Nouveaux contes extraordinaires

Bénédict H. Révoil
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Nouveaux contes extraordinaires

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Title: Nouveaux contes extraordinaires
Author: Bénédict H. Révoil
Release Date: June 2, 2004 [EBook #12488] [Date last updated: September 20, 2004]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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BéNéDICT H. RéVOIL
NOUVEAUX CONTES EXTRAORDINAIRES

Un tête-à-tête avec une Panthère.
Je remontais un jour le Mississipi au-dessus de sa jonction avec l'Ohio, et je trouvai la navigation interrompue par les glaces. Cette congélation inattendue me contrariait fort, mais je n'avais d'autre parti à prendre que celui de prier mon batelier, un Canadien très experimenté, de me conduire dans quelque village riverain pour y attendre la débacle.
Ce brave homme m'amena dans un petit endroit, nommé le Tawapatee Bottom, où le Mississipi décrivait une grande courbe. Les eaux étaient fort basses, le froid excessif, et de toutes parts la neige couvrait le sol.
Le premier soin de mon Canadien fut de préserver son embarcation des atteintes des blocs de glace. Il alla couper des troncs d'arbres dans la forêt voisine, qu'il amoncela les uns après les autres autour du bateau, de fa?on à le préserver de la pression des glaces flottantes.
Cela fait, nous nous établ?mes dans une masure, louée par un des habitants du village pour quelques dollars, et après en avoir soigneusement bouché les fissures, nous p?mes y allumer un excellent feu pour réchauffer nos membres engourdis.
Mais comme le séjour dans une cabane enfumée n'avait rien de bien gai, et que nous n'étions pas assez ours pour dormir engourdis dans cette tanière, nous songeames à occuper nos loisirs à la chasse.
Les bois du voisinage étaient remplis de gibier: les cerfs, les opossums, les raccoons et les dindons sauvages se trouvaient à portée de fusil et venaient r?der jusque devant notre porte. Sur les gla?ons de la rive voisine, opposée à celle où nous nous trouvions, s'étaient abattues des troupes de cygnes; et les coyottes affamés nous donnaient le spectacle d'un aff?t toujours déjoué par la gent empennée, aussi fine --pour ne pas dire plus--que ses ennemis à robe poilue.
Rien n'était plus curieux que de voir ces oiseaux, aux plumes immaculées, accroupis sur la glace, mais attentifs au moindre mouvement de leurs insidieux ennemis. Un coyotte faisait-il mine d'approcher, f?t-ce même à cent mètres, aussit?t la ?trompette? d'un cygne retentissait et on voyait toute la bande ailée se dresser et produire, en courant sur la glace, un bruit qui ressemblait fort au roulement du tonnerre. Et tout à coup ils s'envolaient d'un commun accord, laissant sur la terre ou la glace les coyottes désappointés et réduits à chercher un tout autre moyen pour déjeuner ou d?ner.
Les nuits étaient excessivement froides et nous entretenions, mon Canadien et moi, un excellent feu, car le bois ne manquait pas; vert ou mort, peu importait, pourvu qu'il brulat, et quand nous étions rentrés le soir, rapportant de nos excursions cynégétiques force gibier, nous n'avions qu'à choisir, à notre go?t, du poil ou de la plume, pour rassasier notre appétit formidable.
Le poisson figurait également dans le menu de nos repas. En faisant des trous dans la glace, mon batelier se procurait, avec des lignes de fond, de très-belles anguilles, du saumon et des hallibuts,, sorte de brême de rivière qui remonte le Mississipi jusqu'à sa source.
Une seule chose, indispensable pour un Européen, manquait à notre confortable existence: c'était du pain. Si nous avions eu de la farine, rien n'e?t été plus facile que de pétrir et de faire des fougasses qui eussent été les bienvenues. Mon Canadien--qui était homme de ressources--me laissa un matin pour se rendre à quelques milles dans les terres où il savait trouver un boulanger. Il revint, en effet, le lendemain, rapportant du pain frais et un demi-baril de pure primed flour qui nous servit à confectionner des patés pour varier notre ordinaire.
Nous étions ainsi campés, depuis cinq semaines; les eaux avaient toujours continué à baisser, et, couchée sur le c?té, notre embarcation était complètement à sec. Sur les deux rives du Mississipi, les gla?ons amoncelés formaient de véritables murailles.
Chaque nuit, le Canadien ne dormait que d'un oeil et allait d'heure en heure s'assurer de l'état des choses. Vers cinq heures du matin, certain dimanche, il se leva tout à coup en s'écriant:
--La débacle! sir, la débacle! Au bateau! Prenez vite votre hache pour me donner un coup de main, ou la barque est perdue.
Nous cour?mes immédiatement sur la rive. En effet, la glace se
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