur les gradins br?l��s du vieil amphith��atre, comme au beau temps des Antonins, et que la f��te des comices n'��tait pour rien dans ce d��bordement de peuple. Il fallait autre chose que les courses landaises, les luttes pour hommes et demi-hommes, les jeux de l'��trange-chat et du saut sur l'outre, les concours de fl?tets et de tambourins, spectacles locaux plus us��s que la pierre rousse des ar��nes, pour rester deux heures debout sur ces dalles flambantes, deux heures dans ce soleil tuant, aveuglant, �� respirer de la flamme et de la poussi��re �� odeur de poudre, �� braver les ophtalmies, les insolations, les fi��vres pernicieuses, tous les dangers, toutes les tortures de ce qu'on appelle l��-bas une f��te de jour.
Le grand attrait du concours, c'��tait Numa Roumestan.
Ah! le proverbe qui dit: ?Nul n'est proph��te...? est certainement vrai des artistes, des po��tes, dont les compatriotes sont toujours les derniers �� reconna?tre la sup��riorit��, toute id��ale en somme et sans effets visibles; mais il ne saurait s'appliquer aux hommes d'��tat, aux c��l��brit��s politiques ou industrielles, �� ces fortes gloires de rapport qui se monnayent en faveurs, en influences, se refl��tent en b��n��dictions de toutes sortes sur la ville et sur l'habitant.
Voil�� dix ans que Numa, le grand Numa, le d��put�� leader de toutes les droites, est proph��te en terre de Provence, dix ans que, pour ce fils illustre, la ville d'Aps a les tendresses, les effusions d'une m��re, et d'une m��re du Midi, �� manifestations, �� cris, �� caresses gesticulantes. D��s qu'il arrive, en ��t��, apr��s les vacances de la Chambre, d��s qu'il appara?t en gare, les ovations commencent: les orph��ons sont l��, gonflant sous des choeurs h��ro?ques leurs ��tendards brod��s; des portefaix, assis sur les marches, attendent que le vieux carrosse de famille, qui vient chercher le leader, ait fait trois tours de roues entre les larges platanes de l'avenue Berch��re, alors il se mettent eux-m��mes aux brancards et tra?nent le grand homme, au milieu des vivats et des chapeaux lev��s, jusqu'�� la maison Portal o�� il descend. Cet enthousiasme est tellement pass�� dans la tradition, dans le c��r��monial de l'arriv��e, que les chevaux s'arr��tent spontan��ment, comme �� un relais de poste, au coin de la rue o�� les portefaix ont l'habitude de d��teler, et tous les coups de fouet ne leur feraient pas faire un pas de plus. Du premier jour, la ville change d'aspect: ce n'est plus la morne pr��fecture, aux longues siestes berc��es par le cri strident des cigales sur les arbres br?l��s du Cours. M��me aux heures de soleil, les rues, l'esplanade s'animent et se peuplent de gens affair��s, en chapeaux de visite, v��tements de drap noir, tout crus dans la vive lumi��re, d��coupant sur les murs blancs l'ombre ��pileptique de leurs gestes. Le carrosse de l'��v��ch��, du pr��sident, secoue la chauss��e; puis des d��l��gations du faubourg, o�� Roumestan est ador�� pour ses convictions royalistes, des d��putations d'ourdisseuses s'en vont par bandes dans toute la largeur du boulevard, la t��te hardie sous le ruban arl��sien. Les auberges sont pleines de gens de la campagne, fermiers de Camargue ou de Crau, dont les charrettes d��tel��es encombrent les petites places, les rues des quartiers
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